Accès Humanitaire

    Depuis mars dernier, le mouvement du M23 mars s’est retiré de plusieurs localités qu’il occupait en province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC, notamment Kishishe, Bambo et Bugina. Pour Amnesty International, c’est l’occasion pour les autorités congolaises, ainsi que des responsables de l’ONU, de dépêcher de toute urgence des missions d’enquête, sur les informations faisant état d’atrocités commises par les membres de ce groupe armé, soutenu par le Rwanda.

    «Les autorités de la République démocratique du Congo et les Nations unies doivent rapidement envoyer des enquêteurs dans les zones évacuées par le M23 pour mener des enquêtes approfondies sur les allégations crédibles de viols massifs et d’exécutions sommaires, afin que les responsables présumés soient traduits en justice. Cela devrait inclure tous ceux qui se trouvent dans la ligne de commandement et tous les États qui ont pu soutenir le M23,» a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.

    En février, Amnesty International a publié un communiqué de presse détaillé dans lequel des témoins de ces villes décrivaient comment des combattants du M23, qui, selon les rapports de l’ONU, sont soutenus par le Rwanda voisin, ont commis des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité. Les victimes de viol et les autres personnes qui ont été attaquées n’ont toujours pas reçu d’assistance adéquate.

    «Les autorités et les agences humanitaires de la RDC doivent intervenir de toute urgence et fournir une assistance médicale et autre aux victimes de viol et aux autres victimes de violations et de crimes qui ont été laissées sans aide pendant des mois. Les autorités de la RDC doivent veiller à ce que les civils dans la région soient protégés,» a dit Agnès Callamard.

    Alors que les rebelles du M23 se sont retirés de certaines zones de la province du Nord-Kivu, les civils vivant dans la région de Beni et dans la province voisine de l’Ituri, continuent d’être tués par des membres des Forces démocratiques alliées (ADF) et d’autres groupes armés.

    Retrait du M23

    Le Mouvement du 23 mars (M23) est le dernier d’une succession de groupes rebelles soutenus par le Rwanda qui prétendent défendre les droits de la communauté tutsie congolaise. Lancé en 2012 par des insurgés de l’armée congolaise avec le soutien des autorités rwandaises et ougandaises selon l’ONU, le groupe a été vaincu militairement en 2013. Il est réapparu en novembre 2021 et a très rapidement pris le contrôle de grandes parties de la province du Nord-Kivu, commettant de graves violations des droits humains et forçant plus d’un million de personnes à fuir leurs foyers.

    Dans le cadre du Processus de Nairobi de la Communauté de l’Afrique de l’Est et du Processus de Luanda de la Conférence internationale des Grands Lacs, les dirigeants régionaux ont exhorté tous les groupes armés, y compris le M23, à se démobiliser et à résoudre leurs griefs avec les autorités de la RDC par le dialogue.

    En conséquence, en janvier 2023, le M23 a commencé à se retirer de certaines zones, tout en continuant à se battre dans d’autres. Au cours du mois de mars dernier, le M23 semble avoir interrompu son offensive et évacué plusieurs zones qu’il occupait, permettant la réouverture de routes clés et le retour progressif des personnes déplacées.

    Malgré l’annonce par le M23, de son retrait de plusieurs localités (Mushaki, Kilolirwe, Kitchanga, Mweso, Kibirizi, Kishishe), des affrontements ont continué à entraver tout mouvement humanitaire en mars, sur les axes Sake-Kitshanga-Mweso-Pinga et Mweso-Mpati, tous les deux étant à la fois des zones de déplacement et de retour.

    Selon la Coordination humanitaire, l’axe Sake-Mushaki-Bihambwe reste caractérisé par de multiples barrières. A l’occasion d’une mission OCHA-INSO, un plaidoyer de proximité sur l’accès humanitaire a été mené pour faciliter le transit des humanitaires vers Masisi et sur l’axe-Sake-Kitshanga. Aussi, des barrières sur l’axe Sake-Mushaki-Bihambwe sont de plus en plus entretenues par les éléments des groupes armés qui font payer les motards et véhicules de transports, ainsi que les marchandises pour leurs passages.

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