Intervenons-nous

En République Démocratique du Congo, l’article 116 de la Loi Électorale  prévoit que le député titulaire du mandat à l’Assemblée Nationale ou provinciale peut en cas de décès, de démission, d’empêchement définitif, de condamnation pénale définitive ou d’incompatibilité se faire remplacer par son suppléant. De ce fait, certains candidats députés préfèrent aligner leurs membres de famille plutôt que ceux de leurs partis politiques, afin de conserver les avantages accordés aux députés dans le cercle familial restreint. 

Au Sud-Kivu, cette pratique a pris une allure considérable étant donné que plusieurs députés provinciaux ayant été élus pour la troisième législature en cours ont alignés pour certains leurs enfants et pour d’autres leurs épouses.

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Les députés Olive Mudekereza, Emmanuel Ndigaya La Fantaisie, Mwami Kabare Rugemanizi pour ne citer que ceux-ci, sont parmi ces candidats députés provinciaux qui ont porté au moins un membre de leurs familles comme suppléants. 

Le choix opéré par le premier paraît incohérent et suscite indignation au sein de l’opinion publique. Parce que Olive Mudekereza est l’un des notables de la Province du Sud-Kivu qui de temps en temps se font passer pour des exemples de la bonne gouvernance. 

En effet, le député Olive Mudekereza, élu de la circonscription électorale de Bukavu a cédé donc son siège à sa Première suppléante madame Cishugi Nsimire Jeanne, qui est également sa femme. 

Le deuxième cité, c’est le député Ndigaya Ngezi Emmanuel « La Fantaisie », élu de la circonscription électorale d’Uvira, qui pour des raisons de santé a cédé son siège à sa Première suppléante, Furahisha Mukuyano Filade, qui est également son épouse.  Celui-ci n’est pas à son premier forfait. Même lors de la législature de 2018-2023, La Fantaisie avait laissé son mandat de député à son épouse. Mandat qu’elle a exercé jusqu’à la fin de la législature. 

Le troisième cité, c’est le Mwami Kabare Rugemanizi 2, élu de la circonscription électorale de Kabare. Il a cédé son siège à son premier suppléant, Kabare Rugemanizi Alexandre, qui comme l’indique le nom, est son fils biologique. 

Si pour les trois élus cités ci-haut, le cas paraît flagrant, le cas de Sumaili Miseka Émile, élu de Shabunda n’est pas loin de cette réalité. En effet Émile Sumaili qui a doublement été élu a opté pour l’Assemblée Nationale, laissant son siège à son premier suppléant, Kandolo Nagolingoli Daniel, qui serait un familier. 

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Pour plusieurs observateurs, la suppléance familiale accentue le clientélisme et crée un système de privilèges familiaux. Cela paraît pour certains, une situation qui ne permet pas de fédérer autour des idées politiques et consolider la légitimité des institutions ainsi que la représentativité sociale au sein de celles-ci.  

Cependant,   en juin 2022 un débat avait été ouvert à l’Assemblée Nationale sur cet état de choses et une proposition de loi avait été déposée pour la suppression de la suppléance familiale. 

À l’issue d’un débat houleux, des parlementaires ont, en effet, estimé qu’une telle interdiction serait discriminatoire et violerait les dispositions des articles 12 et 13 de la Constitution relatives à l’égalité entre citoyens.  

Mais, en réalité, la suppléance familiale a été maintenue pour d’autres raisons. D’abord, parce qu’il faut s’assurer de ne pas perdre complètement les avantages financiers du député et ensuite, certains députés n’ont pas confiance en leurs suppléants et craignent parfois qu’ils essaient de les éliminer physiquement ou politiquement. 

Bien que non interdite par la loi, la suppléance familiale demeure une pratique qui frise le népotisme. Elle fait passer les intérêts de la famille avant ceux du parti. Cette attitude réduit les partis aux entreprises familiales. 

Pour combattre ces pratiques qui minent la légitimité des institutions, les évêques catholiques réunis à Lubumbashi du 19 au 22 juin, lors de leur 60ème  Assemblée Générale, avaient appelé le peuple à ne pas élire les candidats qui présentent les membres de leurs familles comme suppléants.  Mais après les élections de 2023, le constat est autre. La pratique est loin de dire son dernier mot.

Bertin Bulonza

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