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Monsieur Madiadia Mutuza Charles alias Charlequint refuse de céder le poste de chef de groupement de Baliga, lui confié à titre intérimaire par le Gouverneur de province, en dépit de la désignation du titulaire définitif de ce poste. Leader authentique du mouvement Raiya Mutomboki, Charlequint finit par trahir la confiance, miraculeusement gagnée, de Théo Ngwabidje en s’accrochant aux rênes du groupement fortement minéralisé de Baliga, en territoire de Shabunda au Sud-Kivu.

Tout part d’une lettre de Théo Ngwabidje, adressée à l’administrateur de territoire de Shabunda, en date du 15 février 2023. L’autorité provinciale a fait mention du décès de M. Mbula Kisumbi Pierre, chef du groupement de Baliga, et par conséquent d’une vacance à la tête de cette entité déconcentrée.

Pour parer au vide institutionnel créé par ce malheureux évènement, survenu en date du 10 février 2023, le Gouverneur Théo Ngwabidje a désigné monsieur Madiadia Mutuza Charles, dit Charlequint, pour occuper ce poste jusqu’à la mise en place d’un pouvoir définitif.

« En attendant le sondage de la population locale pour choisir un nouveau Chef de Groupement, et ce, conformément à la loi, je désigne Monsieur Madiadia Mutuza Charles pour assumer l’intérim du Chef de Groupement – de Baliga», lit-on dans la lettre du gouverneur référencée No.01/095/CAB/GOUPRO-SK/2023.

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Par la même occasion, le gouverneur instruisait l’administrateur du territoire de « prendre les dispositions nécessaires […] pour installer l’intérimaire ».

Cette nomination, dont le mobile n’a jamais été motivé, n’est l’œuvre que de son seul auteur, qui n’y avait pas associé ses collaborateurs pourtant naturellement concernés par la question. Si le Gouverneur a agi dans une célérité hors-pair, en nommant un intérimaire cinq jours seulement après la mort du titulaire, le ministre en charge de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières n’a jamais été intéressé pour une quelconque opinion quant à la désignation de monsieur Charlequint comme chef de groupement.

Contacté par LaPrunelleRDC.Info, le ministre Théophile Kiluwe, alors en poste, a avoué n’avoir pas été consulté, et ne s’étonne pas de la suite de la situation.

« Si on nous consultait sur le choix même de la personne qui devait assurer l’intérim, je ne pense pas que moi-même je jetterais mon dévolu sur Charlequint. C’est tout simplement qu’on n’a pas été consulté, et voilà ce que ça commence à donner », a-t-il révélé.

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Si on en croit le Ministre, la désignation de monsieur Madiadia Mutuza par le gouverneur a été abrogée par la lettre du Vice-ministre national de l’Intérieur. Celui-ci ne s’y est jamais pourtant conformé, mais a choisi de procéder par « du banditisme ».

« Ce que Charlequint est en train de faire là-bas, c’est du banditisme. Il avait forcé la porte, alors qu’il était déjà en connaissance de la lettre désignant M. Mubake au poste de chef de groupement ; pas intérimaire. Dès lors qu’il y a une lettre désignant monsieur Mubake, son intérim devrait prendre fin. Malheureusement, il y a la situation politique de la province qui fait que le monsieur désigné par le vice VPM ne prend pas son poste officiellement. De droit, il [Charlequint] ne peut plus œuvrer comme intérimaire. On attend que le dossier soit clos officiellement par le gouverneur, qui doit instruire l’A.T pour aller installer l’officiel », a fait savoir le ministre Kiluwe.

Charlequint, un seigneur de guerre redoutable ?

Monsieur Charles Madiadia n’est pas d’une identité anonyme auprès des juridictions militaires du Sud-Kivu. Son comportement, quant à sa succession, ne s’éloigne donc pas de sa réputation de chef rebelle.

Compté parmi les leaders du mouvement Raiya Mutomboki, dont il occupe la deuxième position en terme de préséance, « le général Charlequint » n’est pas exempt des forfaits commis par ses pairs.

Lors de ses dépositions devant le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu, siégeant en audiences foraines à Kitutu, en territoire de Mwenga, le seigneur de guerre Masudi Alimasi Frédéric alias Koko-di-Koko avait révélé sa subordination au « Général Charlequint ». Poursuivi pour des faits qualifiés de crimes internationaux, commis notamment à Kabikokole, Koko-di-Koko avait avoué s’être rendu dans ce village, perdu dans les forêts de Lugushwa, en exécutant une mission lui ordonnée par Madiadia Mutuza.

Alors aux écrous, Masudi Alimasi ne cessait de se plaindre d’avoir été injustement cueilli et jugé comme chef du Mouvement Raiya Mutomboki. Dans une de ses comparutions à Kigulube, dans la suite de son procès en audiences foraines, cet ancien sociétaire de la police nationale congolaise, devenu rebelle, a allégué ne posséder qu’un pouvoir de second rang.

« Moi, je commandais une seule brigade parmi les 8 qui constituaient le mouvement Raiya Mutomboki. Mais les chefs de tout le mouvement sont plutôt le Général Kenge Omari Donat et le Général Madiadia Mutuza Charlequint », avait-il soutenu.

Au-delà de sa coopération coupable avec Koko-di-Koko, le « Général Charlequint » est aussi perçu comme le parrain d’un autre chef rebelle du même rang, monsieur Takungomo Mukambilwa « Le Pouce ». Inculpé pour des faits et exactions à caractère criminel, commis à Migamba dans le territoire de Mwenga, Le Pouce a été condamné en 2021 à 20 de servitude pénale.

Lors de leur audition dans ce dossier, les victimes et les parties civiles n’ont cessé d’établir le lien entre monsieur Takungomo et le « général Charlequint ».  

Pour l’instant, Madiadia Mutuza Charles ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire. D’une source des Nations Unies, l’on retient qu’une demande de sa mise en poursuite avait été évoquée « dans le dossier Migamba, où il est cité par plusieurs victimes en même temps que Le Pouce ». Mais le parquet en avait décidé autrement.

Il sied tout de même de noter que monsieur Charles Quint n’est pas que chef rebelle. Il est aussi héritier légitime du clan. Même si cette nomination pose des problèmes sérieux, dans Shabunda, son clan rappelle qu’il est également un ayant-droits.

Un membre de sa famille avec lequel nous avons discuté est formel : « Le fait pour lui d’avoir était actif dans les mouvements d’autodéfense ne lui enlève en rien la qualité de régnant. Il est de la famille régnante ! ».

John Achiza

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