L’asbl Action Citoyenne de Lutte Contre les Discours de Haine en République Démocratique du Congo (ACLDH) a adressé une dénonciation sévère au Président de la République, Félix Tshisekedi, concernant les discours incendiaires du député national Justin Bitakwira. L’organisation appelle à une action immédiate pour contrer les menaces à la paix et à la cohésion sociale que ces discours font peser sur le Sud-Kivu.
L’association s’appuie sur l’appel du Président Tshisekedi lors de la 49ème réunion du conseil des ministres du 15 avril 2022, où il avait exhorté à « bannir le discours de haine, le tribalisme et à s’investir pour favoriser une interpénétration ethnique positive, qui est une richesse nationale pour le pays ».
En réponse à cette exhortation, l’ACLDH demande maintenant une implication personnelle du Président pour « résoudre ce danger permanent que représente monsieur Justin Bitakwira pour la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble entre les communautés culturelles des hauts et moyens plateaux d’Uvira, Fizi, Mwenga et d’Itombwe dans le Sud-Kivu ».
L’organisation accuse le député Bitakwira de multiplier les discours provocateurs et dangereux. Pendant ses vacances parlementaires en juin 2024, M. Bitakwira a, selon l’ACLDH, « multiplié des rencontres avec des couches de la population lançant des messages de provocation à l’endroit d’autres communautés » et a « invité tous les groupes armés Maï-Maï de cette partie du Sud-Kivu dans le but, selon lui, de les réorganiser et les réunifier pour combattre les infiltrés rwandais ».
L’ACLDH cite plusieurs déclarations incendiaires du député, dont :
« Je viens de faire 5 ans au chômage, mais je m’étais fixé un seul objectif qui est celui de combattre les rwandais qui tuent nos frères chaque jour. Il est inconcevable que des gens que nous avons vu venir, des gens que nous connaissons d’où ils sont venus, des gens qui parlent une autre langue, viennent écrire des livres avec des contre-vérités […] ils sont au cœur de toutes les guerres que nous vivons. »
« Les banyamulenge doivent se préparer ; les tutsi ont utilisé les blancs pour dire qu’ils me sanctionnent. […] Je vous promets, ces gens-là doivent se préparer. Si demain ils apprennent que je suis nommé ministre de la défense, ils doivent vite trouver où aller. Sinon je vais plier les genoux et je vais faire face à eux. »
« Je vais bientôt réintégrer le parlement. Si je ne suis pas désigné membre du bureau de l’Assemblée Nationale, je serai Vice-Premier ministre, ministre d’Etat ou encore ministre. Mon combat pour ces 5 années sera de réclamer une province autonome. »
En réponse à cette situation, l’ACLDH propose plusieurs mesures au Président Tshisekedi.
L’association demande l’intervention personnelle du président Tshisekedi.
« Votre implication personnelle pour résoudre ce danger permanent que représente monsieur Justin Bitakwira pour la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble entre les communautés culturelles. »
L’organisation appelle également à une clarification pour éviter que M. Bitakwira n’utilise le nom du Président pour légitimer ses discours.
« Une clarification de l’opinion au sujet des propos de ce dernier qui, à plusieurs reprises, utilise votre nom pour faire croire à la population que c’est le président de la république qui lui aurait donné mission de prêcher la haine. »
L’ACLDH demande au ministre d’Etat, Ministre de la Justice, d’organiser un « procès public pédagogique » à l’encontre du député Bitakwira pour incitation à la haine et stigmatisation des minorités ethniques.
L’association recommande d’interpeller le bureau de l’Assemblée Nationale pour examiner le comportement de M. Bitakwira, qui « profite de sa position de député pour lever les populations les unes contre les autres. »
L’organisation demande en fin d’instruire le Gouvernement de faire avancer la proposition de loi sur le tribalisme, le racisme et la xénophobie déposée par l’honorable député Sakata en 2020, qui n’a pas encore été examinée.
Un appel à la cohésion et à l’unité
L’ACLDH conclut en réaffirmant sa conviction que « un lendemain de cohabitation pacifique et de cohésion et unité nationale est toujours possible pour notre pays », mais cela nécessite une action ferme contre la division et la haine.
L’organisation exprime son soutien au Président Tshisekedi et son espoir que des mesures soient prises pour garantir un Congo solidaire, uni et indivisible, où règnent la paix et la sécurité.
Cet appel urgent à l’action vise à préserver l’harmonie sociale dans une région déstabilisée et à démontrer l’engagement de la République Démocratique du Congo à combattre la haine et promouvoir une coexistence pacifique.
Rédaction
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