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Le débat sur la perception de la taxe RAM en République Démocratique du Congo continue à défrayer la chronique. Au Sud-Kivu, c’est le mouvement citoyen Lutte pour le Change (Lucha) qui à son tour, a choisi le chemin de la rue pour exiger la suppression « pure et simple » de cette taxe, qu’elle qualifie d’une « escroquerie ».

A travers une marche organisée ce jeudi 7 octobre 2021 à Bukavu, ce mouvement citoyen a rappelé que cela fait plus d’une année depuis que le peuple congolais est «victime d’un vol systématique»,  par le Ministère des Postes et Télécommunications, à travers la mise en place de la taxe sur le Registre des Appareils Mobiles (RAM).

Partie de la place Muzihirwa jusqu’à l’Assemblée provinciale, en passant par la mairie de Bukavu, cette marche s’est clôturée par le dépôt d’un mémorandum au Bureau de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu.

Dans son mémo, la Lucha note que la taxe RAM consiste à soutirer « sans consentement » des unités téléphoniques des utilisateurs, « sans aucun soubassement ni base légale », encore moins une quelconque contrepartie.

«Avec toutes les conséquences que cela a sur la vie de la pauvre population dont le niveau de vie reste bien en dessous de la moyenne, l’Etat congolais s’est révélé de plus en plus prédateur de sa propre population. Pour preuve, le ministre Kibasa Maliba n’a lui-même pas été capable d’expliquer aux représentants du peuple le pourquoi de cette perception illégale,» fait observer la Lucha.

A l’instar des députés nationaux, la Lucha à travers son mémorandum pose des questions au ministre de PNTIC :

  1. Si RAM permet de réduire la contrefaçon, à quoi sert l’Office Congolais de Contrôle ?
  2. Si RAM ne permet que l’enregistrement des téléphones, pourquoi le fera-t-on de manière continue ? Pourquoi doit-on payer 2,3,5,10 fois pour enregistrer un même téléphone ?
  3. Et si RAM c’est seulement des frais de prestation des agents œuvrant dans ce domaine, pourquoi obliger la population à payer un service dont elle n’a pas besoin ?

Compte tenu de cette situation, la Lucha rappelle au ministre de PNTIC que, cette taxe ou rémunération ne figure nulle part dans la nomenclature des droits taxes et redevances de ce Ministère, ni même dans la récente proposition du budget déposée à l’Assemblée Nationale.

«Comment veut-on faire payer une pauvre femme de Kabikokole, de Bijombo, de Katasomwa ou encore celle de Nindja et d’ailleurs, ses unités trouvées dans la plus grande souffrance pour le WIFI de ceux qui ont la possibilité de s’en procurer ? Ces universités ne peuvent-elles pas être capables de s’organiser pour avoir du Wifi ? » demande la Lucha, avant de conclure « Non, c’est du vol et rien que du vol. Ça doit cesser ».

A part la suppression pure et simple de la taxe RAM, la Lucha exige également la démission du ministre Kibassa Maliba, et son déferrement devant les instances judiciaires pour « détournement ».

Le mouvement citoyen exige aussi la mise en place d’une Commission de Contrôle devant enquêter sur la gestion des fonds déjà perçus dans le cadre du RAM et leur destination, ainsi que la restitution de tous les crédits « volés, extorqués »  par des maisons de téléphonie sur ordre du ministre des TNTIC.

Elle en a profité pour appeler la population à « la résistance   pour dire non à cette nouvelle « arnaque »

Au nom de l’assemblée provinciale, le député Amani Kamanda, son Rapporteur, qui a réceptionné le mémorandum, a félicité les militants de la Lucha pour l’initiative et le caractère pacifique de leur manifestation. Il a promis de transmettre ce mémorandum au caucus des députés nationaux du Sud-Kivu à Kinshasa, qui ont le rôle de contrôler le Gouvernement central, pour que des démarches soient menées pour la suppression de cette taxe.

Bertin Bulonza

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