Intervenons-nous

Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a présenté ce jeudi 10 février 2022 à Bukavu, le bilan de son action humanitaire réalisée en 2021, dans les provinces du Sud-Kivu et du Maniema. Malgré les contraintes sécuritaires notamment, les équipes du CICR ont évacué plus de 544 blessés par armes, le plus souvent vers l’Hôpital provincial de Bukavu, où ils sont soignés. Plus de 53.616 patients ont également bénéficié des soins gratuits dans les centres de santé et hôpitaux soutenus par le CICR au Sud-Kivu et au Maniema.

Dans son adresse au cours d’une conférence de presse, Stijn Houben, chef adjoint de la sous-délégation du CICR au Sud-Kivu et au Maniema, déplore le fait que l’année dernière, les violences et les affrontements n’ont pas cessé dans la région. Selon lui, pendant que lees hauts plateaux d’Uvira et de Fizi ont connu une flambée de violences intercommunautaires, les combats ont également continué à gagner du terrain dans le territoire de Kabambare au Maniema.

Le Chef du CICR au Sud-Kivu et au Maniema affirme que les conséquences pour les populations vivant dans les territoires affectés par ces affrontements et les combats continuent à être préoccupantes.

«Violence, Violences sexuelles, Déplacement de la population, blessés par armes, séparation des membres de famille, pillage de centre de santé ou incendie des maisons, pour nommer juste quelques conséquences humanitaires causées par ces conflits et autres situations de violence,» affirme-t-il.

Quoi qu’il en soit, le CICR dit avoir poursuivi, avec ses partenaires du mouvement de la Croix-Rouge, leurs activités humanitaires, afin de rendre aux victimes de ces violences « un peu d’humanité », de « dignité et d’espoir ».

Celui-ci dit cependant être inquiet de la montée en puissance l’année dernière, des attaques contre les humanitaires, dans différentes entités du Sud-Kivu. Selon Stijn Houben, cette situation « n’est pas tolérable ».

«Parmi les défis majeurs que nous avons dû relever dans notre mission dans des zones de conflit et de violence est bien sûr d’assurer la sécurité de nos collaborateurs. Cette tâche cruciale pour la continuité des opérations devient de plus en plus compliquée. C’est donc avec une grande inquiétude, que j’ai dû constater ces derniers mois, la poursuite des actes criminels, braquages et kidnapping visant les organisations humanitaires dans le Sud-Kivu. Cette situation n’est pas tolérable, les organisations humanitaires ne doivent plus être la cible d’actes criminels et doivent pouvoir faire sans entrave leur travail impartial de venir en aide aux victimes et aux plus vulnérables. Un autre défi pour le CICR et ses collaborateurs de Bukavu et Uvira, sont les contraintes logistiques pour atteindre les populations affectées, qui se situent parfois dans des régions éloignées et escarpées, surtout en saison des pluies. Bien sûr, la crise sanitaire Covid-19 nous a obligé à revoir parfois notre mode opératoire notamment dans la Détention, à adapter nos activités à la pandémie, en soutenant les autorités sanitaires dans la lutte contre la propagation de cette maladie,» indique-t-il.

En outre, le responsable du CICR au Sud-Kivu et au Maniema décrie les violences sexuelles, qui dit-il, restent un des problèmes humanitaires majeurs au Sud-Kivu. Selon Stijn Houben, les violences sexuelles sont le plus souvent commises dans l’intention de « déshumaniser, de dégrader et d’humilier ».

«Qu’il soit commis dans le cadre d’un conflit armé ou non, le viol et les autres formes de Violences Sexuelles constituent des crimes qui doivent être sanctionnés par la loi, comme c’est d’ailleurs expressément prévu en droit congolais. En situation de conflit armé où le DIH s’applique, le viol et les autres formes de violence sexuelles constituent des crimes de guerre. La lutte contre les violences sexuelles est donc au cœur du mandat du CICR et de ses efforts de prévention. Par nos projets, nous offrons aux victimes une prise en charge psychologique et médicale, ainsi que le référencement vers des structures locales spécialisées pour une prise en charge holistique. Actuellement, nous appuyons en partenariats avec la Croix-Rouge de RDC et des associations locales 7 Maison d’Ecoute. Plus de 40 Agents Psychosociaux et Sensibilisateurs travaillent dans ces Maisons d’Ecoute, et sont formés et supervisés par l’équipe psychosociale du CICR. Nous organisons, en partenariat avec la Croix-Rouge RDC et des associations locales – des campagnes et séances de sensibilisation afin d’adresser le problème de la stigmatisation, l’exclusion et la discrimination. Notre approche consiste aussi à considérer les autres besoins humanitaires des victimes de violence sexuelles tels que la protection, l’accès à l’éducation ou la sécurité économique,» déclare-t-il.

Le CICR ajoute qu’à la suite des affrontements ou des conflits ; de nombreux pères, mères ou enfants se sont séparés et n’ont pas de nouvelles de leur proche. Le CICR, en collaboration avec la Croix-Rouge de la RDC, recherche des personnes séparées en lien avec le conflit et essaie de les ramener auprès de leurs familles.

En 2021 par exemple, le CICR a réuni 218 enfants non-accompagnés avec leurs familles, dont 41 enfants en lien avec l’éruption volcanique Nyiragongo à Goma, dans la province du Nord-Kivu.

«Nous suivons également la situation des personnes détenues en lien avec le conflit. Au Sud-Kivu sur un total de 4 308 détenus visités, 471 personnes ont bénéficié d’un suivi individuel du CICR dans six lieux de détention. Nous veillons à prévenir les mauvais traitements et améliorer les conditions de détention. Le CICR demeure très engagé dans le travail de protection et d’assistance dans les lieux de détention. Mais, l’accès aux soins et l’alimentation des détenus reste de la responsabilité des autorités même si le CICR les appuie dans ces domaines,» indique Stijn Houben.

Et d’ajouter : «Une autre activité phare que nous menons sont les évacuations médicales. En 2021, nos équipes ont évacué plus de 544 blessés par armes, le plus souvent vers l’Hôpital Province Général de Référence de Bukavu, où ils sont soignés par des équipes chirurgicales congolaises qui ont été formées par le CICR. Les frais de traitement sont pris en charge par le CICR. De janvier à décembre 2021, 432 blessés, civils et combattants, ont été admis à I’HPGRB et plus de 930 actes opératoires ont été pratiqués. Nous soutenons aussi des structures de santé situées proche des zones de conflit dans le but d’améliorer l’accès aux soins de santé aux personnes touchées et de contribuer à la stabilisation des blessés par arme avant qu’ils ne soient transportés à I’HPGRB. Dans la seule année, plus de 53 616 patients ont bénéficié des soins gratuits dans les centres de santé et hôpitaux soutenus par le CICR au Sud-Kivu et au Maniema,» déclare le Chef de la sous-délégation du CICR.

Stijn Houben affirme que dans la même année, plus de 968 personnes en situation de handicap ont bénéficié de services de réadaptation physique, et 678 personnes ont reçu un appareillage orthopédique approprié à leurs besoins, dans le cadre de son programme de prise en charge des personnes handicapées victime des conflits ou indigentes, exécuté au centre Heri Kwetu à Bukavu et au centre Béthanie à Uvira.

«Le CICR a également distribué de la nourriture, des semences ou des biens essentiels de ménage aux populations ayant souffert des affrontements. Au-delà de cette réponse d’urgences, nous renforçons la résilience des communautés par le rétablissement de leurs moyens de production agricole et piscicole. De janvier à décembre 2021, 73 254 déplacés ou résidents de Salamabila, de Fizi ou Uvira ont bénéficié de rations en nourriture, 25 955 ont reçu de biens essentiels de ménage (kits de cuisine, kits d’hygiène et literie), 87 930 ont bénéficié de semences, d’outils aratoires, 3 988 ont reçu de l’argent en cash et 3 342 personnes ont bénéficié des programmes d’activités génératrices de revenus. Nos ingénieurs ont rétabli l’accès à l’eau potable dans des centaines de communautés affectées. En tout, plus de 52 348 personnes ont bénéficié de la réhabilitation et de la construction des systèmes d’approvisionnement en eau en milieu rural et urbain,» explique cette organisation internationale.

Cette année, le CICR soutient qu’il continuera à répondre aux besoins humanitaires dans la limite de ses moyens, jusque dans les endroits les plus difficiles d’accès.

«Notre action humanitaire, neutre et sans discrimination va répondre aux problématiques des violences sexuelles qui continuent à être une conséquence humanitaire préoccupante, de déplacement interne dû au conflit, des soins de santé qui est en danger à cause des attaques multiples contre les structures de santé et le personnel soignant, de recrutement de mineurs dans les forces et groupes armés et de la situation des détenus en lien avec le conflit,» insiste M. Stijn Houben.

Organisation humanitaire « neutre, impartiale et indépendante », le CICR s’emploie à protéger la vie et la dignité des personnes affectées par les conflits armés et autres situations de violence, et de leur porter assistance. En RDC, il fournit de l’aide humanitaire sur le terrain pour alléger la souffrance des victimes des conflits armés, mais travaille également pour la promotion et la mise en œuvre du droit international humanitaire (DIH).

Museza Cikuru

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