Le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu a, une fois de plus rendu public une déclaration dans laquelle elle fustige une gouvernance chaotique de la Province par les tenants du pouvoir. Plusieurs aspects sont évoqués dans ce document consulté par LaPrunelleRDC.CD. Nous vous le proposons en intégralité.
« INQUIETUDES DE LA SOCIETE CIVILE DU SUD KIVU SUR LA SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE ET POLITIQUE EN PROVINCE.
Depuis quelques mois environs, les organisations de la société civile du Sud Kivu s’inquiètent de l’indifférence avec laquelle les différentes préoccupations vitales de la population sont gérées tant au niveau provincial que national.
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Après le déroulement de deux sessions parlementaires dont l’une a abouti à la mise en accusation du Gouverneur de province, il s’en est suivi la duplication du bureau de l’assemblée provinciale du Sud-Kivu pour des motifs que seules les personnes soucieuses du sous-développement de la province du Sud-Kivu connaissent. Trois jours après la mise en place de deux bureaux de l’assemblée provinciale du Sud-Kivu, comme cela est devenu de coutume, un télégramme du célèbre vice premier ministre de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières a surgi, demandant aux deux bureaux de rejoindre la capitale Kinshasa. Depuis lors, tous les deux bureaux y sont ainsi que presque tous les députés provinciaux.
La société civile avait recommandé, que soient rappelés également le Gouverneur et le Vice-gouverneur pour qu’une suite en faveur du triomphe de la démocratie soit donnée et connue. Mais hélas ! Kinshasa a préféré maintenir la confusion et presqu’un chaos de gouvernance au Sud-Kivu. Depuis lors, c’est la cacophonie totale. Malheureusement tout cela terni l’image et la volonté du Chef de l’Etat.
La société civile du Sud-Kivu a interpellé les « notables « de la province, territoire par territoire, pour une véritable table ronde devant amener les sud-kivutiens à sortir du gouffre dans lequel le plonge la gouvernance actuelle. On note par exemple que :
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- La province fonctionne sans budget voté, sans crédits provisoires
- Les députés provinciaux sont bloqués à Kinshasa attendant impatiemment d’être reçus par le Chef de l’Etat, entre temps, personne ne joue le rôle de contrôle de l’action du gouvernement provincial, aucune plénière organisée depuis lors pendant que la clôture de la session de mars approche le 30 juin 2023.
- Aucune suite réservée jusqu’à présent à la mise en accusation du gouverneur de province, on dirait un fait divers
- Pour une certaine opinion, il faut fermer les yeux sur les bavures des uns et des autres (gouvernement provincial et assemblée provinciale) comme les élections approchent il faut favoriser la stabilité des institutions. Y a-t-il plus grande stabilité que celle de savoir jouer chacun son rôle pour lequel il on est investi légalement ?
- La société civile du Sud-Kivu avait demandé que soient annulés tous les contrats PPP (partenariat public privé) en ce qu’ils sont à la base la clochardisation des agents de l’Etat et n’ont prouvé en rien jusqu’à présent en quoi ils ont contribué à renflouer les caisses de l’Etat en province, bien au contraire on s’en sert pour détruire et appauvrir davantage la province. Comme pour se moquer de la société civile et de tout le monde d’ailleurs, le Gouverneur a renouvelé tous ces contrats PPP pour quel avantage ?
- Le Ministre national de l’économie venait de revoir à la hausse la structure de prix en ce qui concerne le prix du carburant, on passe de 3400Fc à 3550Fc, pour quelle fin ?
- Les opérateurs économiques se plaignent également de la hausse de prix pour dédouaner les marchandises, quelle autorité en fait une priorité ?
- Beaucoup de citoyens sont malmenés dans la ville de Bukavu à cause du phénomène « dollars sale, dollars avec écrit », qui a fait du dollar une monnaie primordiale pour la province du Sud-Kivu ? car un tel phénomène n’est pas observé dans d’autres provinces. Par contre on apprend que certains banquiers et cambistes favoriseraient l’achat de ces dollars à moindre coût pour en tirer bénéfice. Ce qui étonne et choque le plus c’est que les banquiers refusent également ces mêmes billets qu’ils donnent eux-mêmes. Pourquoi l’autorité monétaire en RDC qu’est la Banque Centrale du Congo, ne prend pas-t-elle des mesures d’autorité pour stopper ce fléau qui fâche les citoyens ?
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- Le choléra fait rage à cause du manque d’eau potable…entre temps plusieurs citoyens se plaignent que la REGIDESO ne tarit pas quand il s’agit d’apporter des factures pendant que l’eau ne coule pas dans certains robinets pendant plus de trois mois. N’est-il pas venu le moment d’instaurer également le « Cash water » pour stopper cette injustice ? de l’autre cote on se doit de condamner tous ces mauvais citoyens qui construisent sur les tuyaux et autres installations de la REGIDESO occasionnant ainsi des pannes interminables qui privent la population de l’eau pendant autant de mois avec les conséquences qui s’en suivent.
- Les incendies ont repris de belle à Bukavu : trois en un mois et presqu’au même endroit : Cimpunda, Camps Zaïre, Irambo … pas de camion anti incendie pour combattre le feu, pas d’enquêtes pour en connaitre l’origine pourtant il existe en province une unité de protection civile. il est inadmissible qu’on continue de gérer la province par des appels à solidarité. La solidarité africaine oui mais l’Etat doit s’assumer en premier.
- Le FONER a remis ses barrières sur certaines route pour collecter les taxes entre temps aucune redevabilité pendant que toutes les routes sont en état de délabrement très avancé , des ponts coupés, les cas les plus flagrants sont à Kalehe (Pont Luzira, Pont Makelele, effondrement à l’endroit dit « chez les Français », route Bunyakiri surtout au niveau de Fumia, les coupures des routes et ponts sur la route menant à UVira, des camions bloqués dans le territoire de FIZI créant un grave préjudice aux commerçants, de l’impraticabilité de la route NGOMO avec toutes ses conséquences humiliantes, etc.
- Dans la ville on collecte la taxe de 1000fc pour stationnement des taxis et bus, 500Fc pour la moto, la Mairie peut-elle dire aux contribuables à quoi sert cette taxe et combien de francs collectés par moi ? La contrepartie de cette taxe c’est laquelle ? il est en est de même de la taxe sur l’éclairage public que la Mairie reçoit de la Snel.
- La gestion de la taxe de 60fc par litre de carburant a toujours été opaque au Sud-Kivu pendant qu’elle fait des merveilles au Nord-Kivu
- Les étrangers vendent du lait de vache en provenance du RWANDA, exposé au soleil, ce lait s’il n’est pas vendu dans la ville ne peut plus franchir la frontière pour rentrer au RWANDA, la santé du congolais à un prix, personne ne s’en occupe et c’est bien dommage.
- L’Etat central rétrocède à la province les fonds quand bon lui semble, le respect de la retenue à la source de 40% n’est pas appliquée, nos élus nationaux n’en disent rien. Pendant ce temps, la province à son tour ne rétrocède rien aux ETD, à leurs tours les ETD communiquent moins sur la gestion des recettes locales qu’elles perçoivent et à quoi elles sont affectées. C’est quel genre de gouvernance finalement ?
- La ville a récemment était secouée par une vague d’arrestation d’opérateurs économiques et des hauts cadres de l’administration de finance en province et de la sécurité (DGM, ANR, DGDA) y compris le conseiller financier du gouverneur de province. Dans cette vague d’arrestations, des coffres forts et d’importantes quantités s d’or ont été saisis et emportés à Kinshasa pour décourager les exportations de l’or en faveur du RWANDA, pays agresseur. De l’autre côté, la raffinerie PRIMERA GOLD a montré ses performances en vendant autant de kilos d’or qui jadis n’avaient jamais été tracés. Tout en saluant le souci du Gouvernement central à restaurer de l’ordre dans le secteur de l’or artisanal au Sud Kivu, il y a lieu de recommander qu’un procès équitable soit rapidement organisé pour que la vérité soit connue dans ce dossier d’une part et d’autres part que les dividendes que gagne la société PRIMERA GOLD ne soient pas seulement bénéfiques pour Kinshasa mais bien plus de l’administration de mine en province et beaucoup plus pour améliorer les conditions de vie de la population habitant les milieux où est extrait l’or artisanal. Il n’est pas interdit à PRIMERA GOLD d’avoir également une fondation pour régler certains cas sociaux de milieu où est extrait l’or en province du Sud-Kivu. La population du Sud-Kivu a besoin de l’accroissement du budget provincial à travers l’installation de PRIMERA GOLD en province. Que cette société également songe à monter également une raffinerie pour les minerais de 3T et là le Sud-Kivu gagnera de plus en plus. Il serait également pertinent qu’elle soit à l’écoute des tenanciers de comptoirs d’achat d’or qui se plaignent du faible taux d’achat de l’or par rapport aux prix alléchant proposé par les pays voisins et qui les tente de coopérer avec ces derniers.
- De l’or continue d’être exploité dans le territoire de Mwenga par des sociétés étrangères connues et inconnues. l’on se demande la suite réservée aux missions parlementaires et aux dénonciations multiples de la société civile par rapport à cette cacophonie dont l’impact demeure invisible par rapport au vécu quotidien de la population. Il est temps que ces sociétés publient ce qu’elle paie à l’Etat congolais en contrepartie de cette exploitation minière illicite pour la plupart des cas.
- La spoliation de maisons et autres biens de l’Etat en province est désormais facilité par certaines autorités judiciaires bien identifiées. La société civile a eu vent des magistrats délogés dans leurs maisons sur ordre de leur hiérarchie. Ils sont devenus locataires et l’on se demande quel sera le sort de plus de 2000 magistrats récemment nommés par ordonnance présidentielle par rapport à leur logement ? si la justice ne peut plus protéger les biens de l’Etat qui le fera ?
- L’on vend à Bukavu du ciment avec mention « produit en République Démocratique du Congo » pourtant il est établi que la cimenterie de Katana est aux arrêts. Qui peut expliquer cela ? d’où provient ce ciment ?
- Le rapport de l’IGF a finalement été publié et quelle est la suite ?
- Les travaux sur la route Gihamba et au niveau de la place dite Major Vangu sont bloqués, quel est le problème ? par contre il y a lieu de louer les travaux qui s’effectuent sur la route vers Kavumu et certaines routes secondaires de la ville. Ces actions ne sont pas une faveur pour la population mais bien un droit légitime, une obligation de l’autorité.
En conclusion, la société civile du Sud-Kivu :
- Constate que la province du Sud-Kivu est mal gérée et les responsabilités sont partagées entre Kinshasa et les institutions provinciales
- Toutes les pistes de sorties proposées par la société civile n’ont pas été prises en compte et on se demande quel sera le thème de campagne des dirigeants actuels dans les institutions provinciales
- La société civile va accentuer sa campagne zéro élu réélu autant pour ceux qui sont à l’exécutif que ceux qui sont dans les parlements à tous les niveaux.
- La société civile note la faible volonté du Chef de l’Etat, garant de la nation et du fonctionnement normal des institutions à dénouer rapidement la situation qui prévaut en province. Cela aura certainement un impact lors des élections prochaines par rapport à l’alignement des candidats du parti présidentiel si rien n’est fait. La politique du pourrissement de la situation actuelle se retournera certainement contre ceux qui ont nourri ce chaos
- La société civile recommande à l’UDPS et tous ses alliés –avant qu’il ne soit tard- de revoir rapidement, et leur politique, et leurs carte au Sud-Kivu sinon ils ne récolteront que ce qu’ils auront semé. On ne se moque pas du peuple qu’on dirige car enfin de compte le dernier mot lui revient toujours.
- La société civile du Sud-Kivu invite la population à être trop vigilante pendant la campagne électorale car l’achat des consciences se prépare déjà par ceux-là de ces fils qui l’ont appauvrie pendant 5 ans et qui veulent à tout prix renouveler leur mandat sans bilan positif. Carton rouge à eux. Par ailleurs, elle encourage la population à voter au moins pour une femme dans chaque circonscription électorale et pour un jeune. Il nous faut de femmes et des femmes intègres qui ont eu du succès dans leur parcours et qui peuvent changer la donne pour les élections à venir.
- La société civile invite les députés provinciaux à rentrer au bercail et à tirer des leçons de leurs mésententes et échecs
- Toutes les structures de la société civile à tous les niveaux doivent se mettre en action pour organiser des débats contradictoires des candidats pendant la campagne électorale afin qu’ils expliquent leur bilan, leur vision et que la communauté signe des contrats sociaux avec eux solennellement, lesquels serviront d’évaluation pour leur prestation une fois élus. Il faut que le peuple se réveille et se libère de tous ces mauvais dirigeants.