Intervenons-nous

Il s’observe depuis un certain temps une contradiction entre les résultats de l’INRB et les autorités provinciales sur les cas de covid-19 en RDC. Cette situation renforce la résistance de la population, sur l’existence de cette maladie au pays, et rends difficile la campagne de riposte.

Tout est parti de l’annonce du premier cas de coronavirus virus, dans la ville de Goma, par l’Institut national de recherche biomédical (INRB). Ce cas sera vite démenti par le gouverneur du Nord-Kivu, qui soutint à l’époque qu’aucun cas de Covid-19 n’était enregistré dans la ville volcanique. Plus tard, l’INRB joindra sa voix à celle du gouverneur Carly Nzanzu Kasivita, évoquant  une confusion entre l’échantillon venu de l’Ituri et celui de Goma.

Au Sud-Kivu une situation similaire vient de se produire. Alors que l’INRB annonçait le troisième cas de coronavirus dans la ville de Bukavu, le gouverneur a parlé de confusion sur l’identité du cas suspect, en indiquant que la ville n’avait que deux cas jusque-là.

Déjà l’opinion provinciale ne comprenait pas le temps pris par le Théo Ngwabidje pour porter son démenti ; car ledit cas avait été annoncé par l’institut, dirigé par le Prof Muyembe, le vendredi 3 avril mais le gouverneur ne va réagir que trois jours plus tard, soit le 6 avril.

Quelques heures seulement après le démenti du gouverneur, l’INRB va confirmer la présence d’un troisième cas dans la ville. Du coup une confusion s’installe, et la population a crié au mensonge des autorités.

Une situation plutôt compréhensible

Après un test sur le 2ème cas suspect, l’équipe de la riposte en province va envoyer un autre échantillon de la même personne à Kinshasa. Une confusion se produit alors sur l’identité de la personne, et l’INRB parle d’un nouveau cas. Le gouverneur revient à la charge pour contextualiser le fait et le deux cas sont maintenus.

En même temps, d’autres échantillons en provenance de Bukavu sont en train d’être testés à Kinshasa. Coïncidence du timing, tellement la réaction de l’autorité a pris du temps, les résultats sortent quelques heures après le démenti du faux troisième cas. C’est la confirmation alors du 3ème vrai cas.

La population n’en revient pas et pense à un jeu de ping pong entre l’autorité provinciale et le centre de recherche.

Les médias sèment le doute

Pendant que les médias continuent à diffuser le son du gouverneur sur le démenti du gouverneur consécutivement au fameux faux 3ème cas, un nouveau troisième cas, cette fois un vrai, est confirmé par l’INRB.

Il faut dire que l’INRB donne la situation de la maladie dans le pays chaque jour aux environs de 23 heures de Kinshasa. A l’est de la République, les rédactions ayant déjà bouclé leurs journaux à pareille heure, alors qu’elles ont des éditions à présenter au lendemain tôt le matin, il leur paraît difficile de conformer leurs informations à une actualisation si tardive.

Les sensibilisateurs dans le désarroi

En dépit de la présence de trois cas, déjà confirmés positifs, certains habitants de la ville de Bukavu doutent encore de l’existence de coronavirus dans leur contrée. Ceux-ci attribuent les nombreuses alertes lancées à la cupidité des ONG qui, selon eux, ont inventé cette situation pour s’attirer les financements. D’autres s’y opposent en avançant que le coronavirus est une maladie des blancs.

Cette situation pose des sérieux problèmes aux équipes de sensibilisation qui se battent jours et nuit pour convaincre la population de respecter les mesures des protections.

Les failles de communications observées tant dans le chef des autorités sanitaires que dans le milieu des dirigeants viennent encourager ce sentiment de mépris qui caractérise certain citoyens. Ce qui pose un sérieux problème aux équipes de sensibilisation, qui doivent expliquer les mesures de lutte ; mais parfois sur base des informations contradictoires des autorités.

Thomas Uzima

 

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