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Trois candidats Présidents de la République (tous de l’opposition) viennent de mettre en cause le processus électoral déjà en cours et proposent des solutions pour des élections crédibles et apaisées. Il s’agit du trio Matata Ponyo du (LGD) Mapon, Moïse Katumbi de « Ensemble pour la République » et Delly Sesanga de « Envol ».




Dans un mémorandum contresigné par ces trois ténors de l’opposition et consulté par LaPrunelleRDC.CD, ils peignent un tableau sombre du processus électoral. Toutes les opérations déjà faites par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) sont mises en cause.

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Ces trois leaders d’opposition parlent par de l’opération d’enrôlement des électeurs qui est « biaisée » et qui n’a pas mis toutes les parties prenantes au processus électoral en confiance.




Katumbi, Sesanga et Matata évoquent aussi le sujet du vote de la loi électorale au sein de l’Assemblée Nationale qui n’a pas respecté la procédure mais aussi de la politisation de toutes les grandes institutions du pays « sensées être démocratiques ».

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« La CENI qui est l’institution attitrée pour l’organisation des élections est contestée dans sa composition: la désignation du Président de la CENI par les confessions religieuses a été obtenue au forceps, même si les grandes Eglises catholique et protestantes ont arrêté leur contestation sur la question; les délégués sensés venir de l’opposition ont été choisis par le Pouvoir et continuent à ne pas être reconnus par leur famille politique d’origine. Or la CENI ne saurait tenir sa mission que sur la base de la confiance des compétiteurs électoraux; mais là, elle est déjà une partie du problème, un motif de contestation des résultats de son travail. La Loi électorale, premier instrument de travail entre les mains de la CENI, contient des dispositions sujettes à controverses » dit le trio.




Pour ces opposants, cette loi a été adoptée sans le moindre respect de la procédure parlementaire à l’Assemblée nationale: « aucun amendement n’a été examiné ; aucun article n’a été adopté ni l’exposé des motifs; le speaker de l’Assemblée Nationale a orchestré un cafouillage invraisemblable pour arriver à déclarer cette loi adoptée ».

Ce passage en force, disent-ils, n’a pas d’autre justification que la volonté d’organiser des élections « tronquées ».

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Ils accusent la première étape opérationnelle importante de la CENI, l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs, d’avoir été « chaotique » et s’est déroulée dans « l’opacité la plus totale ».




«  A cet effet, des questions pertinentes posées à la CENI par la Société civile, la Mission d’Observation CENCO-ECC et nous-mêmes sont demeurées sans réponse, A titre d’illustration: L’enrôlement jusqu’à la hauteur des effectifs de 2018 pour des centres dont les machines n’ont pas fonctionné pendant plus d’une semaine ; Certains centres d’enrôlement n’ont pas été retrouvés aux adresses indiquées par la CENI dans la cartographie des centres d’enrôlement de la première aire opérationnelle et quelle a été l’étendue du phénomène dans les 2e et 3e aires dont la cartographie n’a pas été publiée : Les cartes d’électeurs que rachètent des personnalités de l’Union Sacrée au pouvoir dont les titulaires vont se faire délivrer des duplicatas préparent visiblement des votes multiples et parallèles en dehors des centres et bureaux officiels ».

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Plusieurs autres inquiétudes de ces caciques de l’opposition sont contenues dans ce mémorandum.

Des propositions de l’opposition

Au-delà des plaintes et inquiétudes, le trio Matata, Katumbi et Sesanga donne plusieurs propositions pour un processus inclusif, transparent et apaisé.

En premier lieu, ils veulent la Restructuration de la CENI en respectant les droits des parties prenantes à désigner librement leurs représentants.

« La CENI ne saurait assurer sa mission que si elle a la confiance des parties prenantes, sinon un grain de contestation est déjà semé là ».

En deuxième lieu, comme Fayulu, le Trio Matata, Katumbi, Sesanga demande de procéder à l’audit du fichier existant par un cabinet international dont l’expertise en la matière et l’indépendance sont avérées ; et ce, en présence des délégués des parties prenantes. «  Il s’agit d’une question de crédibilité du processus ».

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« Les besoins de respect du calendrier ne sont pas à négliger: organiser des élections dans le respect des délais constitutionnels est voulu par tous; mais il faut des élections de bonne qualité. Il est possible de réaliser cet audit externe sans suspension des autres opérations inscrites au calendrier de la CENI, c’est-à-dire dire concomitamment ».

Étant donné les contraintes financières, les partenaires d’appui tels que l’Union Européenne devraient être sollicités pour la couverture financière, propose le trio.

En troisième lieu, Katumbi, Sesanga et Matata veulent que les différents aspects techniques soient discutés et harmonisés dans un cadre de concertation/dialogue responsable.

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« Établir et faire fonctionner un vrai cadre de concertation entre parties prenantes est d’une grande nécessité pour un monitoring régulier du processus électoral, à commencer par : Faire la lumière sur les matériels sensibles trouvés entre les mains des personnes non-autorisées, notamment lors des accidents de Tshikapa et de Kasumbalesa; Donner le nombre total des machines livrées par Miru Systems et leur déploiement dans les centres d’inscription, avec en appui la cartographie de toutes les aires opérationnelles et donner également le nombre des machines non déployées; Faire la lumière sur les informations ayant trait à une répartition préalable des quotas entre les autorités de l’Union Sacrée, les responsables de la CENI et d’autres personnalités du pouvoir garantissant des sièges d’élus aux prochaines élections » dit le trio.

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En quatrième lieu, ces opposants proposent de revisiter la loi électorale dans ses dispositions controversées, notamment sur le mode de scrutin, la publication des résultats de vote partiels par bureau de vote et lever les équivoques de manière à rassurer tous les candidats;

En cinquième lieu, le trio Matata, Sesanga et Katumbi propose de recomposer la Cour constitutionnelle dans le respect de la loi, en lui assurant toute son indépendance dans son rôle de Gardien suprême du respect de la Constitution et de la légalité en RDC.

En sixième lieu, le trio demande de « requérir la fin de l’instrumentalisation des institutions politiques, judiciaires et fiscales » contre les candidats de l’opposition à la Présidence de la République, dont les cas de Mr Matata Ponyo Mapon et Moise Katumbi Chapwe sont des plus éloquents. «  Il en est de même des arrestations et détentions arbitraires des collaborateurs des candidats Présidents de République issus de l’opposition tels que Lens Omelonga, Salomon Kalonda Della, Mike Mukebayi Nkoso, Daniel Safu, Frank Diongo ainsi que l’intimidation et l’arrestation des journalistes d’un camp politique ».

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En septième lieu, le trio exige de mettre fin aux restrictions de liberté de mouvements des candidats Président de la République à l’intérieur du pays au cours du second semestre 2023 afin de permettre à ces derniers de s’assurer du dépôt de candidatures des membres de leurs partis à tous les niveaux des élections (Présidentielle ainsi que législatives nationale et provinciale).

En huitième lieu, ils demandent d’obtenir que le gouvernement s’interdise d’instrumentaliser les structures étatiques pour bloquer les paiements en faveur des structures liées aux candidats présidents en contrepartie des services rendus conformément aux règles en vigueur

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Et en fin, s’assurer, avec l’appui de la MONUSCO et l’accompagnement des autres partenaires, que les élections se dérouleront sur toute l’étendue de la République.

Ces candidats opposants pensent que le respect  de ces exigences et correctifs permettra la tenue des élections crédibles et évitera « le chaos » au pays.

Claudine Kitumaini
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