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Corruption, détournement des salaires des agents depuis 2013, agents fictifs, le détournement des fonds des projets et d’investissement, clientélisme… Des chercheurs de l’Observatoire Volcanologique de Goma, expliquent au Président Félix Tshisekedi, pourquoi cette institution a été incapable de prédire l’éruption du volcan Nyiragongo le 22 mai 2021.

Mémorandum des chercheurs de l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) adressé à son Excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo

Excellence Monsieur le Président de la République ;

Nous, chercheurs de l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) sommes honorés par votre visite, qui on espère, aidera à résoudre une fois pour tous les différents problèmes qui font que l’OVG ne remplisse plus correctement sa mission de surveillance des volcans Nyiragongo et Nyamulagira, des gaz du Lac Kivu et les risques y relatifs.

En effet, l’inefficacité de l’OVG que notre Nation et le Monde entier ont pu constater à travers l’éruption non prédite du volcan Nyiragongo de ce 22 mai 2021 a été décriée et dénoncée par les agents de l’OVG depuis 2016. La corruption, le détournement des salaires des agents depuis 2013, un pléthore voulu et nourri des agents fictifs, le détournement des fonds des projets à hauteur de millions de dollars, le détournement des fonds d’investissement alloués par le gouvernement National, le clientélisme, la prise en otage de l’OVG par un petit groupe de scientifiques néocolonialistes, les choix des incompétents parmi nos chercheurs pour diriger l’OVG et ce, sans aucun respects pour notre loi cadre sont les raisons qui ont fait que notre chère observatoire soit dans l’incapacité d’accomplir correctement sa mission.

Excellence Monsieur le Président de la République ;

Au vu des conditions d’insécurité dans lesquelles nous travaillons (nos véhicules ont mainte fois été attaqués par des coupeurs de route de sorte qu’un de nos agents porte encore une balle dans son corps, deux des sentinelles de nos stations étaient kidnappées, dont l’une avait été décapitée et l’autre relâchée après avoir versé une rançon), et des terrain à haut risque (des fractures profondes et hautes, exposition permanente aux gaz volcaniques et du Lac Kivu, risque de noyade,…) ; le Ministère de tutelle nous avait octroyé en 2012 une prime de risques et de brousse. Notre salaire, incluant le salaire de base et la prime de risque, était alors équivalent à celui de nos collègues du Co missariat Général à l’Énergie Atomique, du Centre Régional d’Études Nucléaires de Kinshasa (CGEA/CREN-K). Malheureusement, nous n’avons pas touché tout ce salaire parce qu’une grande partie était détournée et justifiée comme ayant servi à payer des Professeurs encadreurs que nous n’avons jamais vu à l’OVG, et la petite partie qui avait réellement servi à payer nos salaires pendant quelques mois était vite émiettée pour construire un bâtiment de l’OVG, comme l’avait dit l’ancien DG de l’OVG au Caucus des Honorables députés du Nord-kivu et sous PV au Parquet de grande instance de Goma. Nous vous prions de vous impliquer pour que nos salaires nous soient restitués au barème actuel de nos collèges du CGEA/CREN-K.

Excellence Monsieur le Président de la République ;

Le détournement est perçu comme une valeur à l’OVG, c’est le cas des fonds d’investissements reçus à plusieurs reprises du gouvernement national et dont le montant sorti à chaque fois, était compris entre 200 et 400 milles dollars américains. L’argent était officiellement décaissé pour l’achat d’équipements, achat de véhicules, mais l’OVG accuse toujours un manque criant d’équipements, Ceux existant de même que tous nos véhicules sont soit des dons, soit achetés par des partenaires bien identifiés. Bien plus, l’OVG a reçu des millions de dollars à travers des projets dont les traces peinent à être vues.

Il s’agit principalement des projets de l’Union Européenne (3 millions d’euros), de la Coopération Suisse (250.000 euros), de la Banque Mondiale (3 millions d’euros), Great Virunga Transboundary Collaboration (GVTC), Lake Kivu Monitoring Program (LKMP), … dédiés à améliorer les capacités de l’OVG à surveiller les volcans Nyiragongo et Nyamulagira, et le lac Kivu. La grosse part des fonds de ces projets a été détournée, des rubriques entières prévues comme la sensibilisation des populations pour un comportement adéquat lors des catastrophes naturelles, la formation des chercheurs (maîtrises et doctorats dans le domaine de la volcanologie et sismologie), l’achat de l’équipement, l’appui à la recherche et bien d’autres n’ont jamais été réalisées. Bref, des projets colossaux qui n’ont aucunement pas amélioré les capacités de l’OVG à surveiller les volcans et le Lac Kivu, mais à remplir les poches des autorités et mettre l’OVG à genoux. Nous vous prions, Excellence Monsieur le Président de la République, de vous impliquer pour que l’Inspection Générale des Finances (IGF) puisse se saisir de ce dossier pour dégager les responsabilités dans la mégestion de ces différents fonds.

Excellence Monsieur le Président de la République ;

Depuis que l’OVG a été élevé au rang de centre de recherche autonome en 2009, des partenaires étrangers l’ont pris en otage en complicité avec ses différents comités de gestion qui sont leurs caisses de résonnance au niveau local. Ces partenaires y ont exécuté un certain nombre de projets qui malheureusement n’ont jamais eu des objectifs d’améliorer les capacités de l’OVG à surveiller les volcans actifs des Virunga et le Lac Kivu. C’est le cas par exemple, des chercheurs Belges du Musée Royal de l’Afrique Centrale (MRAC) et du Centre Européen de Géodynamique et de Sismologie, qui sont regroupés en un consortium dont l’objectif n’a rien à voir avec l’amélioration des capacités de l’OVG. Ne disposant pas eux même de capacités dans le domaine de la volcanologie, ces chercheurs belges dirigent l’OVG à travers les deux comités de gestion que nous avons déjà eus et dont ils influencent la nomination au niveau de Kinshasa.

En d’autres termes, personnes ne peut devenir membre du comité de gestion de l’OVG sans leur accord. En retour, les comités de gestions qu’ils installent à l’OVG protègent les intérêts de ces belges, et c’est ainsi que toutes les données scientifiques de l’OVG (séismologie et GPS) sont envoyées en Europe en temps réel, et l’OVG doit alors payer l’internet pour les faire revenir de d’Europe pour Goma. Par faute de moyens pour payer l’internet, l’OVG a fait six mois sans données alors que ces mêmes données étaient envoyées à temps réels en Belgique, et il a fallu qu’un autre partenaire vienne payer pour nous l’internet pour que nous puissions voir nos données revenir de l’Europe pour Goma.

Après une forte pression, ces belges ont récemment fourni une formation à quelques chercheurs de l’OVG, mais comme on s’y attendait ; c’est des formations de façade avec des parcours atypiques qui ne répondent en rien au besoin de l’OVG. Ainsi, les chercheurs formés par cette équipe ne sont en mesure de traiter ni les données sismiques, ni les données GPS ou ultrasons que cette même équipe collecte dans les Virunga, pour la simple raison que cette équipe n’en a pas elle-même de compétence, mais aussi et surtout parce qu’elle considère l’OVG comme un mbanda (un concurrent) qu’il ne faut surtout pas laisser devenir indépendant. Ils font tout pour garder l’OVG à genoux, car notre félicité mettrait assurément fin à leur rôle d’experts et d’assistant techniques, et leur priverait des millions d’euros qu’ils empochent à la place de l’OVG.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Tout ce qui est signalé plus haut a été dénoncé auprès des autorités provinciales et nationales qui malheureusement, n’ont rien fait pour sauver l’OVG de sè noyade. A la place, elles ont laissé le comité de gestion se comporter en véritable tyran, procédant à des arrestations et incarcérations arbitraires jusqu’à deux semaines à la prison centrale Munzenze de Goma et à l’ANR des agents ayant osé dénoncer les bavures du comité de gestion de l’OVG. Certains collègues se sont vu enlever des listings et ont passé jusqu’à 36 mois sans salaire, un autre collègue a été abusivement révoqué après que le comité de gestion l’ait faussement accusé de viol sur une collègue.

Le collègue qui est président du comité de base de notre syndicat reste toujours sur la rue malgré que le Parquet Général de Goma l’ait déclaré innocent depuis décembre 2018, et ce en complicité avec le nouveau comité de gestion de l’OVG, le Secrétaire Général à la Recherche Scientifique et le Ministère de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique. Tous ces problèmes avaient conduit le gouvernement central à envoyer son Excellence Monsieur Me José MPANDA, Ministre de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique en mission à Goma pour résoudre les problèmes de l’OVG.

Dans une plénière à I’ÔVG, les agents avaient signifié au Ministre les bavures dù comité de gestion et ce, preuve à l’appui ; et ont demandé que son Excellence leur donne un nouveau comité de gestion et défère les membres de l’ancien comité devant la justice, conformément aux lois de notre Pays. A la place, son Excellence Monsieur le Ministre, qui est avocat de surcroit, a simplement remplacé le Directeur Général par un autre de sa clique et plus incompétent, et laissé en place le Directeur Scientifique dont l’incompétence était décriée depuis des années et son départ réclamé dans nos différents memos. Aucun de nos problèmes pour lesquels le ministre et une forte délégation était diligenté à l’OVG n’a été résolu. Il a juste opéré un changement de façade en plaçant à la tête de l’Institution un incompétent qui ne comprend rien aux phénomènes  géologiques et le volcanisme en particulier, et qui, à l’allure où vont les choses, va enterrer complètement l’OVG, un patrimoine de la RDC qu’il vient d’ailleurs de céder aux Belges.

Excellence Monsieur le Président de la République ;

La récente éruption du volcan Nyiragongo aurait pu être prédite par les chercheurs de l’OVG n’eut été tous les problèmes cités plus haut et en particulier l’incompétence du comité de gestion de l’OVG et l’ombre néocolonial des « partenaires » belges du Musée de Tervuren. En effet, à cause de la mégestion installé à l’OVG par les officines de Kinshasa, les chercheurs se sont retrouvés sans données scientifiques pour surveiller les volcans, pendant que nos données fétiches de la séismologie et GPS sont envoyé à temps réel en Belgique et sans retour à Goma par manque d’internet. Après que d’autres partenaires aient payé l’internet pour l’OVG, les scientifiques ont traités les données et ces dernières ont révélées une anomalie sismique qui a été signalé au comité de gestion, spécialement dans les réunions du 26 avril et 10 mai 2021.

Au lieu de mettre en place une procédure de suivi de très près de l’activité et de signaler cette  anomalie à l’autorité provinciale et nationale, les Directions Scientifique et Générale de l’OVG ont préférées se référer aux interprétations des paternalistes belges du Musée de Tervuren. Pire encore, juste après le début de l’éruption du 22/05/2021, le Directeur Général de l’OVG a remis la coordination de la riposte à Monsieur François Kervyn du Musée de Tervuren qui organise chaque jour des réunions en ligne, réunions dans lesquelles ressortent tous les fameux « Communiqués de l’Observatoire Volcanologique de Goma et ses partenaires scientifiques », dont le contenu principal est préparé à l’avance par les belges. Seuls les chefs des départements, les Directeurs Scientifique et Général de l’OVG y étaient conviés, mais certains de ce staff de l’OVG n’y participent plus.

Toutes les grandes mesures qui ont guidé le gouvernement ont été prises dans ces réunions, et n’ont jamais été discutées par les scientifiques de l’OVG. C’est comme ça que, sur base des informations issues de ces fameuses réunions pilotées par le Musée de Tervuren, le gouvernement central avait annoncé une éruption du Nyamulagira le dimanche 29 mai 2021, l’OVG n’ayant jamais donnée cette  information.

Excellence Monsieur le Président de la République ;

La sécurité et la survie des habitants de la ville de Goma, ies villages environnants et même ceux de la sous-région dépendent de la qualité des services que rend l’OVG, une institution stratégique du gouvernement aux portées régionales et internationales et dont la gestion doit être efficace et responsable. Il est grand temps de stopper la descente aux enfers de cette institution, de prendre des mesures permettant de relancer et redynamiser les activités de recherche et de surveillance des volcans Nyiragongo et Nyamulagira et le Lac Kivu à l’OVG, en panne depuis quelques années.

Pour ce faire, les chercheurs de l’OVG réitèrent les recommandations ci-après, déjà proposées au Ministère de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique
  1. Restituer la totalité des salaires et prime de risque de chercheurs, détournés depuis

2013, en l’adaptant au barème du CGEA/CREN-K, et remettre dans ses droits, notre collègue illégalement révoqué pour avoir dénoncer la mégestion à l’OVG. Protéger nos agents qui ont pris le courage de dénoncer les abus des différents comités de gestion et de leurs complices.

  1. Doter l’Observatoire Volcanologique de Goma d’un Comité de Gestion, dont les membres, surtout les Directeurs Général et Scientifiques ont des compétences nécessaires pour permettre à l’institution de s’acquitter correctement de ses responsabilités. Le DAF devrait également avoir une maitrise des principes directeurs de l’Administration.
  2. Doter l’OVG d’équipements pour renforcer le réseau de surveillance des volcans (séismologie, GPS, géochimie) et pour la surveillance de la stabilité du Lac Kivu. S’assurer que les fonds alloués à l’OVG par les gouvernements ne soient plus détournés, et qu’ils servent aux activités de surveillance.

  1. La formation des chercheurs à des niveaux de masters et doctorat dans les domaines clés (séismologie, géochimie, géophysique, géodésie, technique, et gestion des risques), dans des vraies écoles réputées dans ces domaines.
  2. Mettre fin au néocolonialisme scientifique du Musée de Tervuren, et assurer une indépendance scientifique et technique de l’OVG vis-à-vis de tout paternaliste. Ouvrir plutôt l’OVG à des partenariats gagnant-gagnant, surtout avec d’autres observatoires volcanologiques de par le monde.
  3. Diligenter un audit sérieux à l’OVG par l’Inspection Générale des Finances (IGF) pour dégager les responsabilités dans la mégestion ; transférer à l’auditorat militaire de Goma l’Instruction judiciaire « RI 575/PG/PAT » ouvert au Parquet Général de Goma, et que les responsables soient punis conformément à la loi.
  4. Diligenter un contrôle physique sérieux du personnel de l’OVG pour déceler les fictifs qui sont des dépenses inutiles pour l’Etat Congolais.

Espérant que votre idéologie, « le peuple d’abord » va vous inspirer lors de l’analyse de ce document, nous vous prions d’agréer, Excellence le Chef de l’Etat, l’expression de nos sentiments de détresse.

Fait à Goma, le 02 juin 2021

ZIRIRANE BIJANDWA Innocent

Délégué Syndical Principal

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