Deux véhicules seulement sont passés au contrôle technique à Bukavu dans l’un des plus grands garages de la ville au cours du mois de janvier. Des milliers de véhicules circulent donc sans contrôle technique mais possédant des documents délivrés par le Ministère des transports. Une situation qui favorise plusieurs accidents dans la ville et qui met la vie des citoyens en danger.
A Bukavu et au Sud-Kivu des accidents se multiplient. Deux accidents de circulation ont été déclarés en moins d’une semaine emportant au moins 5 personnes respectivement sur l’axe chez Baba Chingazi et sur la route nationale N° 2 Bukavu-Walungu. Des habitants et autorités trouvent des raisons ailleurs. Certains accusent l’état de la route ou encore l’ivresse au volant.
Mais personne n’évoque la vétusté de ces engins. Combien de véhicules fréquentent les garages officiels prévus pour le contrôle technique ? La réponse est étonnante. Deux véhicules seulement se sont fait contrôler dans l’un des plus grands garages.
Une réponse étonnante d’autant plus que nombreux de ces véhicules disposent d’un document de contrôle technique.
« Nous avons totalisé deux véhicules passés au contrôle technique dans notre garage. Les autres sont passés par le ministère. Comprenez que c’est ça le grand problème que nous avons et qui cause aujourd’hui beaucoup d’accidents puisque la majorité des véhicules ne sont pas contrôlés par les techniciens », explique un technicien dans un garage de Bukavu.
Selon de nombreuses sources ayant requis l’anonymat, le Ministère des transports donne des documents de contrôle technique sans passer par le garage. Même cas pour le permis de conduire.
Plusieurs conducteurs ne sont pas vraiment habilités à conduire mais ils ont quand même des documents. Des véhicules et conducteurs non en ordre circulent dans une ville comme Bukavu avec tous les risques.
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Ce technicien se plaint et pense que cet état des choses est à la base de nombreux accidents dans la ville de Bukavu et ses environs.
« Ces derniers temps nous ne voyons plus les chauffeurs venir faire le contrôle technique au garage. Les chauffeurs qui viennent pour le moment, ont été réduits à un 1% puisque la plupart des chauffeurs sont sollicités par les agents du Ministère des transports et de la communication. Cela veut dire qu’au lieu que les chauffeurs viennent faire le contrôle au garage, ils vont directement au ministère de transport et communication et à partir de là, un document de contrôle technique leur est livré sans passer par le garage. Comprenez que le pourcentage a été réduit par rapport à ce système, du fait que la majorité ne veut plus aller au garage puisque là on va examiner le véhicule en faisant le diagnostic même avec des machines qui contrôlent alors que les chauffeurs n’aiment pas venir au garage puisque là nous allons les obliger de mettre leurs véhicules en ordre. Pourtant, quand ils vont au ministère, on leur donne les documents sans examiner les véhicules puisqu’ils ne vont pas au ministère avec les véhicules. Aussi, ceux qui sont au ministère ne sont pas des experts mécaniciens ».
Ce technicien demande aux chauffeurs d’être conscients car ils ne mettent pas seulement leur vie en danger mais aussi celle de la population
« Moi aussi je suis chauffeur, et je peux demander aux chauffeurs de Bukavu d’avoir conscience et aussi de se mettre à la place de la population. Lorsque leurs engins vont les accidents, ils exposent leur vie ainsi que celle des autres. Pour éviter ça, il faut que nous soyons très vigilants quand nous conduisons. Je les appelle de passer au garage pour faire le contrôle de nos voitures. Le garage n’exige pas au chauffeur de faire réparer la voiture dans le même garage qui fait le contrôle. Nous leur demandons d’aller réparer leurs véhicules et dès que les véhicules seront en ordre, ils reviennent pour vérification. Si le véhicule est en ordre, on livre directement le document qui permet aux chauffeurs d’aller au ministère maintenant pour avoir les documents de contrôle technique mais lorsqu’ils échappent au contrôle que nous faisons au garage, ils s’exposent et exposent la population. La faute est au Ministère des Transport, lui-même. Comment imaginez-vous que le document de contrôle technique se retrouve directement au Ministère des Transports et Communication sans passer par le garage ? ».
L’autre problème c’est celui de livrer le permis de conduire à tout celui qui a son argent et ses deux photos passeports par le ministère des transports.
Cette institution n’exige jamais des examens pour délivrer ce document important.
« Les accidents qui sont en train d’être causés par les chauffeurs qui ne maîtrisent pas bien le code de la route ou même la conduite c’est parce qu’à part le contrôle technique, il y a de ces chauffeurs qui ont le permis de conduire sans passer par aucun examen. Imaginez quelqu’un qui a son permis de conduire sans avoir fait l’examen. On ne sait pas s’il sait conduire ou pas. Il suffit qu’il vienne avec son argent au ministère des transports avec ses deux photos passeport et le permis lui est donné. Et généralement c’est le permis de n’importe quelle catégorie. On ne lui fait pas faire un examen pour savoir s’il est capable de conduire un véhicule et de quel type. On ne peut pas s’étonner qu’il y ait beaucoup d’accidents ».
Il faut rappeler que des accidents routiers sont enregistrés chaque jour dans la ville de Bukavu et ses environs .Des pertes en vies humaines et bien matériels sont aussi enregistrées. Une situation qui exige que la responsabilité de chacun soit tirée et que les sanctions suivent.
Claudine Kitumaini