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Les pétroliers de la République Démocratique du Congo maintiennent la pression sur le gouvernement congolais à travers le Ministère de l’Economie Nationale qui fixe les prix de leurs produits. Dans des nombreuses parties du pays, ces opérateurs économiques réclament et veulent une action du gouvernement.

Kinshasa

A Kinshasa, c’est le Groupement Professionnel des Distributeurs de Produits Pétroliers, (GPDPP) qui a saisi le ministère sur la situation catastrophique que traverse les sociétés pétrolières au risque de causer des perturbations sérieuses dans l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. 

« La faiblesse des stocks actuellement disponibles dans la partie Ouest du pays se caractérise par une persistance au niveau des différentes sociétés commerciales des stocks négatifs aux conséquences néfastes.  Pour éviter au système une asphyxie totale qui causerait, au fur et à mesure, l’apparition des files de véhicules dans les stations-service, nous serons contraints d’appliquer, à compter du mercredi 18 octobre 2023, un contingentement, avec une adaptation des heures d’ouverture des stations- service, de 7h00 à 17H00, et cela pour prolonger, tant soit peu, la couverture pour les faibles stocks disponibles », expliquait ce groupement.

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En effet, expliquent les pétroliers de Kinshasa, la bouffée d’oxygène attendue avec le payement par l’Etat de la créance des pétroliers au travers des banquiers n’est toujours pas arrivée.

« Les sociétés commerciales incapables de payer leurs fournisseurs subissent des menaces et font face aux réclamations d’intérêts débiteurs du fait des dettes arrivées depuis longtemps à échéance. Les lignes de crédit auprès des banques sont au maximum. Les sociétés de logistique qui ne sont pas payées par les sociétés commerciales n’arrivent plus à assurer la maintenance de leurs machines et encore moins celle de leur charroi automobile, ce qui les empêche d’accomplir avec professionnalisme et efficacité leur mission de distribution de produits. La remontée des barges de carburants tend vers l’arrêt ». 

Du fait de l’amenuisement des stocks, le droit de propriété n’est plus respecté avec la consommation des produits appartenant aux fournisseurs qui s’est installée au risque de sacrifier la pratique de consignation qui repose exclusivement sur la confiance que ces fournisseurs accordent au système. 

« Afin d’éviter d’en arriver à l’arrêt total de toute activité dans le secteur, nous demandons avec insistance qu’un paiement, même partiel, de cette importante dette intervienne/immédiatement pour revivifier la trésorerie des sociétés pétrolières », avertissent les pétroliers de Kinshasa.

Promesse non encore tenue dans la zone sud

Dans la zone Sud et spécialement dans l’ancien Katanga, c’est la même pressionLes sociétés pétrolières membres de la Fédération des Entreprises du Congo, opérant dans la zone sud disent croupir sous le poids énorme des pertes et manques à gagner non remboursés depuis plus d’une année et de la non publication de la nouvelle structure des prix.

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Ces sociétés disent ne plus savoir faire autrement en raison de la montée des prix des produits pétroliers sur le marché international qui les obligent à l’arrêt de distribution des produits pétroliers dans 48 heures.

« Pour rappel : Ces entreprises ont alerté, dans [e mémo référencé IKL/ARK/F.0363 lZO73 vous adressé le 14 septembre dernier, sur les risques encourus si la situation n’était pas régularisée. Fort malheureusement les engagements fermes pris lors de la réunion présidée par votre Excellence le 30 septembre 2023 dans la salle de banquet du Gouvernorat du Haut-Katanga, à savoir les paiements partiels, le mercredi 04 octobre et le dimanche 15 octobre 2023 au plus tard. Ces montants n’ont malheureusement pas été payés à ce jour comme promis. Une situation qui ne fait qu’exacerber l’asphyxie financière que connaissent les entreprises », écrit la FEC Haut-Katanga.

Pour la FEC, le Comité de Suivi des Prix des Produits Pétroliers a tenu une réunion extraordinaire le 1er octobre dernier à Lubumbashi et a constaté une forte escalade des paramètres principaux de la structure des prix obligeant la révision de la structure en vigueur.

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« Et au regard des scenarii présentés par le Comité à votre Excellence, les experts ont remarqué la nécessité d’une révision urgente et imminente de la structure des prix en vigueur. Une fois de plus, les conclusions de cette réunion n’ont pas produit les effets escomptés ».

Un arrêt de la fourniture à partir de ce vendredi est envisagé.

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« Les entreprises ne pouvant ni anticiper la montée des prix à la pompe ni continuer à assurer le rythme régulier d’approvisionnement normal de ce produit dans la zone car ayant perdu leur confiance auprès des fournisseurs, d’une part et en l’absence d’une nouvelle structure des prix des produits pétroliers et du paiement des pertes et manques à gagner ne pourront que constater l’arrêt de la fourniture à partir de ce vendredi 20 octobre 2023. C’est ce qui ressort de la réunion extraordinaire qu’ils ont tenu ce lundi 16 octobre 20233au siège de la FEC/Haut-Katanga ».

Situation explosive au Kivu

A Bukavu, province du Sud-Kivu, le prix du carburant chez les revendeurs communément appelés « Kadhafi » a explosé depuis ce vendredi 20 octobre 2023. En cause : plusieurs stations-services ne sont pas fonctionnelles. Les responsables des stations disent qu’ils sont à bout des stocks mais en réalité, c’est une action des opérateurs économiques pour revendiquer un réajustement des prix à l’Est du Congo.

Cinq milles (5000) à six milles (6000) francs le litre, c’est le prix imposé aux conducteurs des engins roulant dans la ville de Bukavu par des revendeurs du carburant (Essence, Mazout) depuis tôt le matin de ce vendredi. Ceux-ci sont les seuls quasiment à vendre ce combustible devant la grogne des associations des pétroliers de Bukavu.

En effet, les stations-services sont, elles, fermées. Les propriétaires se disent à court de stock.

Dans une correspondance adressée au Ministre de l’Economie, les pétroliers du Sud-Kivu rappellent sa promesse devant leurs collègues de Lubumbashi de revoir la structure de prix.

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Les pétroliers demandent que le gouvernement tienne compte de la réalité actuelle de prix d’achat de carburant tous les produits confondus sur le marché international, l’inflation de la monnaie et leur incidence avec effets néfastes immédiats. 

« En effet, il y a un moment considérable que nous sommes dans une situation décousue, celle de la montée du prix impactant négativement notre profession pétrolière et nous induisant dans des pertes énormes. Au regard des difficultés sis évoquées, nous sollicitons votre indulgence afin d’INSTRUIRE vos services pour publier une nouvelle structure pouvant nous permettre de renouveler nos stocks et compenser les manques à gagner déjà contractés. Situation demeurant, le pétrole étant un produit de première nécessité dont la pénurie crée des désagréments nous portons à votre connaissance que d’ici 48heures la majorité de nos stations-service de carburant sera en rupture de stock dont nous fustigeons dorénavant les retombées au grand désavantage de la population », écrivait le club des pétroliers au Ministre de l’Economie.

Suzanne Baleke
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