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Le Gouverneur du Sud-Kivu est-il sur le coup dans l’exploitation illégale des sociétés chinoises dans les mines à Mwenga ?

C’est ce que plus d’un observateur se demande en visualisant la courte vidéo du journaliste Alain Foka, en provenance de Mwenga, où ces Chinois exploitent des minerais en toute illégalité.

A l’en croire, le Directeur de cabinet du Gouverneur de province serait conseiller juridique d’un des groupes chinois exploitant dans les mines à Mwenga. Il renseigne en outre que le directeur de cabinet du ministre provincial des mines serait aussi conseiller d’un autre groupe des chinois exploitant toujours dans cette partie.

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Malgré la présence de ces deux hauts dignitaires de l’administration Ngwabidje, des brebis galeuses, l’autorité provinciale a dit au journaliste, n’en avoir jamais été averti.

Il vous souviendra par ailleurs que Ely Muhimuzi, agent au Ministère des mines au niveau nationaln avait déclaré dans une émission radiophonique; que Théo Ngwabidje installait des nombreux chinois dans les sites miniers de Mwenga; et les protégerait avec des militaires des FARDC. Il s’insurgeait ainsi aux discours des autorités provinciales affirmant que ces exploitants illégales sont à Mwenga avec la bénédiction de « Kinshasa ».

C’est ce qu’on saura peut être après la rentrée de la mission parlementaire de 8 députés provinciaux qui séjournent à Mwenga pour s’enquérir de la réalité sur terrain.

Une fuite en avant de l’administration Ngwabidje ?

Mais peu après le passage de la grande délégation conduite par la Ministre nationale des mines, accompagnée du Président et plusieurs membres de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC); venue notamment s’enquérir de la situation dans les mines ; dans cette partie du Sud-Kivu, le Gouverneur Théo Ngwabidje a tout de suite procédé à la suspension desdites sociétés.

Pourtant, les dénonciations des populations locales à travers des organisations de la Société Civile datent de plus de deux ans. Et les collaborateurs de Ngwabidje, notamment sa cellule de communication, avançaient le motif selon lequel le Gouverneur n’était pas compétent de suspendre des entreprises. Ce qui ne l’a pas pourtant empêché de le faire, après le passage de la ministre des Mines.

Entre la poire et le fromage, Ngwabidje tente de sauver sa peau en suspendant en toute « irrégularité » ces sociétés chinoises; pendant que tout porte à croire qu’il en était au courant de leurs agissements depuis le début. 

« Le Gouverneur ne pouvait pas ne pas être au courant de la situation de ces exploitations qui n’ont cessé de polluer les rivières Zalya et Elila, en territoire de Mwenga. Encore qu’on peut lire dans les réseaux sociaux, des correspondances échangées entre lui et certaines des sociétés chinoises, » dit un observateur.

Contre ses sujets impliqués, la Chine promet de sévir

Fuite en avant, pression ou bras de fer ? La suspension par le Gouverneur du Sud-Kivu, des sociétés chinoises œuvrant dans l’irrégularité et sans respect des normes de protection de l’environnement; n’a pas laissé Pékin indifférent.

Lire aussi: Mwenga: la Ministre des mines relève l’incompétence du Gouverneur de suspendre 6 sociétés minières chinoises

Le Directeur général du Département chinois des Affaires africaines, Wu Peng, a annoncé des enquêtes de ses services dans ces milieux. Et pour lui, les entreprises chinoises qui se retrouveront impliquées; seront non seulement suspendues, mais également obligées d’arrêter leurs activités.

“Nous avons pris note de la décision du gouverneur  de suspendre les opérations de six sociétés minières chinoises dans la province du Sud-Kivu pour violation des normes environnementales locales. Nous respectons toujours leur droit de prendre des mesures pour maintenir des activités économiques normales. L’affaire fait également l’objet d’une enquête de notre part. Une fois confirmé, je pousserai les autorités chinoises concernées à imposer des sanctions conformément à la loi. Nous allons non seulement suspendre les opérations des entreprises, mais aussi leur demander d’arrêter les activités concernées dans la province du Sud-Kivu”, a-t-il déclaré sur son compte twitter.

Et à la ministre des Mines d’interdire à Ngwabidje de mettre son grain de sel dans l’affaire

Quelques jours seulement après l’arrêté du Gouverneur Ngwabidje portant suspension de ces six sociétés œuvrant dans les territoire Mwenga, la ministre de Mines a écrit à son collègue de l’Intérieur, pour qu’il demande à Ngwabidje de rapporter sa décision, car n’étant pas dans ses compétences.

« Cette mesure viole les dispositions de l’article 11 de la loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 telle que modifiée et complétée par la loi n° 18/001 du 09 mars 2018 sur les compétences du Gouverneur de Province dans l’Administration du Code Minier. Le pouvoir de suspendre me revenant conformément aux dispositions de la précédée en son article 10 » , peut-on lire dans cette lettre consultée par Laprunellerdc.info ce jeudi 2 septembre 2021.

Est-il un bras de fer entre le gouvernement national et celui provincial au sujet de l’exploitation minière des société chinoises en RDC ? On penserait que la ministre était complaisante avec ces sociétés chinoises, qui d’ailleurs les proches du Gouverneur accusaient d’avoir la protection de Kinshasa. 

Lire aussi: Sud-Kivu : Ngwabidje passe à l’action et suspend 6 sociétés minières et leurs coopératives à Mwenga

Nonobstant ces lamentations, la Ministre campe et affirme que le Gouverneur n’est pas compétent et devra rapporter sa décision car; des inspecteurs du ministère national sont à pied d’œuvre et reviendront avec un rapport qui permettra à la ministre de prendre des mesures contre ces sociétés et leurs complices. 

Car, selon des observateurs, tout porte à croire que plusieurs autorités provinciales sont impliquées dans cette mafia, et que cette décision est une fuite en avant.

Mi-chèvre, mi-chou? Les populations locales et des organisations de protection de l’environnement; sont en tout cas impatientes de voir la décision de la Ministre de Mines tomber et voir les Chinois et leur complices subir la rigueur de la loi.

Bertin Bulonza

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