Intervenons-nous

A Bukavu, chef-lieu de la Province du Sud-Kivu, Dieudonné Namegabe a été assassiné la nuit de lundi à ce mardi 1er décembre 2020 ; dans une attaque des bandits armés à Karhale, dans le quartier Nkafu en commune de Kadutu.

Des sources sur place affirment que les bandits ont fait incursion dans la maison aux environs de 1 heure du matin. Ils ont commencé par demander de l’argent.

Face à la réaction de la victime, père de 5 enfants, qui tentait de les expliquer qu’il n’a rien; les bourreaux lui ont poignardé avec un couteau, et il est décédé sur le champ.

Lire aussi: Sud-Kivu: un corps sans vie retrouvé au bord du lac, près du port de la SNCC (Bukavu)

Un peu plus loin dans le nord de la province, à Cibanda dans le territoire de Kalehe, un corps sans vie d’un homme âgé de 26 ans, maçon de son état et habitant de Cibanda a été découvert ce dimanche 29 novembre 2020.

Selon Thierry Kasisi, militant de OBAPG/RDC à Kalehe, l’homme était porté disparu depuis le vendredi 27 novembre. Certains de ses organes dont les oreilles et seins, coupés par les assassins.

Encore dans la ville de Bukavu, un autre corps sans vie de sexe masculin a été retrouvé le même dimanche 29 novembre 2020 sur Avenue Patrice Emery Lumumba à Labotte, non loin de l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu.

Selon la Société civile noyau communale d’Ibanda, Nassord Mwangilwa (victime) aurait été tué par étranglement.

« Son corps a été jeté devant sa maison », explique David Cikuru Président de la Société Civile d’Ibanda.

Selon David Cikuru, en seulement 3 mois, soit de septembre à novembre 2020, la commune d’Ibanda a enregistré 10 décès liés à l’insécurité

« A cela s’ajoutent 12 cas de braquage et plusieurs maisons attaquées par des bandits armés non autrement identifiés », renseigne la société civile noyau communale d’Ibanda.

Ces 3 cas dans les quelques jours illustrent bien la situation sécuritaire actuelle de la province du Sud-Kivu.

La responsabilité des autorités évoquée

Notons qu’il ne se passe plus une semaine sans que des morts ne soient répertoriés sur l’étendue de la province du Sud-Kivu.

En villes comme dans les 8 territoires du Sud-Kivu, des corps sans vie sont ramassés soit sur les rues, au bord des rivières et du lac Kivu. Certains présentant des signes d’étranglement,  d’autres sans les moindres traces et les causes de leur mort restent mystérieuses.

Cette recrudescence de l’insécurité dans la province du Sud-Kivu ne laisse pas indifférents certains habitants, qui pensent que les autorités devraient fournir plus d’efforts pour sécuriser les personnes et leurs biens.

« Il est anormal qu’en plein centre-ville où il y a une présence considérable des éléments de l’ordre comme à Labotte, on tue et que les tueurs ne soient pas identifiés », s’indigne Ntabala, la trentaine et commerçant ambulant dans la ville de Bukavu.

Qu’est ce qui manque alors pour assurer la sécurité des personnes et leurs biens ?

Depuis plusieurs mois, des personnes meurent comme des mouches sans une certaine indignation de la part de l’autorité provinciale, condamnent des acteurs sociaux dans la province. Pourtant, le locataire de Nyamoma avait fait de la sécurité son cheval de bataille lors de la présentation de son programme devant les élus provinciaux. Qu’est ce qui bloque alors ?

Dans les coulisses des services de défense et de sécurité, on évoque l’éternel problème des moyens logistiques et financiers pour faire face à l’insécurité dans une province où les armes circulent.

Pour l’instant, nombreux ne cachent pas leur déception face à ce qu’ils considèrent comme une négligence du gouvernement provincial face à la sécurité des personnes et leurs moyens.

« Les autorités provinciales ne contribuent quasiment pas financièrement pour appuyer les efforts de sécurisation de la population », dénonce un membre des services de sécurité.

D’autres acteurs œuvrant dans le domaine de la sécurité pensent que les autorités provinciales actuelles manquent un plan clair de sécurisation de leurs habitants.

« On navigue à vue. Le seul langage qu’on entend est : les enquêtes sont en cours à chaque assassinat ou dégât », s’inquiète un acteur de la Société Civile.

La sécurité n’est-elle pas une priorité pour le locataire de Nyamoma? Qu’est ce qui justifie cette léthargie observée dans le chef de l’exécutif provincial dans ce secteur ? Ces questions et autres restes pendantes et certains habitants pensent que les autorités de la province devraient tout mettre en œuvre pour mettre fin à cette insécurité.

Et si le Gouverneur démissionnait ? Le rôle de l’Assemblée Provinciale ?

« Avec l’état actuel de la province, le ministre de l’intérieur et sécurité et son Gouverneur devraient tous deux partir en laissant la province à quelqu’un capable de prendre en charge la sécurité et le développement de notre province », pense pour sa part, un certain « Ingénieur Salvador » dans un forum Whatsapp.

Cette idée est soutenue par plusieurs observateurs qui reviennent sur la controversée interpellation du député Homer Bulakali, adressée au Gouverneur de province, qui voulait que celui-ci vienne devant la représentation provinciale afin de s’expliquer sur sa gestion sécuritaire en province.  Une interpellation qui fut rejetée par les députés provinciaux, estimant qu’il serait prématuré d’interpeller le Gouverneur. La représentation provinciale avait alors décidé d’interpeller le ministre de l’intérieur.

Dès lors, certains pensent que l’Assemblée provinciale a péché en refusant d’interpeller le Gouverneur Théo Ngwabidje, qui lors de son discours programme s’était montré très déterminé à mettre fin à l’insécurité au Sud-Kivu. Qu’est ce qui est fait jusqu’à présent pour stopper les meurtres et les corps sans vie au Sud-Kivu?

« La sécurité, une affaire de tous »

A Nyamoma, un membre du Gouvernement provincial préfère « interpeller » les citoyens qui, rappelle-t-il, doivent participer à leur sécurisation. « La sécurité est une affaire de tous ».

Si des sources officielles refusent pour l’instant de prendre le devant pour s’exprimer sur cette situation devenue inquiétante, d’autres évoquent des complicités au sein de la population qui refuse de dénoncer les malfaiteurs. Un discours devenu classique et qui ne suffit plus devant cette hémorragie sécuritaire qui inquiète au plus haut point. 

Jean-Luc M.

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