La récente opération de « traque » des enfants de la rue à Bukavu, orchestrée par le ministre de l’Intérieur, Albert Kahasha, soulève des questions éthiques et sociales profondément dérangeantes. Alors que le gouvernement prétend agir pour la sécurité publique, il choisit d’ignorer les souffrances et les réalités tragiques de ces jeunes. Plus de 66 enfants ont été appréhendés lors de cette opération, et leur sort, désormais incertain, nous interpelle tous : que deviendront-ils ?
Ces enfants, souvent orphelins ou victimes de violences familiales, ne sont pas des délinquants. Ils sont le produit d’une société qui échoue à les protéger et à leur offrir des alternatives.
Les mots d’Alain Shindano, Président de la Société Civile de Bukavu, résonnent comme un cri d’alarme : « Chaque individu a une histoire derrière lui. ».
Ces enfants ne doivent pas être stigmatisés et traités comme des criminels. Leur réalité est celle de l’abandon, de la misère et de l’errance.
Loin de résoudre les problèmes d’insécurité urbaine, cette traque apparaît comme un simple jeu de cache-cache avec la misère. Quelle place pour ces jeunes dans notre société ? Une société qui ferme les yeux sur leur douleur et leur abandon n’a pas d’avenir. La criminalisation de ces enfants ne fait qu’aggraver leur détresse et les pousse davantage vers l’ombre.
L’absence d’un programme d’accompagnement adéquat témoigne d’un manque de vision pour un futur plus humain.
Il est impératif que le gouvernement reconsidère sa stratégie. Au lieu de chasser ces jeunes, il doit s’associer aux ONG et aux centres d’accueil pour mettre en place des programmes d’aide, d’éducation et de réinsertion. Les fonds disponibles doivent être utilisés pour restaurer leur dignité et leur offrir des perspectives, et non pour les traquer comme des nuisibles.
La sécurité ne se construit pas sur la peur, mais sur la solidarité. Ignorer la souffrance d’une génération aujourd’hui ne fera qu’engendrer plus de problèmes demain. Les initiatives efficaces de réinsertion mises en place à Kinshasa devraient servir d’exemple : l’accompagnement social et l’éducation sont les clés pour briser le cycle de la pauvreté et de la violence.
Il est urgent de réorienter les efforts pour inclure des mesures humanitaires. Les enfants en situation de rue ont des droits, et les priver d’un accompagnement adéquat compromet leurs chances de se construire un avenir. Leur réinsertion est non seulement une question de justice sociale, mais aussi une obligation morale.
Réveillons-nous, Bukavu ! Engageons-nous pour ces enfants, car leur avenir est aussi le nôtre. En transformant la traque en solidarité, nous avons l’opportunité de bâtir une société plus juste et plus humaine. Ne laissons pas ces jeunes sombrer dans l’oubli ; leur souffrance doit devenir notre moteur d’action. C’est ensemble que nous pouvons changer le cours de leur destin.
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