Accès Humanitaire

Les ressources minières du Sud-Kivu contribuent-elles au développement des Entités Territoriales Décentralisées (ETD) ? C’est la principale question à laquelle ont tenté de répondre ce samedi 21 août 2021, des acteurs intervenant dans le secteur minier, des membres des organisations de défense des droits humains, ainsi que des autorités provinciales, lors d’un café de presse organisé par l’Association des Femmes des Médias (AFEM), sur la problématique de l’exploitation minière et son impact sur la gouvernance locale et le social des habitats dans ces ETD.

A travers cette activité, AFEM dit avoir voulu permettre à ces différentes structures de réfléchir sur l’état de lieux de la gouvernance minière au Sud-Kivu, vis-à-vis du social de la population, en vue de dégager les stratégies pour l’amélioration de la gouvernance locale, à travers une participation inclusive des femmes et des jeunes.

Dans son mot, Julienne Baseke, Coordonnatrice de AFEM, affirme que son organisation veut également informer la population sur son rôle dans la gouvernance locale, la recherche de la paix, la participation citoyenne, la bonne gouvernance ainsi que la prévention des conflits.

«En effet, la République Démocratique du Congo en général et la province du Sud-Kivu en particulier, disposent des gisements importants des minéraux les plus importants, mais leurs potentiels restent faiblement utilisés pour réduire la pauvreté et pour booster le développement durable pendant que la perception des taxes, impôts et autres redevances minières demeurent inefficaces. Suite à cette situation qui est à la base des conflits entre la population et les entreprises minières qui sont actuellement enregistrés au Sud-Kivu, AFEM estime que l’Etat, la Société Civile et les secteurs privés devraient ensembles calculer l’impact de l’exploitation des ressources naturelles, identifier et évaluer des actions à mener et rendre public les recettes de recevabilité minière pour l’amélioration minière de la gouvernance locale,» affirme-t-elle.

Julienne Baseke affirme que la question du rôle de la femme dans la gouvernance minière, est au cœur des débats actuels sur le développement. Selon elle, il a été mainte fois prouvé que la participation équitable des femmes à la vie publique, est une condition de la croissance économique, du progrès social et constitue le moteur même de développement économique durable.

«En outre, les secteurs miniers se caractérisent par une corruption, et une fraude généralisée à tous les niveaux. Une quantité significative des ressources minérales est exploitée de manière informelle et exportée illicitement; pendant que les profits servent à agrandir des poches d’une élite peu nombreuse, mais puissante, qui exploite l’abondance des ressources naturelles à des fins d’enrichissements personnels,» regrette-t-elle.

«Les ressources minières ne bénéficient pas aux ETD»

Prenant la parole, Philippe Masudi, Chargé des Programmes de l’organisation Justice Pour Tous (JPT), estime que les ressources minières que dispose le Sud-Kivu, ne bénéficient pas aux ETD. Pour lui, le constat fait est qu’il y a beaucoup d’exploitants dans les carrières minières, sans même des cartes d’exploitants, et d’autres qui exploitent sans laisser la redevance au niveau local.

«La province devrait recevoir 25 pourcent des redevances minières et les ETD 15%. Et ce 15% doit contribuer au financement des infrastructures de base d’intérêt communautaire et assurer leur développement, mais chose qui ne pas toujours faite. La contribution des minerais dans la province du Sud-Kivu est faible. C’est pourquoi il faut vulgariser le code minier révisé; car dans ce code il y a beaucoup des dispositions qui donnent la possibilité à la commune locale impactée par l’exploitation minière de se retrouver; par rapport à l’exploitation minière artisanale et industrielle,» affirme-t-il.

Philippe Masudi plaide pour l’accompagnement des animateurs des entités territoriales décentralisées qui doivent percevoir ces 15%, mais qui selon lui, n’ont pas été préparés à la gestion efficace et efficience de cette redevance minière. 

«Fin de la corruption… pour le développement»

De son coté, Eric Kajemba de l’ONG Observatoire, Gouvernance et Paix, croit savoir pourquoi ces ressources minières ne profitent pas aux ETD. Selon lui, les ressources minières contribueraient à plus de 30% du PIB de la RDC, mais il y a «beaucoup de désordre» dans ce domaine. Ce qui selon lui, sème la confusion dans l’exploitation, à travers notamment des taxes «illégales» et des tracasseries.

«Le Sud-Kivu est majoritairement artisanal. Il faut accélérer les mécanismes légaux d’exploitations minières dans les sites miniers. Il y a aussi des défis liés à la fiscalité. Il y a la perception illégale des taxes et la corruption,» fustige Eric Kajemba.

Jean-Chrysostome Kijana, Président national de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile, fustige quant à lui le manque de transparence dans la gestion des ressources minières. Celui-ci affirme que les différentes organisations doivent renforcer des plaidoyers, «pour que les choses changent» en vue du développement de ces entités.

«Il est clair que les communautés locales ne bénéficient pas de toutes les ressources minières qui sont exploitées dans leurs entités. Par conséquent, il est très souhaitable que les choses puissent être changées. Et nous comme Société Civile nous avons pris l’engagement de continuer à mener des plaidoyers dans tous les sens et auprès de tous les responsables à tous les niveaux; que ça soit au niveau central que provincial mais aussi au niveau local. Pour que les communautés puissent palper de leurs doigts le développement,» affirme-t-il.

Pour la vulgarisation du Code minier

Lors de ces assises, le Conseiller du Gouverneur du Sud-Kivu en matière des Mines, Safanto Bulongo, a rassuré que des efforts sont entrain d’être fournis par l’autorité provinciale pour mettre fin au désordre dans ce secteur.

«Pour les minerais produits artisanalement, il y a pas de redevance minière, ni la quotité et encore moins la taxe sur étalage des minerais autre que de l’or. Nous avons aussi un autre problème, c’est celui des agents non-payés par le gouvernement. Nous avons 1.200 agents à la Division des mines; mais 40 seulement sont payés par l’Etat congolais. Et le gouvernement provincial n’a même pas compétence de remplacer un Chef de division. Il faut reconnaitre les efforts qui sont en train d’être menés par le Gouverneur de province; pour limiter le désordre et les tracasseries dans les sites miniers,» soutient-il.

Avant la clôture de cette activité, les différents intervenants ont insisté sur la vulgarisation du Code minier, et sa traduction dans les langues locales du Sud-Kivu, tout en appelant le Gouvernement à renforcer sa vigilance dans la règlementation de l’exploitation minière, pour que ces redevances contribuent au développement des entités territoriales décentralisées.

Signalons que ce café de presse a été organisé par AFEM, dans le cadre de son projet d’actions de promotion de la paix et de la bonne gouvernance à travers les médias, en partenariat avec la Synergie des médias d’Uvira-Fizi (SYMUF), grâce à l’appui financier de la Direction du Développement et de la Coopération Suisse (DDC).

Abiud Olinde

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Un commentaire

  1. Merci de voir qu’il ya des gens qui sont soucieux de voir le sud Kivu immergé.je vous courage à l’AFEM,le groupe de Jean chrisostome kijana..kajemba et d’autres même à Olive Mudekereza .Chers plaidoyers,Combattez fort, bousculer plus fort, basculer même certains tables des dinosaures de nos ressources qui peinent notre Province et font semblant d’une bonne gouvernance or sont des pilleurs en coulisses et des promesses illimitées de développement de nos milliers ruraux ou Urbains.je me pose la question de savoir si notre Province et pauvre ou pas…Nous avons besoin de voir le développement à tous le niveau …merci.

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