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Le 11ème pilier du programme de Denis Mukwege, candidat Président de la République porte sur la Sécurité des journalistes et du journalisme. En effet explique Denis Mukwege, la presse nationale congolaise est en danger de disparition.

« Tous les indicateurs, tous les rapports publiés ces dernières années et tous les acteurs de la profession le confirment : la presse congolaise connaît une crise profonde aux effets désormais cumulatifs. Érosion continue du lectorat, déclin prolongé de la diffusion, réduction régulière du nombre de points de vente, diminution sensible du chiffre d’affaires des ventes, transfert significatif des recettes publicitaires vers d’autres supports dans un contexte de crise économique et de fragmentation de l’offre médiatique…, l’écosystème de la presse congolaise est engagé dans une spirale plus que préoccupante. »

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Cette situation a favorisé l’explosion d‘une nouvelle forme de journalisme, le journalisme citoyen ou engagé, avec toutes ses conséquences néfastes, vu qu’il n’existe quasiment aucune règlementation sur le numérique en République Démocratique du Congo.

Mukwege constate qu’il n’y a aucune démarcation entre le journaliste et la foule des communicateurs.

Au contraire, poursuit-il, le journaliste s’abaisse au niveau du communicateur non spécialisé qui vend par l’information ou la désinformation, en oubliant son devoir d’informer la société qui est, finalement, l’essence même de sa mission appelée à servir l’intérêt général.

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« Le journaliste, devenu chasseurs de « like » et de « followers », s’éloigne de plus en plus des règles déontologiques et de la morale publique qui devaient le différencier des communicateurs particuliers et sensationnalistes. Les dérives au sein de la presse accélèrent le délitement de la sphère médiatique colonisée par des travailleurs non-initiés à la pratique du métier. Les cinq dernières années font même ressortir la crainte de la disparition des médias classiques et professionnels congolais, avec la concurrence de l’internet, des médias internationaux ayant pignon sur rue dans le microcosme médiatique national (RFI, BBC, VOA, RTBF, JEUNE AFRIQUE, etc.) et l’invasion des fournisseurs des produits médiatiques (Canal+, Startimes, etc.) ».

Axe 1. Réformes structurelles de base pour la presse congolaise proposée par Mukwege

a. Une Loi portant abonnement d’Etat pour la Presse Nationale.

Compte tenu des graves limites du modèle économique actuel du fonctionnement de la presse en RDC et le besoin d’une réflexion stratégique d’ensemble sur ses missions et ses ressources, l’Etat doit s’engager, à tout prix, à travers des abonnements institutionnels, à faire accroître les recettes commerciales de la presse, à améliorer les indicateurs de rentabilité économique de la production médiatique nationale, et à participer à la modernisation de l’outil de production technique des organes de presse du pays, suggère le candidat et prix Nobel de la paix.

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b. Un nouveau périmètre économique pour la presse

Mukwege explique qu’il sera constitué des nouveaux « business models », dont la mission consistera à développer la valeur de la presse nationale autour de produits qui dépassent l’offre médiatique classique, pour ouvrir un champ économique plus vaste que celui du métier de base de la presse.

c. Diversification par l’enseignement à distance (radio ou Télé école & pages école comme rubrique de formation à distance), en partenariat avec les institutions de formation.

À considérer comme prélude à la constitution des organes de presse structurés autour de l’information, de l’éducation et la formation professionnelle.

d. La stratégie du « Bi-Presse ».

Il s’agit de réorganiser les activités de presse autour d’une marque commerciale, sans laisser tomber l’information générale et le divertissement. Sur base d’une convention de financement, la marque distribue gratuitement le journal dans ses installations, en permettant à la fois un gros tirage et un prix de vente sensiblement réduit.

e. Diversification du métier de la presse à travers le management des événements (colloques, symposiums, débats politiques et sociétaux, des conférences financières ou économiques, des événements sportifs, des manifestations foraines, des conférences internationales, etc.).

f. Construire un environnement économique propice et spécifique aux activités des entreprises de presse.

g Aide indirecte de l’Etat à la presse à travers les « Magasins hors taxes pour la Presse » (Magasin de la Presse) et les imprimeries d’Etat.

Les coûts d’impression deviennent des charges de plus en plus insoutenables pour la presse. En acceptant d’exploiter les rotatives d’Etat au prix de l’aide directe du Gouvernement à la presse, les journaux se retrouveront soulagés d’un bon tiers de leurs coûts industriels incompressibles.

h. Aide indirecte de l’Etat à la presse à travers un « Protocole d’Allègement des Charges de Télécommunications pour la Presse ».

Un « Décret du Premier Ministre portant mesure d’allègement des charges de Télécommunications pour la Presse » sera nécessaire.

i. Aide indirecte de l’Etat à la presse nationale à travers l’appui du gouvernement à la distribution des journaux.

Dans le cadre de la relance des activités postales, et pour limiter les coûts incompressibles de la presse nationale, la Poste pourra prendre en charge la distribution matinale des journaux.

j. Aide indirecte de l’Etat à la presse nationale à travers un « Régime d’Abattement Fiscal Particulier pour la Presse». Un « Décret du Premier Ministre portant abattement fiscal pour la Presse » devra être pris.

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k. Aide indirecte de l’Etat à la presse à travers une « Convention des Tarifs Spéciaux de Transport pour la Presse » (BusTaxi- Train-Avion-Bateau).

l. Aide indirecte de l’Etat à la presse à travers une « Plaque d’Immatriculation Presse », dans le cadre d’un « Régime des privilèges, des immunités et des facilités en faveur des professionnels de média », du dédouanement à la circulation ».

Bénéficiaires : Véhicules de service des organes de presse et véhicules automobiles des professionnels de média, en possession d’une carte de presse et justifiant d’une activité principale de deux ans comme journaliste professionnel.

Axe2. Une nouvelle économie de l’information pour sauver la presse nationale

Quelles nouvelles missions d’information et quelles caractéristiques économiques du bien informationnel pour jeter les bases de cette nouvelle économie de l’information ?

  • Être la source principale d’information et d’édification des citoyens, et provoquer des débats érudits, axés sur les solutions salutaires pratiques aux nombreux problèmes qui endeuillent la vie nationale ;
  • Se former aux techniques de gestion et de promotion de l’intelligence collective pour devenir l’instrument d’impulsion de cette culture ;
  • Créer, développer et pérenniser des coopérations intellectuelles et éthiques supérieures entre les personnes, les institutions et les organisations en vue d’asseoir et de favoriser des interactions intellectuelles de qualité avec le cadre de vie et ses ressources naturelles ;
  • Devenir spécialiste des problèmes de la société congolaise, de l’Afrique et du monde ;
  • Se comporter en modèle de patriote, en tant que gendarme de l’état de la société et chien de garde de libertés ;
  • Fonder la notoriété professionnelle sur l’intelligence remarquable des outputs médiatiques et une agilité rédactionnelle ou oratoire exceptionnelle ;
  • Construire la célébrité sur base de la droiture du comportement et un engagement professionnel exemplaire au service du bien commun.
  • Amener les responsables politiques, économiques, culturels et sociaux à faire dorénavant preuve de capacité de réflexion stratégique supérieure et exemplaire ;
  • Contraindre les élites politiques et économiques à se distinguer en aptitude de mise en action des initiatives et des projets éclairés, clairvoyants, constructifs et patriotiques ;
  • Pousser les gouvernants à être spécialement experts en problèmes et en développement socio-économique de la société. Qu’ils soient leaders parce qu’érudits. Qu’ils demeurent exemplaires sur le plan du respect des droits et des libertés.

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« S’interroger sur l’économie de la presse consiste à comprendre, d’une part, les mécanismes qui sous-tendent la production, les échanges et la distribution du bien informationnel ; et comprendre d’autre part, les modes d’appropriation de la valeur et analyser, notamment, les conséquences du financement sur la structure du secteur ou encore sur la nature des contenus ».

Axe 3. Des changements radicaux pour 2 objectifs majeurs :

1er Objectif : dépénaliser les délits de presse pour renforcer le serment éthique du journaliste, optimaliser son devoir de responsabilité et permettre à la démocratie congolaise d’accéder à sa maturité.

2ème Objectif : Le droit et la loi n’étant aucunement suffisants ni pour garantir une information fiable ni pour promouvoir l’excellence rédactionnelle, encore moins pour faire respecter l’éthique et la déontologie de la profession, il faut donc envisager la mise en place d’une instance d’autorégulation suffisamment fédératrice pour assurer l’autocontrôle inter-corporation, en toute responsabilité, dans la mesure où l’activité journalistique exige indépendance et liberté.

Les 12 projets de la nouvelle ère de la liberté de presse en RDC présentés par Mukwege

  • 1er projet : droit d’auteur pour les œuvres journalistiques ;
  • 2ème projet : réglementer les messages publicitaires ;
  • 3ème projet : Dépénaliser les délits de presse ;
  • 4ème projet : Revoir le statut juridique des médias publics ;
  • 5ème projet : Réparer l’absence d’une véritable autorégulation et d’une disposition portant sécurisation des emplois journalistiques ;
  • 6ème projet : garantir l’effectivité de l’aide directe et indirecte de l’Etat aux médias ;
  • 7ème projet : adopter un régime fiscal spécial pour la presse ;
  • 8ème projet : mettre en place un mécanisme spécial de distribution des médias libres ;
  • 9ème projet : corriger les lacunes de la Loi liées à l’absence de formation continue des journalistes et professionnels des médias par l’Etat ;
  • 10ème projet : Règlementer le fonctionnement des médias confessionnels, associatifs et communautaires ;
  • 11ème projet : promouvoir les médias scolaires ainsi que l’éducation par les médias
  • 12ème projet : réglementer les médias électroniques.

L’homme qui veut « réparer et soigner le Congo de fond en comble » a donc également son regard critique sur la presse nationale.

Pour l’instant, le Prix Nobel de la paix lance sa campagne électorale à Bukavu au Sud-Kivu ce samedi 25 novembre à la Place de l’Indépendance. Une occasion pour lui d’expliquer les grandes lignes de son programme visant à pacifier le pays, axé sur 3 grandes priorités. Il le résume en  « la fin de la guerre », « la fin de la faim », et « la fin des vices » répartis sur les 12 actions clés considérés comme des piliers. 

Claudine Kitumaini

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