Accès Humanitaire

Le Groupe d’Experts de l’ONU sur le Congo est revenu encore une fois sur l’organisation et les actions du M23 soutenu par le Rwanda dans les exactions qui se commettent au Nord-Kivu depuis plus d’un an déjà. Un rapport qui met à nu la mauvaise foi de ce groupe armé qui tue, pille, viole et détruit tout à son passage. Tout cela devant le regard de la force de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) et du monde à travers l’ONU. Pourtant, les condamnations du monde sont toujours hésitantes et pleines d’ « équilibrisme ».

Selon le rapport, malgré les efforts bilatéraux, régionaux et internationaux visant à désamorcer la situation qui ont été déployés depuis le rapport à mi-parcours du Groupe d’experts, le Mouvement du 23 mars (M23) a continué à augmenter la fréquence de ses attaques contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les groupes armés associés.

En conséquence, note le Groupe d’Experts, la crise humanitaire s’est aggravée de façon catastrophique, entraînant notamment plus d’un million de civils déplacés. Les affrontements entre le M23 et les FARDC, qui s’accusent mutuellement d’avoir violé les accords de cessez-le-feu successifs ont entraîné des pertes importantes de part et d’autre.

Expansion territoriale

Le M23, qui est bien organisé et équipé, témoignent les experts de l’ONU, a continué à mener des combats intenses sur plusieurs fronts simultanément et souvent pendant des périodes prolongées.

« Le M23 a continué d’étendre la zone sous son contrôle, progressant vers le nord- Est, le sud et l’ouest, souvent avec le soutien de la Force de défense rwandaise malgré une vigoureuse contre-offensive des FARDC, soutenues par des groupes armés locaux, les FDLR et des sociétés militaires privées. Le M23 a pris le contrôle d’autres routes, ponts et villes stratégiques, dont Nyamilima début janvier 2023 ; Kitchanga fin janvier ; Mushaki, fin février ; et, brièvement, la zone minière de Rubaya, le 26 février. Le M23 a presque réussi à encercler complètement la ville de Goma ».

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Fin février 2023, le M23 contrôlait une zone deux fois plus grande que le territoire qu’il contrôlait au début de novembre 2022. Jusqu’à la mi-mars 2023, le M23 a continué à menacer Sake, à seulement 25 km au nord-ouest de Goma, sur la route Mweso-Kitchanga-Goma, notamment en lançant des tirs de mortier.

Le Groupe d’Experts poursuit : A la mi-mars, le M23 a affronté les FARDC et des groupes armés dans le sud et le sud-ouest de Sake et a pris le contrôle de collines surplombant la route entre Sake et Minova, dans le Sud-Kivu, le long du lac Kivu.

Il n’a pas réussi à couper ce dernier axe vers Goma, prendre le contrôle du lac ou pénétrer dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu ; néanmoins, les affrontements ont entraîné des déplacements massifs de civils vers le Sud-Kivu et isolé davantage la ville de Goma.

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Outre les restrictions imposées aux déplacements de la MONUSCO et des agences humanitaires, le contrôle par le M23 des principales routes de transport, notamment celles menant au Rwanda et à l’Ouganda, a également eu un impact économique direct sur Goma, car l’approvisionnement en vivres et autres produits a été perturbé et les prix ont augmenté, relève le Groupe d’Experts de l’ONU sur le Congo.

Dans la foulée, le M23 a également continué de faire fonctionner et de développer son administration parallèle, et de prélever des impôts sur les civils et les acteurs économiques dans les territoires qu’il contrôle.

Retrait incomplet

Selon le récent rapport du Groupe d’Experts consulté par LaPrunelleRDC.DC, malgré les cérémonies marquant le retrait de certaines positions et zones, les preuves recueillies montrent que les retraits et désengagements annoncés par le M23 semblent avoir été purement tactiques, visant à gagner du temps face à la montée de la pression internationale, alors que le groupe armé avait reçu des garanties que les zones « désengagées » ne seraient pas remises aux FARDC, mais à la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est, comme prévu au mini-sommet sur la paix et la sécurité dans l’est de la République démocratique du Congo, tenu à Luanda.

« Malgré la remise symbolique par le M23 des villes de Kibumba et de Rumangabo à la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est, respectivement le 23 décembre 2022 et le 5 janvier 2023, les dirigeants et les combattants du M23 sont restés présents et opérationnels dans ces villes et dans les alentours. D’autres combattants des zones désengagées ont été redéployés dans d’autres régions. En janvier et février 2023, le Groupe d’experts a également reçu des preuves que le M23 et la RDF avaient fait avancer des troupes le long de cet axe, y compris à travers Rugari et Kibumba, pour renforcer le front ouest vers Kitshanga et Sake. La force régionale n’est pas intervenue pour empêcher ce mouvement. De même, il a été signalé à la mi-mars 2023 que le M23 ne s’était pas retiré de la zone autour de Sake-Mushaki-Karuba ni de Bunagana et de ses environs au début du mois d’avril 2023 », explique le rapport.

Le rapport confirme donc que bien que les lignes de front entre le M23 et les FARDC soient restées calmes au début du mois d’avril 2023, le M23 n’a pas pleinement respecté le calendrier de la Communauté d’Afrique de l’Est adopté à la mi-février, qui avait fixé le 30 mars 2023 comme date limite pour un retrait complet.

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« Par exemple, le 12 avril 2023, le M23 a convoqué les acteurs économiques à une réunion dans ses bureaux de coordination à Rutshuru ».

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