Dans une tribune publiée par le journal français Le Monde, 75 lauréats du prix Nobel, dont le Dr Denis Mukwege, exhortent la communauté internationale à agir immédiatement pour mettre fin à ce qu’ils qualifient de « tragédie congolaise », marquée par plus de trois décennies de guerre, de violences extrêmes et d’impunité persistante.
La République démocratique du Congo (RDC) fait face à l’un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale, avec environ 6 millions de morts. À cela s’ajoutent plus de 26 millions de personnes confrontées à une faim aiguë, 7,8 millions de déplacés internes et un recours croissant à la violence sexuelle, notamment contre les enfants. La tribune dénonce le silence mondial et l’inaction face à cette crise de grande ampleur.
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Le texte accuse explicitement le Rwanda, et notamment son soutien au groupe rebelle M23, d’alimenter la guerre en pillant les ressources naturelles du Congo. Depuis la résurgence du M23 en 2021, environ 4.000 soldats rwandais auraient envahi l’est de la RDC, s’emparant de zones riches en minerais. Une occupation qui pousse aujourd’hui plus de 10 millions de Congolais à vivre sous la peur.
Les signataires dénoncent un « deux poids, deux mesures » dans la diplomatie internationale : selon eux, l’agression rwandaise est tolérée, alors que des sanctions rapides ont été imposées dans d’autres conflits, comme celui en Ukraine. Ils questionnent ainsi la valeur accordée à la vie des populations africaines dans l’ordre international actuel.
Le rapport Mapping des Nations unies publié en 2010 documentait déjà les crimes commis entre 1993 et 2003. Depuis, les violences n’ont jamais cessé, déplorent les auteurs. Le plan humanitaire des Nations unies pour 2025 n’est financé qu’à 8,2 %, plaçant la RDC parmi les crises les plus négligées du monde.
Les violences sexuelles contre les enfants ont atteint un niveau sans précédent, avec près de 10 000 cas signalés en deux mois. Dans certaines régions, une victime est enregistrée toutes les 30 minutes.
Les Prix Nobel appellent à l’application immédiate de la résolution 2773 du Conseil de sécurité, qui exige un cessez-le-feu sans condition, le retrait des troupes rwandaises et la fin du soutien au M23. Ils demandent aussi l’organisation d’une conférence internationale pour la paix en RDC, visant à créer une plateforme de dialogue durable, incluant femmes et jeunes.
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Enfin, ils réclament la création d’un tribunal international pour juger les crimes commis, sur la base du rapport Mapping. Car, disent-ils, « la justice doit être au cœur de toute paix durable ».
« Nous avons tous un bout du Congo dans nos poches », rappellent-ils, soulignant que les minerais extraits en RDC sont essentiels à la fabrication des smartphones, ordinateurs et véhicules électriques. Selon eux, la question congolaise est aussi une question mondiale, de justice, de paix et de responsabilité collective.