Accès Humanitaire

169 cas des violations des droits humains répertoriés entre le mois de Novembre 2023 en Avril 2024 dans la ville de Bukavu, à Nyangezi dans le territoire de Walungu, Minova dans le Kalehe ou encore Sange et Luvungi dans le territoire d’Uvira au Sud-Kivu.

 

Ce sont les données fournies par l’Association des Femmes des Médias (AFEM) dans son traditionnel Feuillet d’Informations sur les cas d’incidents d’insécurité, tueries des femmes accusées de sorcières et autres formes des violences basées sur le genre autour du projet « promotion des droits des femmes au Sud-Kivu ».

 

Lire aussi : Sud- Kivu: 15 femmes tuées par la justice populaire depuis le début de l’année (AFEM)

 

Ces données sont réparties dans des cas des accusations sorcières à l’égard des femmes, des cas des violences sexuelles, domestiques, des cas des vols et pillages des biens, des enlèvements et des tueries.

 

Selon ces données, 30 cas de violences sexuelles dont 9 cas sur mineures ont été rapportés.

 

Le groupement de Kalonge dans le territoire de Kalehe vient en tête avec à lui seul  11 cas des viols des femmes et des jeunes filles. 7 cas ont été rapportés à Luvungi, 6 dans certains quartiers de Bukavu, 3 à Sange et 2 à Nyangezi et à Miti-Murhesa au cours de ces 6 mois.

 

Par ailleurs, 41 cas des violences domestiques ont été documentés dont 11 à Bukavu, 9 à Luvungi, 8 à Nyangezi, 7 à Sange et 6 à Kalonge.Nelly Adidja, Chargée de ce projet à AFEM

 

Parmi ces cas, on note 25 femmes battues par leurs maris, 10 cas des femmes chassées du toit conjugal et 6 cas de violences économiques.

 

Au cours de cette période de six mois, 60 cas de femmes accusées de sorcellerie ont été rapportés.

 

Pour ces accusations, 7 femmes ont été tuées notamment une à Miti, 2 femmes à Nyamutiri, une tuée à Ciherano, 1 cas à Kalonge, 1 femme tuée à Bagira et 1 autre cas à Sange.

 

41 cas de violences domestiques ont été documentés dont 11 à Bukavu, 9 à Luvungi, 8 cas à Nyangezi (Walungu), 7 cas à Sange et 6 à Kalonge.

 

Parmi ces cas, il y a 25 cas des femmes battues par leurs maris, 10 cas des femmes chassées du toit conjugal et 6 cas de violences économiques (cas des femmes empêchées de travailler et autres cas de dénis des ressources et d’opportunités).

 

Divers acteurs sont cités comme auteurs de ces violations contre les droits des femmes et des fils. Il s’agit notamment des membres des services de défense et de sécurité, des membres des groupes armés, les conjoints, des pasteurs, etc.

 

« De 2021 jusqu’à ce jour, AFEM a documenté au moins 36 cas de femmes lynchées et brûlées vives notamment à Sange, Luvungi, Ciherano, Kalonge, Nyangezi, Mubumbano, Minova et Kabare. Entre-temps, une centaine des cas ayant échappé de justesse à la justice populaire vivent en errance loin de leurs villages craignant les représailles des jeunes en colère. Pour la seule période allant de novembre 2023 à avril 2024, 60 cas des femmes accusées de sorcellerie dont 7 femmes tuées notamment une femme tuée à Miti, 2 femmes à Nyamutiri (Plaine de la Ruzizi), une tuée à Ciherano, un cas à Kalonge, une femme tuée à Bagira (Bukavu) et un autre cas à Sange », dit Nelly Adidja, Chargée de ce projet à AFEM.

 

Des recommandations de AFEM

 

L’organisation AFEM recommande aux autorités politico administratives et judiciaires de prendre des mesures de protection pour les victimes des accusations sorcières, d’organiser des audiences foraines afin de punir les auteurs des accusations sorcières et autres actes criminels, d’interdire la production, l’importation et la commercialisation des boissons fortement alcoolisées dont la consommation plonge la jeunesse dans une inconscience totale allant jusqu’aux actes inhumains dans les cas de justice populaire.

 

AFEM recommande de lutter contre l’impunité pour tout cas de violences faites à la femme, enquêter. Identifier et arrêter les présumés auteurs des enlèvements liés aux accusations de sorcellerie

 

De fermer les chambres de prières et maisons d’invocation qui versent dans les dérives liées aux accusations de sorcellerie, décourager la population à fréquenter les chambres des prières, prendre des mesures contraignantes allant à la fermeture de toutes les maisons et chambres de prière qui font l’apologie de la sorcellerie et fausses prophéties conduisant à des violences à l’égard de la femme et la fille

 

L’organisation recommande d’instruire aux services à la base, la police et d’autres services de sécurité à jouer pleinement leur rôle pour se rassurer de la protection de la femme et de la fille surtout lorsqu’elles sont victimes de la colère des jeunes dans des cas de justice populaire pour sauver leurs vies: Vulgariser et appliquer l’Edit Provincial Interdisant le recours à la justice populaire et d’autres instruments juridiques qui protègent et promeuvent les droits humains particulièrement des femmes et filles:

 

Parmi les recommandations, AFEM préconise d’intensifier les sensibilisations à travers vos causeries et dans le cadre de votre travail pour montrer à la communauté les conséquences de recourir à des cas de justice populaire en s’appuyant sur l’édit portant interdiction du recours à la justice populaire et autres instruments juridiques.

 

Soutenir les efforts des organisations non gouvernementales qui travaillent dans la défense des droits des femmes et spécifiquement sur cette problématique relative aux accusations sorcières dont victimes les femmes et filles dans ta ville de Bukavu et travers la province du Sud Kivu:

 

D’interpeller les cas de dérapages et d’inaction de certains détenteurs d’obligation de protection qui favorisent l’impunité

 

Aux autorités en charge de la sécurité et décentralisation, Forces de sécurité, PNC. FARDC), l’Association des Femmes des Médias recommande  d’éradiquer les groupes armés en vue de restaurer la paix et la sécurité dans la Province du Sud-Kivu. De prendre des mesures de protection pour garantir la sécurité des personnes et de leurs biens, sensibiliser la population, les militaires et les policiers et leurs dépendants à ne pas recourir aux pratiques de sorcellerie

 

Aux autorités coutumières et religieuses, AFEM recommande d’instruire les hommes, et les parents à assurer non seulement la scolarité des filles mais également leur maintien à l’école, d’impliquer les femmes dans la gestion de l’entité telle que les villages et sous villages en vue de contribuer à la recherche et le maintien de la paix. Adapter les normes coutumières rétrogrades aux lois qui promeuvent les droits des femmes. Adapter certaines normes religieuses rétrogrades aux lois qui promeuvent les droits des femmes.

 

Aux Organisations Non-Gouvernementales

 

AFEM recommande d’intensifier les sensibilisations des membres de la communauté sur le rôle des femmes dans le processus de paix et de sécurité, dénoncer des cas de violences sexuelles dont sont victimes les femmes, Organiser régulièrement des séances de renforcement des capacités à l’intention des femmes dans différents domaines pour accroître leur participation à la gestion de la chose publique.

 

Aux médias

 

AFEM recommande d’intégrer dans leurs programmes les messages de sensibilisation pour la réduction des violences sexuelles et basées sur le genre, inciter les autorités à éradiquer les groupes armés qui sont à la base de tueries, vol. viol, pillages, extorsions des biens des paisibles citoyens.

 

 Lire aussi : Sud-Kivu : AFEM documente 437 cas de VSBG en 8 mois

 

L’organisation recommande d’inciter les autorités à réguler des églises et pratiques coutumières sur la sorcellerie Faire un matraquage médiatique pour la promulgation de l’édit portant interdiction du recours à la justice populaire.

 

 A la Société civile

 

AFEM recommande de mener un plaidoyer auprès des autorités politiques et celles en charge de la sécurité pour la restauration de la paix, de sensibiliser les groupes armés locaux à adhérer au programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation pour le Sud-Kivu, (P-DDRC-S) faire participer équitablement les femmes à tous les processus de production pour élever haut leurs voix et leur permettre de prouver leurs compétences pour contribuer au développement de la communauté

 

Mener des plaidoyers auprès des autorités judiciaires pour la poursuite des infractions qui découlent des accusations de sorcellerie.

 

Sensibiliser et conscientiser pour lutter contre la justice populaire

 

Faire un état de lieux du niveau d’exécution de l’Edit sur la répression de la justice populaire Mener un plaidoyer auprès des autorités sur la fermeture des chambres de prière qui brise la cohésion, sensibiliser les communautés sur la lutte contre les fausses croyances et prophéties, mener les études assorties des recommandations opérationnelles sur la problématique de la sorcellerie

 

Organiser des conférences sur la problématique de la sorcellerie et ses effets néfastes sur la paix et la cohésion sociale avec la participation des chefs coutumiers et des chefs religieux.

 

A l’Assemblée Provinciale, AFEM recommande de sensibiliser la population sur les méfaits des pratiques de sorcellerie et de la justice populaire.

 

Signalons que ce projet initié par AFEM est appuyé par la coopération internationale Allemande pour le développement GIZ depuis 2020.

 

Vinciane Ntabala

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