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    Le retrait de la force onusienne en RDC continue son cours normal. Des casques bleus continuent de laisser leurs différentes bases aux forces de défense et de sécurité de la République démocratique du Congo, surtout au Sud-Kivu, première province concernée par le plan de désengagement de la MONUSCO en RDC. Mais au-delà de ce retrait devant des caméras et tambours battants, des femmes ayant eu des enfants avec des agents de la MONUSCO ou celles qui accusent des membres de la force Onusienne d’exploitations sexuelles continuent de manifester.

     Au cours de ces différentes récentes manifestations, des femmes accusent des agents et casques bleus de la MONUSCO d’avoir eu des enfants avec elles sans qu’elles ne sachent le sort de leur progéniture après le désengagement de la force de l’ONU en RDC.

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    Le phénomène « Enfants MONUSCO » est connu en RDC depuis des années.

    A l’occasion de la célébration de la journée mondiale des casques bleus ce 29 mai, des femmes victimes de ces actes continuent de réclamer une réparation des dommages dont sont auteurs les casques bleus ; alors que ces derniers sont en train de quitter le pays.

    Pourtant, l’alerte était déjà faite dans l’ouvrage : « Construction de la paix et rôle de la MONUSCO » de Bienvenu Karhakubwa publié à l’Harmattan, Paris, dans les années 2021 et consulté par La Prunelle RDC.

    L’auteur explique dans cet ouvrage que les enfants constituent une bénédiction quand ils sont bien encadrés. Il indique que quand on parle des bienfaits, il est nécessaire de parler également des méfaits. Cet auteur s’est projeté dans la vie future de ces enfants abandonnés à leur triste sort.

    « Les Enfants sont abandonnés presque partout en RDC. Mais, plusieurs yeux ne voient pas que demain ces enfants peuvent constituer un autre problème pour le pays. Pourtant, les enfants sont une bénédiction lorsqu’ils sont bien gérés. Ceux-là méritent aujourd’hui une attention particulière pour que demain ils soient une solution, une baraka et non un problème pour tous. Pendant qu’on parle du retrait de la MONUSCO, on doit parler non seulement des acquis de cette mission mais aussi de tous ces effets méfaits de sa présence qui entachent la paix future, pour voir qu’est-ce qui peut être corrigé. Sommes-nous une voix qui crie dans le désert ? », s’était interrogé Bienvenu Karhakubwa.

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    D’ailleurs, ce dernier indique que les femmes sont visibles dans plusieurs localités de la République démocratique du Congo.

    Il insiste sur le fait que les femmes victimes de ces atrocités seraient victimes d’exploitation sexuelles car nombreuses d’entre elles sont issues des familles prolétaires. Bienvenu Karhakubwa revient également sur la définition de la violence sexuelle.

    « Ce sont des enfants abandonnés dans plusieurs localités du pays, à leur triste sort. Ces enfants, pour la plupart, naissent d’exploitation et de violences sexuelles des Casques bleus onusiens sur des filles ou femmes congolaises. La plupart de ces filles-mères, sinon toutes, sont issues de familles très pauvres. En effet, « l’exploitation sexuelle désigne le fait d’abuser ou de tenter d’abuser d’une situation de vulnérabilité, d’une position d’autorité ou de rapports de confiance à des fins sexuelles,

    Notamment en vue d’en tirer des avantages pécuniaires, sociaux ou politiques. On entend par « violence sexuelle » tout contact de nature sexuelle imposé par la force, sous contrainte ou à la faveur d’un rapport inégal », précise le Code de conduite de cette mission de maintien de la paix de l’ONU » poursuit-il.

    Malheureusement, ajoute cet auteur, Ces soldats de la paix ont profité de leur position et avoirs, face à la pauvreté inouïe de ces petites filles ou femmes congolaises qui viennent soit pour leur vendre des fruits (bananes, oranges, etc.), soit pour exécuter de petits travaux champêtres près des camps de la MONUSCO. Jamais de relations négociées à rapport égal).

    En effet, rappelait Bienvenu Karhakubwa, l’Accord de mai 2000 entre l’ONU et la RDC concernant le statut de la MONUC, aujourd’hui MONUSCO, note en son point 51 que « les membres militaires de l’unité militaire de la MONUC sont soumis à la juridiction exclusive de l’État participant dont ils sont ressortissants pour toute infraction pénale qu’ils pourraient commettre en RDC.

    Dans son ouvrage, Karhakubwa fait savoir qu’il y aurait un dossier ouvert contre les agents de la mission onusienne. Ceci, pour avoir commis un viol en la personne d’un mineur de 16 ans. Aussi, ces enfants vivent dans des conditions sociales médiocres (pas de scolarité).

    « Il convient de souligner qu’il y a également des dossiers ouverts contre des Casques bleus de la MONUSCO pour viols sur mineures dans des cours et tribunaux en RDC. Pour illustration, au Parquet près le tribunal de grande instance de Bukavu existe notamment une plainte contre un Casque bleu de la MONUSCO accusé d’avoir violé une jeune fille mineure de 16 ans. Quand la plainte fut déposée en 2013, le père biologique présumé, Casque bleu, a été aussitôt remis par la MONUSCO en Afrique du Sud, son pays d’origine. De cette relation de viol sur mineure est né un enfant. La jeune fille-mère, avec qui nous nous étions personnellement entretenus, lors des enquêtes, est prise en charge, à Bukavu, par une ONG locale de renom dont nous taisons le nom pour raison d’éthique de recherche… », disait-il.

    Notons que jusqu’à présent rien n’est fait pour que ces « enfants MONUSCO » et ces filles-mères congolaises, victimes de la barbarie du personnel de cette mission de l’ONU, soient pris en charge.  « Ces enfants sont prédisposés à devenir des  » Shegues », des « Mayibobo », des  » abandonnés pour la rue » avec toutes les conséquences.

    Suzanne Baleke

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