Evènement annuel célébré du 24 au 30 avril, la semaine africaine de la vaccination est synchronisée avec la semaine mondiale de la vaccination afin de renforcer les programmes de vaccination sur notre continent et réaffirmer l’importance du besoin et du droit de chaque personne (en particulier de chaque enfant et de chaque femme) d’être protégée contre les maladies évitables par la vaccination.
Appeler au « grand rattrapage », le thème retenu pour la campagne d’information 2023, est dès lors l’occasion non seulement de maintenir la vaccination au premier rang des priorités nationales mais également d’encourager des partenariats innovants et des interventions de sauvetage à fort impact.
Un plaidoyer essentiel dans notre région, et particulièrement en République démocratique du Congo, l’un des cinq pays qui comptent à eux seuls les deux tiers des enfants zéro dose dans le monde. Selon l’UNICEF, 800 000 enfants de moins de cinq ans vivant en RDC sont toujours privés d’un ou de plusieurs vaccins, leur faisant courir le risque de maladies parfois mortelles malgré des dizaines d’années de progrès dans l’amélioration de l’accès à la vaccination.
Pire, environ quatre millions d’enfants n’ont reçu aucune dose de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. Cela place la RDC au troisième rang des pays de la région africaine de l’Organisation mondiale de la sante (OMS) et au sixième rang dans le monde, selon l’agence des Nations unies dont le rapport indique que « 67 millions d’enfants n’ont pas reçu un ou plusieurs vaccins en raison des perturbations causées par la pandémie de COVID-19, mais aussi à cause des conflits, de la fragilité et de la perte de confiance dans la vaccination. »
Face à cette situation, le Dr Roger Kamba, ministre national de la Santé, de l’Hygiène et de la Prévention a recommandé lors de la 95e réunion du conseil des ministres ce 23 avril que tout soit « mis en œuvre pour renforcer la vaccination de routine, impliquer les gouverneurs des provinces dans toutes les activités liées à la vaccination, préparer une vaste campagne de rattrapage des enfants non vaccinés jusqu’à l’âge de cinq ans comme retenu au dernier sommet de l’Union africaine et impliquer les ministères de la communication et médias et ceux de l’éducation afin d’accompagner activement ces dites campagnes. »
Tirer les leçons du passé pour laisser personne de côté
Depuis juillet 2019, à l’issue du premier forum sur la vaccination et l’éradication de la poliomyélite, le gouvernement de LA RDC s’est engagé à faire de la vaccination une porte d’entrée pour la couverture sanitaire universelle à travers la déclaration de Kinshasa pour la vaccination et l’éradication de la poliomyélite, signée par le Chef de l’Etat, les 26 gouverneurs et les présidents d’assemblée provinciales.
Parmi ces engagements figuraient plusieurs outils pour améliorer la couverture vaccinale dans le pays, notamment la mise en œuvre du plan d’urgence pour la relance de la vaccination systématique en RDC lancé en octobre 2018, également baptisé Plan Mashako 1.0 ; l’achat des vaccins par le gouvernement et la contribution directe des gouvernements provinciaux aux dépenses liées aux activités et au suivi de la vaccination. L’objectif était, et reste, de protéger le maximum possible d’enfants des effets délétères des maladies évitables par la vaccination.
En moins de deux ans, entre 2018 et 2020, le plan Mashako 1.0 a permis d’augmenter la couverture vaccinale complète de 30% à 56% dans les neuf provinces de RDC ou il a été mis en œuvre, permettant ainsi de protéger plus de 300 000 enfants supplémentaires. Désormais, ce sont plus de la moitié des enfants congolais qui reçoivent l’ensemble des vaccins prévus par le calendrier vaccinal national grâce à des mesures simples et un engagement politique fort, à tous les niveaux.
Malgré ces progrès, des millions d’enfants sont encore laissés de côté. Ces enfants « zéro dose » représentent près de la moitié des décès évitables par la vaccination. Pour atteindre ces enfants, qui vivent dans leur grande majorité, dans des zones rurales isolées, il faut atteindre les communautés marginalisées dont ils font partie. Ces communautés, dont les membres ne sont pas vaccinés, sont susceptibles d’être l’épicentre d’épidémies. Elles sont également souvent privées des autres services de base et souffrent de profondes inégalités entre les hommes et les femmes.
Selon Gavi, l’Alliance pour le vaccin, un partenaire clé du ministère de la Santé et du Programme élargi de vaccination, les deux tiers des enfants zéro dose vivent dans des foyers pauvres, ou les mères ont deux fois moins de chances de bénéficier de soins prénatals ou d’une assistance médicale pour l’accouchement. Les foyers dans lesquels ils vivent ont peu accès à l’eau potable ou aux installations sanitaires. L’absence de vaccination n’est qu’un problème parmi d’autres.
Yves Ndjadi, responsable de communication PATH-RDC