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Des femmes de Bukavu et ses périphéries subissent des viols, des violences psychologiques, verbales, physiques lors du suivi médical, des consultations prénatales et lors des accouchements.

C’est en tout cas ce que conclut la recherche menée par le Centre d’Excellence Denis Mukwege de l’Université Évangélique en Afrique UEA.

Dans un atelier de restitution d’une étude sur l’état de lieu des violences gynécologiques et obstétricales au Sud-Kivu, il a été présenté que plusieurs femmes ne sont pas au courant de cette forme de violence alors qu’elles en sont victimes.

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Des témoignages choquants ont été donnés par des femmes victimes qui ne savaient pas du tout qu’elles ont le droit de dénoncer tout abus ou dérapage lors du suivi médical, des consultations prénatales (CPN) ou lors du travail et pendant l’accouchement.

« Des fois, nous sommes battues par le personnel soignant, nous sommes victimes de plusieurs maltraitances mais nous ne pouvons pas dénoncer par peur. Moi j’ai peur de concevoir ! » a lancé dans la foulée une victime.

« Moi, j’ai été oubliée dans le bloc opératoire depuis 10 heures jusqu’à 16 heures. J’ai failli perdre ma vie suite à cette négligence du corps médical. Même si ma famille avait assimilé cela à des histoires mystiques, beaucoup de femmes et enfants perdent la vie seulement suite à la négligence qui est une violence« , se plaint une avocate participante à l’atelier.

violences gynécologiques

Le Professeur Mushagalusa Nachigera, Recteur de l’Université Évangélique en Afrique (UEA) renseigne que le CEDM a été motivé de mener cette recherche suite aux plaintes des femmes qui fréquentaient des hôpitaux et qui ont développé une sorte de phobie à cause des violences dont elles sont victimes.

« Nous recevons par moment des plaintes des femmes qui ne sont pas bien traitées pendant la consultation et pendant les accouchements…ces cris nous ont poussé à faire des recherches et avoir des évidences. On voulait vraiment savoir si ce sont seulement des on-dits ou si les violences gynécologiques et obstétricales sont réelles. Et les résultats qui ont été présentés aujourd’hui là, vous avez suivi comme moi, la conclusion est simple: les évidences scientifiques montrent que les violences gynécologiques et obstétricales sont réelles et auraient une ampleur très grande au Sud-Kivu » indique-t-il.

Parmi ces violences dont sont victimes les femmes on cite, les violences sexuelles, physiques, verbales, psychologiques.

Selon lui, elles dépendent de la catégorie des femmes ( les nanties, les moins nanties, les femmes vivant avec handicap ne sont pas violentées de la même manière).

Dans ses propos, la Directrice du CEDM, structure initiatrice de cette recherche, Mme Cécilia Agino fait le lien existant entre les violences gynécologiques et obstétricales et le genre.

« Ces violences ne sont pas à voir simplement sous un angle médical, elles sont surtout une question de genre car le personnel soignant dans sa position de dominant à l’instant T s’approprie le corps de la femme en lui faisant subir des actes non consentis. En effet, pour certains hommes, avoir les relations sexuelles par exemple avec des femmes par exemple, quand bien même ces dernières ne leur appartiennent pas est un droit. Il s’agit clairement d’une pratique toxique de la masculinité qui doit changer en des pratiques plus positives. Ceci est un des moyens de lutter contre ces violences et non simplement informer les femmes sur leur droit » a-t-elle déclaré.

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Le Recteur de l’UEA et le CEDM appellent donc les femmes victimes à dénoncer pour mettre fin à ce fléau qui est à l’origine d’un taux élevé de mortalité maternelle et infantile au Sud-Kivu.

Le CEDM appelle également les médias à faire une grande sensibilisation autour de cette question, afin que les femmes prennent connaissance de ce type de violence sexiste et qu’elles brisent le silence.

Cet atelier de restitution a eu lieu dans la salle de conférence du CEDM, à Panzi dans la commune d’Ibanda.

Claudine Kitumaini 

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2 commentaires

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