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    Devant plusieurs centaines de jeunes ce dimanche 27 août 2023 à Panzi, Denis Mukwege a dénoncé un processus électoral qui conduira vers une « fraude massive qui n’a jamais existé ». Alors que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a déjà convoqué l’électorat pour la présidentielle après les législatives nationales et provinciales, Denis Mukwege lui dénonce des conditions qui ne permettent pas de se choisir librement les dirigeants.

    « Dans trois mois, vous aurez la possibilité de sanctionner vos bourreaux malheureusement et on le voit très bien, vous êtes derrière des personnes que vous savez très bien qu’elles sont criminelles de sang, criminelles économiques, des personnes qui ont déjà fait 5, 10 ans sans rien faire pour vous mais que vous continuez à les soutenir », dit-il, d’emblée devant des jeunes attentifs.

    Poussé par des organisations citoyennes et des partis politiques à se porter candidat Président de la République, Mukwege appelle les d’abord les jeunes à exiger des conditions qui leur permettent de se choisir leurs propres dirigeants. Des dirigeants qu’ils ne se sont jamais choisis depuis 1885 à l’Etat Indépendant du Congo.

    « Si vous vous indignez, vous devez aussi agir. L’indignation sans action, c’est un crime inutile. Par rapport aux élections, je pense que nous n’avons pas de certitude tel que nous le voyons. Beaucoup de jeunes ici, n’ont même pas de carte d’électeur. Et ces cartes s’effacent pour ceux qui en ont. Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir comment on peut remettre des cartes d’électeurs en sachant qu’elles vont s’effacer dans six mois ? C’est votre droit qu’on vous arrache », s’indigne Denis Mukwege.

    Mukwege s’inquiète du manque d’indignation de la jeunesse congolaise face à toutes ces mauvaises pratiques dans son pays.

    « Mais si vous ne faites rien aujourd’hui, on vous imposera des personnes le 20 décembre et vous allez accepter. Est-ce que ce sera une surprise ? Ça ne sera pas une surprise. C’est comme si nous avons perdu même le droit d’indignation ».

    Denis Mukwege est formel : des élections dans ces conditions ne permettront pas aux jeunes de pouvoir s’exprimer correctement.

    « Mais, en effet, c’est comme on mettait tout le monde devant deux possibilités : on vous prépare des élections qui sont d’avance frauduleuses ou on vous dit ne participez pas puisque vous n’êtes pas d’accord. Si vous ne participez pas, le boulevard est ouvert et on dira que même si c’est à un millions de personnes qui votent, ils vont désigner ceux qui ont gagné parce qu’il n’y avait pas de contrepoids ».

    Décriant les pratiques de paiement de 5000 francs congolais ou plus lors de l’enrôlement des électeurs, Mukwege pense que quand on a des telles irrégularités, les jeunes et les intellectuels ne devraient pas se taire « pour dire que la voie qui nous permet de faire notre choix est déjà biaisée ».

    « Que pouvons-nous espérer ? Nous sommes à trois mois des élections et la grande indignation serait déjà de pouvoir manifester pour ceux-là qui ont des cartes d’électeurs effacées afin de leur dire qu’ils doivent assumer la responsabilité d’avoir payé des mauvaises cartes d’électeurs. Mais nous nous taisons et nous allons aux élections qui sont préparées pour être fraudées, malheureusement. Je vous recommande de lire l’histoire du Congo et vous verrez que depuis 1885, de la création de l’EIC à ce jour, les congolais n’ont jamais choisi leurs dirigeants. On nous a toujours imposés les personnes qui ont dirigées ce pays ».

    Objectif, selon « l’homme qui répare les femmes » : entretenir le Congo dans un état de faiblesse où il doit continuer à être exploité.

    Dans cette dénonciation d’une éventuelle fraude massive, Mukwege cite la dernière élection présidentielle de 2018, ayant abouti à un « arrangement à l’africaine sans expliquer pourquoi l’ont-ils fait ».

    « Nous allons subir la même chose aux prochaines échéances si notre jeunesse ne pose même pas la question de savoir pourquoi les cartes d’électeurs s’effacent après quelques mois. C’est une malhonnêteté et malheureusement toutes les grandes puissances soutiennent un processus qui nous amène vers une fraude massive qui n’a jamais existé. De l’indignation, il nous faut de l’action pour avoir des dirigeants que nous méritons ».

    Bertin Bulonza, Freddy Ruvunangiza

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