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    Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) ne reconnaît pas les élections organisées par la Commission Électorale Indépendante (CENI) et le pouvoir actuel, car n’ayant été ni électeur ni éligible.

     C’est ce que rappelle Bernard Zagabe, cadre du PPRD au Sud-Kivu, quelques jours après la proclamation de Félix Tshisekedi comme gagnant de la présidentielle du 20 décembre 2023.

     Pour ce leader de l’opposition et fidèle à Joseph Kabila, ces élections « émaillées d’irrégularités » prouvent à suffisance que le pays est dirigé par des personnes qui constituent une menace pour l’avenir.

     « En tant que cadre et membre du PPRD, je pense que l’histoire vient de nous donner aujourd’hui raison à partir du moment où nous avons amené le pays à 3 échéances électorales. Vous êtes tous témoins des contraintes que nous avons vécues et traversées pour l’organisation des élections et Dieu aidant nous avons inséré la culture électorale dans le chef de tous les congolais. Pour l’instant, on ne peut même pas dire qu’il y avait élections et je crois qu’aujourd’hui tout le monde nous donne raison. Je pense que la résultante de ces élections prouve à suffisance que le Congo n’a jamais connu quelqu’un qui a eu la passion de ce pays comme Joseph Kabila. Il est grand temps qu’on comprenne que cette classe politique qui nous gère constitue une menace pour l’avenir du pays », dit-il, très déçu.

     Comme d’autres opposants et acteurs de la Société Civile, Bernard Zagabe n’est pas allé par le dos de la cuillère pour étaler les faiblesses de ces élections. Pour celui-ci, tout le processus électoral était biaisé et rien ne pouvait y sortir.

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     « On avait dit aux opposants que les conditions n’étaient pas réunies pour l’organisation d’élections crédibles, démocratiques et transparentes. Avec l’expérience que nous avions, on ne pouvait pas s’aventurer à s’impliquer dans ce processus car ce sont des élections qui étaient perdues d’avance à partir du moment où tout était monté pour accorder à Félix Tshisekedi le deuxième mandat. Au début, tous les opposants n’ont pas compris, à part Joseph Kabila Kabange qui s’était dit qu’il faut qu’on observe », regrette-t-il.

     Bernard Zagabe rappelle donc que son parti n’était pas d’accord pour cette implication des leaders de l’opposition dans un processus électoral qui n’augure pas confiance depuis le début.

     « Malheureusement ce qui comptait pour les opposants c’était des élections et le pouvoir et non préparer d’abord le terrain et les conditions favorables pour aller aux élections crédibles ».

    Il précise qu’au niveau du PPRD tout le monde s’abstient d’émettre un quelconque point de vue parce que son parti ne faisait pas partie du processus électoral. Mais pour lui, les congolais méritent mieux que ce qui vient de se passer dans ces élections.

    « Nous sommes rentrés très en arrière. Actuellement, nous sommes le dernier pays à pouvoir bien organiser les élections. La manière dont tout s’est passé laisse à croire que dans aucun pays du monde on peut observer ce qui s’est passé chez nous. Nous n’avons aucun point de vue à émettre par rapport aux résultats parce qu’on n’a pas été ni des électeurs ni des éligibles mais nous espérons et nous comptons assister à des élections crédibles le moment venu parce que le fruit et les conséquences des élections vécues mettent en cause les résultats de ces soit- disant élections ». 

    Le pays au bord de l’implosion ?

    Ce cadre du PPRD craint les conséquences qui vont survenir de ces élections. Pour lui ; le fait que des grands partenaires diplomatiques dénoncent des irrégularités est un grand signe annonciateur qu’il y aura des troubles en RDC.

    « Je pense que le pays va connaître beaucoup de problèmes et je pense qu’à partir de ces problèmes on aura des élections crédibles. Je le dis encore, les congolais devraient faire preuve de grande maturité. Je ne sais pas si vous avez constaté avec moi que tous les grands partenaires diplomatiques n’ont pas réagi. Par exemple la Russie, les États-Unis, la Chine, … Tout le monde a tendance à dire qu’il y a eu des erreurs, qu’il faut mener des enquêtes sur la mort de l’expert de l’Union Européenne. Je ne veux pas dire des cas de violations graves des droits de l’homme, des assassinats. Et tout ça, fait partie des conséquences des élections mal préparées » conclut-il.

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    Même si Joseph Kabila, le boss du PPRD, garde toujours son « mystérieux » silence sur les élections et la situation du pays en général, les membres de son parti n’ont pas cru en ces élections, comme lui, dès le début du processus électoral.

    Il faut noter que suite à toutes les irrégularités enregistrées, les leaders de l’opposition ont intensifié des rencontres pour demander la réorganisation des élections crédibles, transparentes et inclusives.

    La Société Civile quant à elle a recommandé à la CENI d’être réceptive aux recommandations de parties prenantes tout en dénonçant les irrégularités qui ont été enregistrées lors du vote. La CENI, elle, se contente de rappeler que tous les recours doivent désormais être adressés à la Cour Constitutionnelle. Elle n’exclut pas non plus d’annuler les élections dans certains centres de vote.

     Claudine Kitumaini

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