À quelques semaines des Examens d’État, une épreuve nationale cruciale pour des milliers d’élèves congolais, la province du Sud-Kivu fait face à de sérieux défis. Entre insécurité persistante, crise humanitaire et déplacements massifs de population, les préparatifs s’annoncent complexes, et l’égalité des chances est menacée.
Les conflits armés dans plusieurs territoires perturbent gravement le fonctionnement des établissements scolaires. Les enseignants fuient les zones à risque, certaines écoles ferment ou sont occupées par des groupes armés, et les élèves, pris dans la tourmente, révisent dans la peur ou parfois pas du tout. Dans ce contexte, accéder à l’éducation est devenu un luxe, et préparer les examens, un parcours semé d’embûches.
Des déplacements qui fragilisent la scolarité
Les affrontements ont contraint de nombreuses familles à fuir leurs localités, laissant derrière elles écoles, maisons et ressources. Les enfants en âge de passer les examens se retrouvent souvent sans enseignants ni matériel scolaire, et l’accès à l’éducation devient presque impossible dans les familles d’accueil.
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Yvette Kamushera, déplacée à Bukavu, témoigne de ses difficultés :
« Mon fils ne pouvait pas abandonner l’école, c’est ainsi qu’il est resté à Kalehe, mais malgré cela, je suis dans l’incapacité de payer les frais exigés. Je n’ai aucune activité qui puisse me rapporter de l’argent ici à Bukavu. »
Une logistique d’examen fortement compromise
Acheminer les documents d’examen, sécuriser les centres et identifier les candidats déplacés posent des problèmes logistiques majeurs. Les routes dégradées, l’insécurité sur les axes et le manque de ressources humaines et matérielles compliquent l’organisation.
Jean-Pierre Kalume, enseignant, exprime son inquiétude : « Comment les malles atteindront Shabunda ? Qui assurera la sécurité des examinateurs et des matériels ? »
De nombreux centres risquent de ne pas être prêts à temps, compromettant l’équité entre candidats selon les zones.
Une jeunesse déterminée malgré tout
Malgré les conditions difficiles, les jeunes du Sud-Kivu font preuve d’une remarquable résilience. Certains révisent dans des tentes ou des salles improvisées, déterminés à franchir cette étape.
« Même si j’ai fui mon village à cause des combats, je veux réussir mes examens. Je veux devenir médecin », confie Steeve Aksanti, un élève déplacé vivant à Kavumu.anouveau calendrier
Des organisations de la société civile appellent les ONG locales et internationales à s’impliquer davantage : fournir un soutien psychosocial, du matériel scolaire et un encadrement temporaire aux élèves déplacés, pour éviter une année blanche à ces jeunes déjà fragilisés.
Face à ces réalités, l’Inspection générale de l’Éducation nationale et de la Nouvelle citoyenneté a réaménagé le calendrier des épreuves. Les hors session, initialement prévues du 5 au 19 mai 2025, sont reportées du 2 au 14 juin 2025. La session ordinaire, prévue du 23 au 26 juin, se tiendra désormais du 28 au 31 juillet 2025.
Une adaptation rendue nécessaire, mais qui reste tributaire d’un sursaut logistique et sécuritaire urgent pour garantir aux élèves du Sud-Kivu le droit à une éducation équitable.
Article produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali », une initiative du consortium RATECO-REMEL et Media4Dialogue de LaBénévolencjya.