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La province du Sud-Kivu est sur une pente glissante par rapport à la situation politique. C’est ce que dit Arnold Nyaluma, l’un des dirigeants de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) au Sud-Kivu en prélude des élections du Gouverneur, Vice-gouverneur et Sénateurs. Nyaluma pense qu’au-delà des familles et intérêts privés, les dirigeants doivent réfléchir sur comment développer la nation, la province et mettre de côté des guéguerres qui freinent la nation à décoller.

Dans une interview à La Prunelle RDC le mardi 11 mars, ce professeur, très respecté dans la ville est revenu sur la situation politique en province, la position de Vital Kamerhe après sa démission au sein du gouvernement. Éminent professeur, Nyaluma parle aussi de son parti et/ou de son regroupement politique qui constitue, selon lui, la première force politique en province après les élections législatives.

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La Prunelle RDC: vous êtes cadre de l’UNC et la démission de Vital Kamerhe au sein du gouvernement a fait penser à une tension entre lui et le Chef de l’Etat. Pourquoi a-t-il agi ainsi ?

Arnold Nyaluma: Le Président National Vital Kamerhe reste au cœur de  la convention qui nous conduit aujourd’hui au gouvernement. C’est depuis Nairobi que Vital Kamerhe est artisan de l’ordre politique, donc ce n’est pas lui que peut trahir Félix Tshisekedi puisqu’ils ont construit le système ensemble. Mais pourquoi Vital Kamerhe ne se retrouve plus au gouvernement en transition ? C’est pour une raison simple : lui et le Ministre de la Fonction publique avaient démissionné avant le Premier Ministre, lorsque le Chef de l’Etat avait demandé au Premier Ministre de continuer à assurer les affaires courantes. Vital Kamerhe n’est plus ministre tout comme son collègue de la Fonction publique. Voilà comment il se retrouve en dehors du gouvernement et il n’y a pas des mécanismes juridiques par lesquels il pouvait rentrer. Donc, il fait son choix dès le départ pendant que les autres étaient en train d’hésiter. Le reste c’est une question purement technique qui n’a aucune dimension politique.

La Prunelle RDC: l’AFDC-A se réclame comme la première force politique en province ; qu’en dites-vous ?

Arnold Nyaluma: je pense que l’actualité convoque cette question au niveau provincial et je suis en train de suivre un discours selon lequel l’AFDC-A serait la première force politique et qu’en conséquence il aurait droit à gouverner la province. Je dois rappeler que l’AFDC-A n’as pas 12 députés ; ils ont des députés à l’AFDC-A, ils ont des députés l’AEDC-A. Ce sont les deux regroupements qui sont enregistrés au niveau de la CENI et c’est pareil à l’UNC mais la différence est que l’UNC a plus des députés dans AA-UNC que dans AVK-2018. Donc si on doit compter en termes d’élus sur la liste de regroupement, l’UNC occupe la première place.

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Quand on compte les 11 députés de l’UDPS, c’est des députés de quatre regroupements et donc on ne peut pas assimiler quatre regroupements à un regroupement. Alors, si l’on admet que l’on peut comptabiliser des élus sur plusieurs listes, là on doit prendre en compte le PCR. On doit considérer que les élus de AA/UNC et de AVK-2018, des autres membres de la plateforme PCR entrent effectivement dans la force politique que constitue le PCR. De ce point de vue, nous n’avons pas de concurrents. Donc, si c’est la base qui doit être utilisée, la première force c’est bel est bien le PCR.

Je dois ensuite rappeler que nous avons ici la fiche de détermination du seuil qui nous permet de dire qui a combien d’électeurs derrière lui sur cette liste en province. Bien entendu, l’UNC occupe la première place avec plus de 100.000 électeurs, l’AFDC vient en deuxième lieu, l’AEDC par la suite AB50 et les 9 regroupements. Donc, si nous disons combien des gens en termes de population du Sud-Kivu ont voté pour AA/UNC de Vital Kamerhe où toute les forces politique de Vital Kamerhe, on trouvera que cette province c’est une province totalement acquise à l’Union pour la Nation Congolaise pour ce point de vue. Là, si l’on respecte la volonté de la population, l’on devra laisser que ceux qui ont été désignés par la population puissent gouverner.

La Prunelle RDC: Certains disent que les torchons brûlent au sein de l’UNC. Deux candidatures aux élections de Gouverneur au Sud-Kivu. La CENI a enregistré la candidature de Didier Kamerhe, cadre de votre parti et d’Emile Sumaili. Est-ce que c’est vrai ?

Arnold Nyaluma: ça c’est la force de l’UNC. Il n’y a pas des petits frères, il  n’y a pas d’épouses comme suppléants ou comme mentors politiques. A l’UNC, ce sont des idées. Lorsque quelqu’un vient, ce n’est pas son lien de famille qui compte. Dans le cas d’espèce, à la CENI, il y a une seule candidature enregistrée pour le nom et au compte de l’UNC. C’est la candidature portée au nom de Emile Sumaili comme titulaire.

« Voir au-delà des familles, des tribus….»

Après, il y a des gens qui ont choisi d’aller à titre individuel, mais nous savons qu’ils sont en train de revenir à la raison et au moment de la campagne électorale, on verra que ces mêmes personnes seront en première ligne pour défendre cette candidature puisque nous avons un projet, parce que nous pensons que le Kivu doit être gouverné sur base d’un autre modèle. Pas le modèle de vendre les maisons de l’État ou de prendre les exonérations dans l’intérêt privé. Nous voulons ramener l’intérêt général au cœur de la gouvernance de la province.

La Prunelle RDC: à part être politicien, vous êtes un enfant du Sud-Kivu, quelle perspectives pour la province?

Arnold Nyaluma: Je dois dire que suis inquiet puisqu’il y a un groupe de gens qui veulent transformer la province en un patrimoine familial. Si ce ne sont pas eux qui sont au pouvoir, c’est essentiellement quelqu’un de leur tribu, un cousin, etc. Je pense que le développement de cette province doit d’abord compter sur l’inclusivité. Nous devons être capables de mobiliser toutes les forces d’où qu’elles viennent et le premier message à donner à nos leaders, c’est d’être capable de voir au-delà de leurs familles, voir au-delà de leurs tribus et de leurs territoires. C’est en ce moment-là que la province peut se développer.

Ensuite, nous disons qu’il n’est plus temps d’abandonner la province à des mercantiles. Quelqu’un qui veut être Gouverneur juste pour protéger son commerce, pour ne pas payer les taxes. Il est temps qu’on puisse mettre au cœur de la province, les gens qui ont l’intention de travailler. Nous demandons à la population de faire confiance à l’UNC et de faire ce challenge, comme Emille Sumaili a été élu député national, député provincial à Shabunda. Nous faisons les défis que les cinq ans qu’il va passer à la tête de la province du Sud-Kivu auront parmi les premières réalisations au moins un relai de route entre Bukavu et Shabunda. Ça sera au moins un minimum parce que le fait de penser que tout s’arrête au niveau de Bukavu ; parfois ça fait que nos leaders ne savent pas voir très loin. Nous voulons donc qu’il puisse y avoir un nouveau modèle, nous ne voulons pas rester dans le pessimisme en pensant que c’est la fatalité, le temps qu’on puisse changer les choses.

La Prunelle RDC: où va clairement la province?

Arnold Nyaluma: nous sommes sur une pente raide, on a l’impression qu’on ne réfléchit pas à l’intérêt de la province, on ne réfléchit qu’à des intérêts individuels ; or nous sommes dans un tourbillon régional assez dangereux pendant que nous, on est occupés par les petits intérêts individuels. Les pays voisins nous observent et ce n’est pas seulement le Rwanda. Vous avez suivi la Présidente de la Tanzanie qui a dit qu’au Congo, il y a un marché qu’ils doivent venir prendre. Donc, la province est sur une mauvaise pente et il faut la remettre aux mains des visionnaires qui sont capables de se soulever pour l’intérêt de la population présente et la population à venir.

La Prunelle RDC: pensez-vous sincèrement que l’UNC peut relever ces défis, une fois au Gouvernorat ?

Arnold Nyaluma: nous ne le pensons pas mais nous y croyons. Nous avons un plan et nous allons le présenter à la population, nous allons nous faire évaluer et nous disons que dans les cinq ans, nous allons enchanter cette province. On n’aura plus à dire à Goma ça va que chez nous. Nous allons redorer le blason de ce que regorge les ressources humaines et ressources naturelles.

Propos recueillis par Claudine Kitumaini

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3 commentaires

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  2. Les leaders se disant incontournables au sud kivu ont déjà montré leurs limites. Pour sauver la province,le président de la République devrait nommer un gouverneur non originaire. Tous ceux qui se battent pour diriger la province ne sont qu’au service de leurs ventres et de leurs familles.

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