Les autorités militaires de l’état de siège au Nord-Kivu ont refusé la distribution de l’assistance humanitaire envoyée par le Docteur Denis Mukwege aux victimes du carnage du 30 août 2023 ayant fait plus d’une cinquantaine des morts à Goma.
C’est ce que confirme le député Provincial Homer Bulakali, qui conduisait la délégation de quelques députés provinciaux du Sud-Kivu et qui sont les initiateurs de cette action.
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A en croire Homer Bulakali, l’assistance composée essentiellement des vivres et des médicaments achetés sur appui du Dr Mukwege a été purement et simplement refusée par le Gouverneur militaire ad intérim. Celui-ci a accordé 24 heures à la délégation pour retourner cette assistance à Bukavu le lieu de provenance.
Les autorités militaires de l’état de siège ont également interdit aux membres de la délégation de se mouvoir dans la ville de Goma au risque d’arrestation.
« C’est une blessure profonde parce qu’on nous interdit même d’assister nos frères et sœurs qui sont en difficulté. On nous interdit de pleurer avec ceux qui pleurent. Nous avons appris que même ceux ont perdus les leurs n’ont pas droit de faire un deuil. C’est aussi une révélation aujourd’hui de voir que nous sommes sous une dictature. L’état de droit n’est pas respecté. La population est muselée et elle ne peut plus agir. C’est une révolte et cela doit nous pousser à nous tirer de là. La dictature de Mobutu que nous avons vécue nous a fait trop mal », dénonce Homer Bulakali.
L’élu de Bukavu regrette qu’une telle mesure soit prise contre une délégation qui voulait soulager des familles en détresse. Il en appelle à l’éveil patriotique, pour barrer la route à la « dictature du régime ».
« Accepter que cette même dictature retourne dans notre pays c’est la plus grande folie qui puisse exister. C’est donc un appel à la population qui doit refuser cette dictature et se confier à la démocratie chèrement acquise », interpelle-t-il.
Revenant sur la motivation ayant conduit à la constitution de cette assistance, le député Homer Bulakali évoque les conditions difficiles dans lesquelles vivent les familles victimes du carnage de Goma, certaines ayant perdu leurs responsables.
Ce qui, selon lui, aurait également motivé le Dr Mukwege à soutenir cette action qui du reste est l’initiative d’un groupe des élus provinciaux du Sud-Kivu qui voulaient manifester leur solidarité à la population du Nord-Kivu voisin.
« Vous savez que le Dr Mukwege c’est un homme de paix. Pour manifester que vraiment c’est un homme de paix, il a touché dans sa poche pour nous aider à aller assister nos frères et sœurs victimes de Goma. Le Dr Mukwege est un homme qui n’aime pas que le sang coule. Et quand le sang coule vraiment c’est une blessure pour lui. Il a financé notre initiative comme députés provinciaux. Vous savez que les députés provinciaux ne sont pas payés depuis un certain temps mais comme homme de paix, le Prix Nobel ne pouvait pas manquer de soutenir cette initiative qui vise à soulager tant soit peu les victimes », a fait voir le Chef de la délégation.
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Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le bateau ayant ramené cette assistance est arrivé à Bukavu l’après-midi de ce vendredi 15 septembre avec les vivres et les médicaments tels qu’envoyés par le bienfaiteur.
Des questions
L’aide apportée par des députés provinciaux a-t-elle été refoulée parce qu’elle venait de Mukwege? Peut-être, explique une famille touchée par ce carnage de Goma. En effet, explique-t-il, les autorités militaires de l’état de siège au Nord-Kivu n’acceptent carrément pas d’aide en faveur des victimes du dernier carnage. Elles affirment, selon plusieurs sources, que seul le gouvernement central est autorisé à venir en aide à ces familles victimes.
Pourquoi le Gouvernement a-t-il verrouillé la distribution de l’aide à ces familles? De qui émane donc l’ordre? Autant des questions qui n’ont pas encore des réponses à l’heure actuelle.
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