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La ville de Bukavu vient de vivre ce samedi 1er Juillet 2023, la quatrième édition du requiem pour la paix. Organisé par Uwezo Afrika Initiative, ce rendez-vous annuel qui vise principalement à rappeler et retracer les atrocités qui ont secoué et continuent de secouer la République démocratique du Congo depuis sa colonisation jusqu’à ce jour, a été une occasion pour les acteurs de hausser leurs voix pour réclamer la justice transitionnelle pour toutes ces atrocités. 

Devant un public majoritairement composé des jeunes, des témoignages sur les tueries et autres atrocités, perpétrées en RDC pouvant constituer un recueil collectif produit sous forme d’anthologie, ont été relatés et écoutés par les participants.  

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Des témoignages des acteurs locaux, leaders d’opinions, chroniqueurs survivantes et autorités locales ont été récoltées et utilisés pendant le recueillement.  

Avant le recueillement en mémoire des victimes des massacres et tueries que la RD Congo a connue et continue à vivre, une brève sensibilisation a été faite pour une prise de conscience sur l’identité congolaise acquise sur le passé pour assurer un avenir radieux tel que rêver par le héros Lumumba, du sentiment patriotique : “Ne jamais trahir le Congo” (Mzee Laurent Désiré Kabila), prêt à agir et reconstruire la nation. 

Le temps fort du requiem a été marqué par un spectacle de slam sur l’histoire de la RDC sous la musique de l’orchestre de jazz de Délia Ndaro « Patrie Yote » livré pour revivre, transmettre l’histoire, éduquer sur le patriotisme et la mémoire collective dès l’indépendance à ces jours.   

Revenant sur l’objectif du requiem, madame Douce Namwezi, responsable de Uwezi Afrika Initiative a expliqué que le devoir de mémoire vise non pas à amener les congolais à venger les morts mais essayer de rappeler l’histoire du passé afin de ne plus revivre des situations négatives. 

«  Comme pour les autres éditions, cette année nous avons voulu revenir sur cette optique du devoir de mémoire, devoir d’histoire. Parce que le requiem pour la paix est une initiative qui vise effectivement à retracer l’histoire des atrocités des congolais, rappeler ce qui s’est effectivement passé pas pour nous venger mais pour que nous puissions nous en rappeler et prendre des mesures pour ne pas l’oublier. On dit souvent qu’un peuple qui ne connaît pas son histoire est appelé à la revivre », explique Douce Namwezi.

Le Groupe culturel « Alpha Art », a, dans son spectacle retracé l’histoire du Congo depuis la colonisation jusqu’aujourd’hui ; 63 ans après l’indépendance.

« C’est pour pouvoir rappeler sous l’aspect culturel et artistique à la génération actuelle comment les choses se sont passées, pour qu’effectivement elle ne puisse pas se déconnecter de son identité. Il y a toujours des traces historiques qui sont placées ailleurs mais chez nous on est dans la traduction orale pour raconter notre histoire et essayer de ne plus revivre des situations négatives mais plutôt construire un patriotisme à travers un Congo meilleur », insiste madame Douce Namwezi. 

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Pendant le requiem, plusieurs activistes de la justice transitionnelle se sont succédés du haut de la tribune pour expliquer aux jeunes qu’elle justice doit être faite en RDC comme pays poste conflits. 

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« Nous nous sommes rendus compte que tous les témoignages reçus les 30 dernières années sont des atrocités depuis 1991, 1994, 2004, 2008 et jusqu’aujourd’hui en 2023 il y a toujours des atrocités. Des personnes au Nord-Kivu vivent des morts chaque jour. Et nous nous posons cette question de savoir pourquoi tous ces morts? Est-ce qu’on doit continuer à banaliser les morts? Est-il vraiment normal qu’on continue à zapper dans nos téléphones ? On doit continuer à en rire? Non, on se dit qu’à un moment ont doit s’arrêter et se demander qu’en est-il de la justice. Pas n’importe quelle justice. C’est donc une occasion d’expliquer à la jeunesse de quel type de justice peut marcher dans un pays post-conflit ou en conflit comme le nôtre » poursuit Douce Namwezi.

Cette justice, c’est celle transitionnelle avec tous ses piliers.

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« Il faut une justice transitionnelle avec tous ses piliers. La vérité, la justice à travers la poursuite des bourreaux, la réparation et la garantie de non répétition. C’était donc important de montrer à chacun comment il peut travailler sur un de ces piliers dans la mesure du possible pour que demain ou après-demain cette justice soit rendue dans notre pays »,  a conclu Namwezi. 

Contexte

Le  requiem pour la paix est une initiative artistique qui prône le devoir de mémoire et d’histoire au niveau local, provincial, et national pour une meilleure cohabitation pacifique entre les peuples  mis en œuvre par Uwezo Afrika Initiative.

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Ceci en collaboration avec l’archevêque de Bukavu François Xavier Maroy, le prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege, la Coopération Suisse et bien d’autres acteurs et actrices locaux/les, nationaux/les et internationaux/les. Objectif : servir d’acte symbolique de mémoire, de recueillement et de deuil pour les congolaises et congolais qui ont vécu et vivent encore tant des morts dès l’acquisition de l’indépendance à nos jours.

Cela, pour ne jamais oublier les milliers des victimes (vivantes et mortes) des conséquences directes et indirectes des guerres et des conflits armés sur toute l’étendue de la RDCongo depuis 27 ans, et agir pour que la paix véritable soit construite sur la réconciliation et la cohésion sociale. 

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Pour cette année 2023, le Requiem pour la paix a décidé de collaborer avec la compagnie Alpha Art pour la prestation du spectacle « Patrie Yote », combiné aux messages de patriotisme, de paix et de cohésion sociale porté par le requiem pour la paix.

Bertin Bulonza
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