La Haute Cour militaire a accordé ce lundi 15 août 2022, la liberté provisoire à François Beya, ex-conseiller en matière de sécurité de Félix Tshisekedi, qui est poursuivi notamment pour complot contre le Chef de l’État.
François Beya obtient cette liberté provisoire à la suite de la désignation des nouveaux juges chargés de statuer sur son dossier, après la récusation de la première composition par ses avocats.
Deux mois après le début de son procès devant la Haute Cour militaire, celui-ci a demandé une liberté provisoire vu son état de santé jugé « préoccupant » et qui nécessiterait une prise en charge adéquate.
Selon Jeune Afrique, le rapport de la commission des médecins mandatés pour statuer sur son état de santé, a recommandé une évacuation sanitaire « urgente » de François Beya.
Pour rappel, François Beya avait été arrêté le 5 février dernier par l’ANR, dans une affaire relevant de la sûreté de l’État. L’agence nationale de renseignement avait dit disposer d’indices « sérieux », attestant d’agissements de Beya « contre la sécurité nationale ».
Il a été transféré deux mois après, à la prison centrale de Makala, où son procès a commencé devant la Haute Cour militaire. Son directeur du protocole David Cikapa, son garde du corps Jean-Pierre Kalenga, et son secrétaire particulier Guy Vanda, ont aussi été amenés en avril à la prison militaire de Ndolo. Le brigadier Tonton Twadi Sekele et le Commissaire supérieur principal Lily Tambwe, sont aussi sur le banc des accusés dans cette affaire.
Tous sont accusés de complot et offense contre la personne du Chef de l’État, violation de consignes, et incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline.
Dans une citation à comparaître délivrée en juin dernier, la Haute cour militaire avait détaillé les charges retenues contre François Beya.
La justice militaire congolaise a affirmé que François Beya, aurait ordonné à son chef du protocole, le Colonel Cikapa, d’acheter du matériel militaire auprès de Morane Consult, une société belge basée à Liège. Cet achat, réalisé « dans le courant de l’année 2020, sans autorisation préalable du ministère de la Défense et de la Maison civile du président de la République », concernerait « trois tenues militaires, un polo militaire, un sac à dos, une paire de bottines et deux ceinturons ».
François Beya est aussi accusé d’avoir maintenu des contacts avec certaines personnalités controversées de l’entourage de Joseph Kabila. Il se serait ainsi rendu à Harare, au Zimbabwe, « dans le courant de l’année 2021 », pour y rencontrer en personne John Numbi. La justice militaire lui reproche de « s’activer pour le recrutement d’anciens éléments du bataillon Simba vivant en Angola et en Namibie pour renverser le régime en place ».
Beya est également accusé d’avoir retenu des informations « sur des projets ou actes de trahison ou d’espionnage ». La citation à comparaître le visant évoque « des actes de préparatoires de déstabilisation du pouvoir de Kinshasa à partir de la Tanzanie suite à la mutualisation des forces entre la RDC et l’Ouganda », dont Beya n’aurait pas informé Tshisekedi.
L’ex-conseiller aurait aussi dissimulé l’existence d’un réseau d’infiltration dans les grandes villes du Katanga de miliciens Bakata Katanga, et caché au président certains messages de son secrétaire particulier Guy Vanda, qui sur WhatsApp, aurait assimilé le pouvoir à un « régime de prévenus ».
Beya se serait lui-même rendu coupable de propos injurieux à l’encontre du chef de l’État. Sa citation mentionne des propos échangés, toujours sur WhatsApp, avec un certain Léon Kangudia, dans lesquels Beya parle de Tshisekedi dans les termes suivants : « Bourrique, le joufflu, [il] aime seulement manger la farine de manioc » (« Zoba-zoba, matama, alingi kaka fufu », en lingala).
« Fantomas » est aussi mis en cause pour avoir, par quelque moyen que ce soit, « incité un ou plusieurs militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline ». Il lui est notamment reproché d’avoir, en 2021, incité le commissaire supérieur principal, Lily Tambwe Mauwa, à créer « sans autorisation de la hiérarchie de la police » un sous-commissariat dénommé « Idjwi », dans l’enceinte de sa ferme de Mitendi. Le même commissaire aurait été poussé à participer à des séances d’entraînement au tir organisé « sans autorisation » dans le Kongo-Central pour les éléments de la Police affectés au Conseil national de sécurité, que dirigeait Beya.
Museza Cikuru