Des membres de la communauté Banyamulenge écrivent à Rose Mutombo, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux après la saga née des interventions contre les banyamulenge et les tutsi en général par l’ancien Ministre Justin Bitakwira. Des interventions dénoncées notamment par l’Ambassadeur de l’Union Européenne en poste à Kinshasa.
« Après lecture, je suis choquée de constater que vous vous exprimez en défenseur de la communauté Tutsi/Banyamulenge qui serait victime d’un discours de haine, alors que vos condamnations sont généralement inexistantes, voire trop faibles, sur les tueries des milliers de congolais par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23 » répondait Rose Mutombo à l’indignation de l’Union Européenne en RDC.
Soutenir le « héros de la guerre contre les banyamulenge »
Pour les banyamulenge, « sciemment ou inconsciemment », il ressort clairement qu’il n’existe pas, pour la Ministre Rose Mutombo, la différence entre un citoyen rwandais d’un Tutsi ou d’un citoyen congolais Munyamulenge.
Aussi, rappellent les Banyamulenge, l’Ambassadeur Marc Châtaigner n’a pas parlé de la diffusion de haine contre les Rwandais encore moins contre le M 23. « Par contre, il voulait vous solliciter, à votre qualité de ministre de la justice, la condamnation des messages de la haine d’une part et la protection des Banyamulenge victimes de la haine répandue par Justin Bitakwira d’autre part ».
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Pour ces représentants de la Communauté Banyamulenge, ne pas reconnaître la différence entre les Banyamulenge et les Banyarwanda c’est « souscrire volontiers au nettoyage ethnique en cours dans le Sud-Kivu profond comme le fait ou incite à le faire souvent monsieur Bitakwira le héros de la guerre contre les Banyamulenge ».
Faire la différence entre le Munyamulenge et le Rwandais
Pour la Communauté Banyamulenge, vouloir confondre Munyamulenge et le Rwandais en les plaçant dans un même panier c’est aller tout droit en l’encontre du président de la République. « Il a dit Les Banyamulenge sont des citoyens congolais à part entière et non entièrement à part fin de citation »
« Vouloir les confondre c’est épouser la volonté de Bitakwira dont le souhait est de les rendre des apatrides. Pour pouvoir les accuser des spoliateurs des terres à Mulenge, des terres dont ils sont pourtant possesseurs depuis la nuit des temps. C’est sympathiser avec lui dont la mission est de procéder à leur exclusion et partant à leur expulsion du territoire national congolais. » Je les ai vu venir « aime- t- il toujours chanter à ses fanatiques de tout acabit. Leurs femmes portant les bisambagara (paniers) sur la tête », regrettent les banyamulenge dans cette correspondance consultée par LaPrunelleRDC.CD.
Et de s’interroger : « Mais comment pouvait-il les voir venir lui qui est né après les années soixante alors que notre grand père Muhemeri Mutuganyi avait régné comme capita sur la même colline de Mulenge, copie belge à l’appui, les années 1930 » ?
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« Bitakwira n’aurait pas dû mériter votre justification ou votre sympathie. Puisque ses agissements vont en opposition avec votre lutte permanente contre la stigmatisation des peuples », écrivent à la Ministre de la Justice.
Sa campagne tribale « criminelle » de toujours, affirment les Banyamulenge, est à la base des milliers de morts banyamulenge tués par d’autres voisins « transformés en Maï-maï ».
« Ses intoxications ont causé tant de dégâts irréparables. Des infrastructures du développement estimés à 90 % complètement détruits (écoles, centres de santé, églises, maisons d’habitation etc…) Des ressources économiques totalement ravies et vendues sur des marchés publics. (Cheptel bovins, ovins, caprins, volailles, porcins etc.) ».
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De ce fait, les Banyamulenge disent donc fustiger avec force « qu’un bourreau passe pour une victime »
« Par contre le géant puissant intoxicateur Bitakwira par sa logorrhée nocive doit continuer à répondre de ses actes ignobles auprès du procureur général près la cour de Cassation à Kinshasa jusque à ce que justice soit rendue aux victimes. Madame la ministre d’État, la contradiction qu’il y a eu entre la convocation de Justin Bitakwira par le Procureur près la Cour de Cassation et son appui par le ministère tutelle relève de l’incompréhension totale. C’est de la pire absurdité ».
Reconsidérer les propos
Les Banyamulenge rappellent que pour la même rhétorique contre les Bashi, Bitakwira a demandé pardon.
« Et non seulement; pour avoir insulté le peuple des Bashi une fois Bitakwira a dû se résoudre et demander officiellement pardon. Mais il s’avère que la même excuse ne peut s’appliquer aux Banyamulenge victimes de ses messages de haine à répétition depuis 2017 puisqu’il s’agit, selon lui, des sujets rwandais envahisseurs et assassins du peuple congolais ».
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Les Banyamulenge demandent donc à la Ministre Rose Mutombo de se « ressaisir » et de « reconsidérer » ses propos pour obliger Bitakwira de demander pardon aux Banyamulenge « comme il l’a fait ailleurs et de pouvoir cesser immédiatement ses intoxications jugées, à ce stade, suffisamment dévastatrices ».
Ils rappellent qu’une plainte contre Bitakwira existe depuis 2021. « Nous sommes confiants que tôt ou tard elle produira ses effets escomptés ».
Contexte
Justin Bitakwira, ancien Ministre et ancien député national connu pour ses sorties polémiques, populistes et contradictoires s’est frontalement attaqué aux communautés Banyamulenge (Tutsi) et Bashi dans une récente émission dans « Bosolo na Politik » le 6 Juillet dernier.
“Un tutsi est un criminel né»; « Ils sont tous pareils. Quand tu vois un Tutsi, un criminel. Quand il est en position de faiblesse, il peut dormir pendant six mois sous ton lit. Et quand il prend la position de force, il va te dire qu’il ne t’a jamais vu, pourtant il a dormi six mois sous ton lit. Je me pose toujours la question de savoir si leur créateur ce n’est pas celui qui a créé le diable. Je n’ai jamais vu une race aussi méchante», disait-il, sans rire.
Des accusations portées également contre la communauté Bashi, accusée d’être « complice » des Banyarwanda dans leur quête en RDC.
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Pour la délégation de l’Union Européenne en RDC, ces propos sont de nature à accroître le risque de violences interethniques, davantage lorsqu’ils émanent d’un leader d’opinion.
Justin Bitakwira a récemment été placé sur la liste de mesures restrictives individuelles de l’Union Européenne pour avoir, de manière répétée, incité à la violence et à la discrimination en propageant un discours de haine, notamment à l’encontre de la communauté Tutsi et en particulier Banyamulenge.
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Pour l’UE, il s’agit d’un cas de récidive qui mérite l’attention collective. Elle demandait au Ministre de la Justice, de s’approprier l’engagement du Président de la République et du Gouvernement à lutter contre toute stigmatisation d’une quelconque communauté ou ethnie congolaise.
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