Intervenons-nous

Le Gouverneur du Sud-Kivu, Professeur Purusi, a exprimé son désarroi et son indignation à travers un message publié sur les réseaux sociaux, dénonçant les agissements des magistrats et des acteurs impliqués dans des pratiques foncières illégales. Ce message, adressé aux autorités judiciaires et aux acteurs du Conseil Provincial de Sécurité, met en lumière un phénomène inquiétant qui gangrène la province : l’impunité des magistrats dans les affaires foncières, les décisions de justice contestées et l’exploitation des failles du système judiciaire pour des intérêts personnels.

Le Gouverneur commence par faire état de son étonnement face à la persistance de pratiques foncières frauduleuses, malgré les mesures prises pour les interdire.

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Selon lui, un arrêté ainsi qu’une commission du Conseil Provincial de Sécurité ont pourtant clairement interdit le morcellement des terres, les superpositions de titres de propriété et les décisions de justice relatives aux biens de l’État et des institutions publiques. Toutefois, ces pratiques illégales continuent de sévir en toute impunité.

Une des préoccupations majeures du Gouverneur réside dans le fait que certains individus semblent se permettre de récupérer des terrains appartenant à des institutions publiques comme l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP) de Bukavu, où il a lui-même étudié et enseigné pendant plus de 30 ans.

Le Gouverneur déplore notamment le cas d’un certain Keffa qui, « sans scrupule », prétend aujourd’hui être le propriétaire d’un terrain qui est pourtant une propriété de l’ISP, et ce, malgré l’existence d’un bail signé avec la MONUSCO pour l’utilisation de ce terrain. Il s’agit là d’une situation qui, selon lui, bafoue les droits de l’ISP et met en danger les institutions publiques de la province.

Un autre point de frustration pour l’autorité provinciale concerne l’affaire de l’Athénée d’Ibanda, où, malgré une décision du Conseil de Sécurité rétablissant les droits de l’institution sur sa buanderie, la situation semble dégénérer.

Le Gouverneur s’interroge sur les motivations d’une personne qui, en pleine nuit, a été instruite par la police pour occuper ce bien, sur la base d’une décision judiciaire qu’il juge douteuse. Selon lui, cette situation pourrait cacher des intérêts malhonnêtes visant à prendre possession de biens publics sous couvert de décisions de justice douteuses.

Cette série de faits démontre, selon le Gouverneur, une tendance inquiétante qui frappe de nombreux citoyens, souvent les plus vulnérables. De petites parcelles sont revendiquées par des acteurs malintentionnés, et des décisions judiciaires sont utilisées comme des instruments pour déposséder les citoyens de leurs biens.

Le Gouverneur mentionne des exemples spécifiques, comme les terrains de la CECA, du quartier Luziba, ou encore de l’Institut de Bagira, où de nombreuses familles se retrouvent à lutter contre des procès qu’il qualifie d’iniques.

Les abus fonciers ne sont cependant pas les seules préoccupations du Gouverneur. Dans son message, il évoque également des « magouilles » organisées autour de terrains disputés, notamment entre les Cigashamwa et les Commissionnaires, ainsi que des affaires impliquant des institutions comme l’UNICEF et l’Institut Ibanda. À travers ces situations, le Gouverneur met en lumière des dérives qui vont à l’encontre des principes de bonne gouvernance et des droits humains.

Dans cet appel à l’action, le Gouverneur sollicite la coopération des magistrats, des autorités provinciales et nationales, ainsi que des organisations de la Société civile pour que des mesures concrètes soient prises afin de restaurer l’ordre et la justice.

Il appelle à une collaboration urgente pour « corriger les erreurs du passé », imposer une bonne gouvernance et garantir que les droits des citoyens du Sud-Kivu soient respectés. Il insiste sur le fait que ces abus ne peuvent plus être tolérés et qu’il est de la responsabilité des autorités compétentes d’intervenir pour empêcher que la situation ne devienne ingérable.

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Le Gouverneur conclut son message par un avertissement sévère : « Nous ne laisserons pas passer ces magouilles », soulignant ainsi la détermination de l’autorité provinciale à mettre fin à ce fléau de l’impunité et à protéger les droits des citoyens.

Cet appel courageux et direct du Gouverneur du Sud-Kivu résonne comme un cri d’alarme pour la province, où la question foncière est souvent au cœur des tensions sociales et des conflits.

 L’appel à une réforme judiciaire et à une meilleure gouvernance dans la gestion des biens publics est plus que jamais d’actualité, et les regards sont désormais tournés vers les autorités judiciaires et politiques de la province pour qu’elles prennent les mesures nécessaires pour redresser la situation alors que les Etats Généraux de la Justice se clôturent à Kinshasa, capitale de la RDC.

Jean-Luc M.

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