Intervenons-nous

Les prix des biens et services, surtout des denrées alimentaires ont sensiblement haussé sur le marché. Cela suite à la dépréciation de monnaie locale face à la devise. Un enseignant d’université appelle à la « dédollarisation » l’économie congolaise.

Au Sud-Kivu, plus précisément à Bukavu dans le marché Central de Kadutu par exemple, un dollar américain se négocie entre 2500 et 2600 Franc Congolais. Tout le monde se plaint, commerçants, acheteurs, salariés et consorts.

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Visiblement rien ne marche après cette dépréciation de la monnaie locale qui occasionne une forte inflation au niveau des marchés.

« Les denrées alimentaires de base sont presque rares et lorsqu’on en trouve, c’est à un prix inabordable par rapport à notre pouvoir d’achat », se plaint une ménagère qui veut acheter la farine de Maïs.

Elle renseigne que 25 kg de farine de maïs coûte entre 25 et 30 dollars, en Franc congolais cela équivaut à environ 62.500 Francs congolais.

« Au marché de Nyawera par exemple, une mesure de farine de manioc coûte 3000 FC, un kilogramme de viande se négocie entre 12.500 et 13.000 francs Congolais. Notre salaire est en Francs congolais. Dites-nous ce que nous allons faire pour nouer les deux bouts du mois si nous devons manger chaque jour avec un salaire de 338.000 francs congolais pour un enseignant d’Université ? » s’interroge un Assistant d’enseignement à l’ISDR Bukavu.

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En RDC, des familles risquent de « crever de faim » suite à cette hausse vertigineuse taux de dollars américains, s’inquiète un autre enseignant de l’EP Ibanda.

Du coup, il devient difficile de trouver de quoi nourrir les familles. Les fonctionnaires de l’Etat, les entrepreneurs,… ne savent pas à quel saint se vouer.

« Il était déjà difficile de satisfaire même nos besoins primaires avec nos salaires lorsque le taux était à 2000 Francs et quand le prix au marché était encore abordable. Imaginez-vous maintenant, quel sera le niveau de vie d’un enseignant de l’école primaire », dit dans la foulée un autre assistant d’enseignement à l’ISP Bukavu.

La loi de l’offre et de la demande!

Akilimali Ndatabayi, enseignant et chercheur à l’Université Officielle de Bukavu explique que cette dépréciation est occasionnée par la loi de l’offre et de la demande.

« Généralement l’offre du dollar est souvent inférieure à la demande du dollar, suite à cette demande le prix du dollar s’améliore par rapport au prix du franc Congolais. Nous sommes un pays avec un niveau de production trop faible. Même notre PIB est de loin inférieur à la moyenne africaine. On ne peut avoir une monnaie forte que si on a une économie forte (C’est-à-dire l’économie productrice ou l’économie en croissance). Quand vous produisez, davantage vous exportez et lorsque vous exportez, on demande votre monnaie. Et là vous faites rentrer les devises dans votre pays », dit- il à LaPrunelleRDC.CD.

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Pour ce scientifique, la valeur de la monnaie locale est inversement proportionnelle à la quantité du franc Congolais en circulation.

« On a raisons de croire que l’Etat a imprimé des nouveaux billets de banque sans que cela ne soit couverte par une production supplémentaire et les habitants sont victimes de l’illusion monétaire, et cela impacte directement sur le prix des biens et services libellés en dollars et même ceux qui sont libellés en francs congolais mais qui sont calqués sur les dollars. Cela augmente des prix sans augmenter le pouvoir d’achat ».

« Dédollarisation de  » l’économie congolaise?

Akilimali propose que le marché de change soit réorganisé et appelle à la « dédollarisation » de l’économie. 

« Le marché de change en RDC est vraiment opaque et chacun fait sa loi. Il faut vraiment que le marché de change soit réorganisé en créant des bureaux de change. Il faut aussi dédollariser l’économie. La RDC doit avoir suffisamment de réserves de change pour faire face aux aléas du commerce international qui est souvent à la base de cette dépréciation monétaire ».

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Cet enseignant pense enfin que l’Etat devait donner des conditions favorables à l’investissement et à l’entrepreneuriat.

Il appelle la population à beaucoup travailler pour produire davantage pour avoir de quoi exporter.

Claudine Kitumaini
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