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La Croix-Rouge a mobilisé 120 volontaires, qui s’activent depuis jeudi 4 mai dernier, dans la recherche des corps des victimes des inondations qui ont eu lieu à Bushushu et Nyamukubi, dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu.

Jusqu’à ce jour, ces derniers ont pu tirer 317 corps des décombres, qu’ils ont également enterrés. Ce mardi 9 mai 2023, il y avait encore une dizaine de corps qui restent à enterrer.

«Il y a aussi des corps qui ont été vus dans les décombres, mais dans en décomposition alors que certains membres du corps sont aussi coincés. Je vu le corps d’une femme dont la jambe était coincée dans les décombres, et les volontaires se demandent s’il faut couper la jambe ou comment. Ils essayent de trouver une solution parce que c’est un travail qu’ils savent faire,» déclare sur place, John Kashinzwe, Chargé de Communication à la Croix-Rouge Sud-Kivu.

A Bushushu où il est arrivé ce mardi, le Président provincial de la Croix-Rouge au Sud-Kivu, Désiré Yuma, a encouragé les volontaires qui selon lui, ont fait un grand travail, en commençant par dépêcher les blessés vers des structures sanitaires pour leur prise en charge, jusqu’à la recherche des corps dans les décombres, qu’ils ont pu désinfecter avant l’enterrement.

La mission conduite par le Président provincial de la Croix-Rouge est donc venue les organiser davantage et leur redonner le moral. «Nous avons aussi apporté certains matériels de surplus, avec la participation de notre partenaire, le CICR, qui est arrivé aussi sur place avec d’autres matériels,» affirme John Kashinzwe.

Malgré cette mobilisation, sur place, la situation reste affreuse. Les volontaires sont débordés, au vu de l’ampleur de la catastrophe. Selon la Société Civile, des milliers de disparus sont encore coincés dans les décombres.

«Même le matériel qu’ils ont est insuffisant. Ils essaient parce qu’ils sont formés à travailler avec le minimum, mais ce n’est pas suffisant. Nous faisons face à une difficulté d’accès. Vous avez vu le long de la route il y a là où on est passé même dans la rivière parce que le pont est coupé, et il est difficile d’acheminer les matériels. Sur la voie lacustre, même si on aurait un grand bateau pour dépêcher les matériels et autres éléments de secours, il n’y a pas d’endroit où il peut accoster. C’est pourquoi nous utilisons le petit bateau de notre partenaire, le CICR, mais il doit aussi faire plusieurs tours, et c’est très difficile,» explique la Croix-Rouge.

Les volontaires vont continuer la recherche des corps

Quoi qu’il en soit, la Croix-Rouge rassure que ses volontaires vont poursuivre les recherches, vu que près d’une semaine après le drame, il y a toujours des corps qui continuent d’être découverts.

«Vous voyez que la boue couvre la plupart des corps. Comme il est entrain de pleuvoir, la pluie emporte une partie de la boue, et les corps sont entrain d’apparaître progressivement. Et les volontaires vont certainement continuer, je ne sais pas jusqu’à quand, mais ils vont continuer,» rassure John Kashinzwe.

La délégation du Gouvernement central accompagnée du Gouverneur de province, qui s’est rendue à Nyamukubi et à Bushushu ce même mardi, a également encouragé les volontaires de la Croix-Rouge pour le travail qu’ils font.

Au centre de santé de Bushushu, qui prend en charge un peu plus de 50 blessés, le Gouverneur Théo Ngwabidje a annoncé que les sinistrés selon délocalisés à Lwako, une entité située à une dizaine de kilomètres, afin de préserver leurs vies en cas d’une autre éventuelle catastrophe.

Une délocalisation saluée par la Croix-Rouge, qui ajoute qu’il a également un risque d’une épidémie dans cette entité, si rien n’est fait dans l’urgence. Pour le Chargé de Communication de la Croix-Rouge, les habitants devraient être éloignés de ce site, afin qu’il soit désinfecté progressivement et reboisé.

«Vous voyez que les corps sont couverts par une coulée boueuse. Quand il pleut la pluie ramène cette boue vers le lac. Ça va donc remonter les corps qui sont dans les décombres à la surface, alors qu’ils sont déjà en décomposition. Raison pour laquelle nous pensons que ce site ici devrait être sécurisé et protégé, pour que les gens ne puissent pas l’envahir, au risque de maladies. Il y a un risque de choléra, parce que si tous ces corps en décomposition se déversent dans le lac, il sera pollué, alors qu’il y a des gens qui font la pêche dans ce même lac, et les habitants consomment de l’eau du lac parce que toutes les infrastructures d’eau ont été endommagées,» explique-t-il.

Un enterrement « sécurisé »

L’enterrement des victimes dans des fausses communes, décidé par les autorités locales et effectué par les équipes de la Croix-Rouge, a également été critiqué par plusieurs personnalités. Selon elles, le Gouvernement devrait se rassurer que les victimes soient enterrées « dignement ».

En réaction, la Croix-Rouge parle d’un enterrement « sécurisé ». Celle-ci explique que non seulement il n’y avait pas de morgue pour garder les corps, mais aussi, ces derniers sont sortis des décombres en état de décomposition, certains avec des membres coupés.

«Ces corps ne pouvaient attendre un seul jour de plus. Le temps qu’on dise qu’on va fabriquer des cercueils, on va fabriquer 317 pendant combien de temps ? C’est pourquoi nous, comme nous avons des spécialistes en enterrement digne et sécurisé parmi nos secouristes, ils ont fait la désinfection de ces corps, et ils les ont mis dans des sacs mortuaires, et d’autres dans des couvertures, de manière soignée, et ils les ont enterré. La sécurisation pour nous c’est le fait d’empêcher aux corps en décomposition de contaminer la population par la suite avec des maladies,» affirme John Kashinzwe.

Plus de 411 corps ont été repêchés des décombres et environ 5.000 personnes sont portées disparues à la suite de ce drame, selon un bilan provisoire dressé mardi par le Cadre de Concertation de la Société Civile de Kalehe. Près de 200 blessés sont pris en charge dans différentes structures sanitaires de Kalehe, alors que d’autres ont été évacuées vers Bukavu. Des dégâts matériels font état des milliers de maisons, y compris des écoles, églises, infrastructures d’eau et centres de santé emportées par les eaux.

Selon les humanitaires, les rescapés qui se sont orientés dans les familles d’accueil des villages voisins, notamment Muhongoza, Cibanja et Munanira, ont pour l’instant besoin d’assistance urgente en vivres, eau, articles ménagers essentiels et en abris.

Museza Cikuru

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