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5 ans après sa mort, des journalistes qui ont connu Solange Lusiku pensent toujours à sa lutte, son combat et sa grandeur d’esprit. Une mère, une amie, un modèle et une inspiration pour plusieurs personnes qui ont évolué à côté d’elle. Certains parlent d’une femme « au cœur en or ».Cette fervente militante des droits de femmes et de la liberté de la presse a été  une source d’inspiration pour la nouvelle génération de la presse écrite (témoignages).

13 octobre 2018 au 13 octobre 2023, cela fait cinq (5) ans jour pour jour depuis qu’est décidé à Kinshasa, l’ancienne Editrice-Directrice du Journal « Le Souverain Libre » de la ville de Bukavu, Solange Lusiku Nsimire à la suite d’une courte maladie.

Pour commémorer cette icône de la presse du Sud-Kivu, une conférence sur la presse libre au service de la justice sociale, les droits des femmes et des pauvres, de la démocratie véritable a été organisée par l’ASBL « Le Souverain Libre » à Bukavu.

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Cette conférence a regroupé des acteurs socio-politiques et des journalistes, ce vendredi 13 octobre.

Des témoignages touchant et remplis d’émotions ont été faits sur cette ancienne Vice-Présidente Nationale de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC).

Il a été également question de rappeler les combats que menait celle-ci en faveur de la promotion des droits de l’homme en général et de la femme en particulier.

Claudine Kitumaini, une journaliste qui a travaillé pendant plusieurs années avec Solange parle d’une femme « courageuse » et qui gardait son sang-froid malgré les menaces des politiciens.

Pour elle, celle qu’elle appelait affectivement « maman Sol » avait « « un cœur en or au-delà d’être sa Directrice.

« Elle était une femme courageuse, ambitieuse, une fervente défenseuse des droits de femmes. Solange ne reculait jamais devant l’injustice. Elle se battait pour une société où les hommes et femmes ont les mêmes droits et la même chance. Elle était une oreille attentive pour nombreuses victimes de violences sexuelles et de celles basées sur le genre. C’était une personne qui portait les fardeaux des autres, surtout quand il s’agissait des questions de violations des droits des femmes. Sa plus grande force, est qu’elle avait le courage de dire tout haut ce que les autres disaient tout bas : les maltraitances des femmes démunies, domestiques, transporteuses », explique-t-elle.

Claudine  Kitumaini ajoute que pour Solange Lusiku, c’était injuste qu’une défenseuse des droits de femmes bafoue, par ses actes, ces mêmes droits qu’elle défend.

Ses éditoriaux et articles faisaient débat aux conseils des ministres et à l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu à son époque.

A chaque sortie du journal le Souverain, à l’époque du Gouverneur Cishambo au -SudKivu, des politiciens se précipitaient pour se procurer des exemplaires pour qu’ils soient au courant de ce qu’a pondu la plume de Solange.

« Madame comment tu arrives avoir toutes ces informations même celles placées top secret au gouvernorat? C’était la plus grande question qu’elle recevait tous les jours

Avec toute humilité et sourire elle répondait : « Je fouille dans les chaussettes des politiciens, sous leurs lits et leurs tables pour avoir une bonne information ».

Pour des grandes manifestations publiques ou politiques, Solange adorait écrire sur les « à côtés », ajoute sa collègue Claudine Kitumaini.

 « Elle nous disait toujours que la liberté de la presse n’est pas un cadeau du politicien. Et que la presse c’est le thermomètre de la démocratie dans un pays. Elle adorait  aussi dire que les journalistes étaient des chiens de garde de la démocratie ».

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Cette dernière rappelle que Solange a lutté pour que les médias soient reconnus comme l’une des composantes de la Société civile.

Solange inspirait même des journalistes qui n’ont pas travaillé avec elle. Elle était humble et encourageait tout celui qui s’approchait d’elle.

« 5 ans après, je fais toujours de mon mieux pour mettre en pratique ses différents conseils pour l’amélioration de mon écriture. Madame Solange Lusiku est une source d’inspiration pour la nouvelle génération des journalistes de la presse écrite du Sud-Kivu. Grâce à sa plume, son courage et sa disponibilité à apprendre aux plus jeunes, j’avais eu le goût de la presse écrite et c’est ainsi que j’avais migré de la Radio vers la presse écrite. Elle me disait toujours après la lecture de mes textes : Tu peux mieux faire, prends seulement courage », a déclaré sous émotion, Loni Irenge, Rédacteur en Chef de la Radiotélévision Ngoma ya Kivu (RTNK).

Une avenue « Solange Lusiku »

Notons que les participants à cette conférence ont  encore une fois émis le vœu de voir l’une des avenues, route ou rond-point de Bukavu être baptisé au nom de Solange Lusiku. Une promesse faite par les autorités lors de la messe funéraire, dite en sa mémoire le jour de son inhumation en la cathédrale de Bukavu.

Des journalistes et autres acteurs sociaux regrettent que cinq ans après rien n’ait été fait après leur demande et la promesse des autorités.

Au cours de cette conférence, des volontaires ont adhéré dans le comité de suivi de cette démarche, afin de pousser les autorités à immortaliser Solange Lusiku pour honorer ses différents combats.

Abdallah Mapenzi

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