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La célèbre maison close « chez Demta » sur Essence Major-Vangu est-elle en voie de fermer ses portes ? En tout cas, tous les signaux les confirment alors que le propriétaire de la parcelle  a rendu l’âme, laissant place à des tensions entre membres des familles.

Chez « Demta », l’acronyme de la célèbre première femme de joie qui a occupé la maison est devenu un lieu symbolique pour des citoyens de Bukavu et des visiteurs. De nombreux témoignages disent que « Demta » était très habile et recevait beaucoup de « clients » par jour.

De nombreuses femmes de joie offraient leurs services à moindres coûts suscitant l’engouement des jeunes, particulièrement dans une société très conservatrice où le sexe était encore un sujet tabou.

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Pour l’instant, « Chez Demta » n’offre plus un service optimal après la disparition du propriétaire de la parcelle qui hébergeait la célèbre maison close. Des héritiers veulent visiblement l’occuper pour autre chose.

Un service minimum continue à s’offrir sur place par certaines femmes alors que d’autres femmes ont trouvé refuge dans des maisons moins populaires par rapport à celle qu’elles occupaient avant.

Sur Essence comme à Bukavu, le sujet fait débat dans une société où les maisons closes sont très peu organisées.

Contrôler et professionnaliser les maisons closes ?

 « Chez Demta » fait partie de l’histoire de Bukavu. D’autres maisons et endroits sont populaires et fréquentés mais l’Etat semble ne pas avoir de contrôle.

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 Pourtant, dans d’autres pays comme aux Pays-Bas, les maisons closes sont organisées et peuvent générer des ressources pour l’Etat.

Pareils espaces peuvent devenir un danger de santé publique si l’Etat n’y met pas un contrôle rigoureux et systématique.

Dans une ville où le VIH et d’autres maladies sexuellement transmissibles circulent de plus en plus, les services de Santé devraient à tout prix y avoir un œil.

C’est d’ailleurs ce que propose le jeune Wilondja, habitant de « Essence ».

« Nous pensons qu’il faut que l’Etat organise les maisons closes parce qu’elles servent à beaucoup de personnes et font vivre des personnes qui y travaillent. Il faut que l’Etat organise un dépistage mensuel dans ces maisons pour éviter que les jeunes qui veulent s’y reposer ne soient victimes d’infections mortelles. C’est le rôle de l’Etat. Fermer ne sert à rien parce qu’il y aura d’autres maisons incontrôlées qui peuvent parfois héberger des enfants ».

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« Chez Demta » est aussi connu pour l’accueil de femmes en âge adulte uniquement alors que de nombreuses maisons dites de « tolérance » sont accusées d’héberger des enfants.

 « Parce que le besoin sera toujours là, il faut penser comment rendre professionnel leur service. Il faut encadrer ces maisons closes qui n’encouragent pas l’exploitation des mineures », recommande Gentil, un jeune de 40 ans, habitant de Essence Major Vangu.

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 Des maisons closes sont nombreuses dans les trois communes de Bukavu.  A Mashinji, sur Karhale, à Kadutu, Panzi, à Bagira et ailleurs, les maisons closes sont sérieusement fréquentées par des jeunes, en majorité.

Un phénomène de société que des dirigeants et habitants refusent visiblement d’examiner avec sérieux.

 Bertin Bulonza

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