Le Federal Bureau of Investigation (FBI) et les services congolais, l’Agence nationale de renseignements (ANR) et le renseignement militaire; soupçonnent l’organisation communautaire Mahoro Peace Association (MPA), établie aux Etats-Unis, d’avoir financé l’effort de guerre des Twiraneho chapoté par le colonel deserteur Michel Rukunda, alia Makina, à hauteur de plusieurs centaines de milliers de dollars.
C’est ce qu’indique le Magazine Afrique Intelligence, dans un article publié ce lundi 16 janvier 2023, consulté par Laprunellerdc.info.
D’après ce journal d’investigation, ce sujet particulièrement sensible a été abordé en septembre 2020 au siège du Département de la justice, à Washington, en présence de responsables du Département d’Etat, du FBI et du Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL), ainsi que du Congolais Serge Tshibangu. Ce dernier qui vient d’être nommé conseiller du Président Tshisekedi, en relation avec les Etats-Unis et l’Israël.
Alors que la MPA est officiellement focalisée sur la crise sécuritaire et humanitaire en cours sur les hauts plateaux dans l’est de la RDC et la « cohabitation pacifique et au développement » dans cette zone reculée ; des sérieux soupçons de soutien financier de la MPA à Makanika pèsent sur cette organisation communautaire des Banyamulenge.
Selon Washington et Kinshasa, les fonds récoltés par la MPA ont constitué un appui secret aux Twiraneho depuis 2019 et ça s’est accéléré l’année suivante avec la rébellion de Makanika. Ces fonds ont donc permis la montée en puissance des milices banyamulenge, les hauts-plateaux.
La distribution des collectes était, selon toujours le magazine Africa Inteligence, supervisée par l’association Gakondo. association dirigée par le Belge Félix Nyirazo Rubogora. Créé il y a moins de deux ans, l’organe chapeaute l’ensemble des mutualités banyamulenge. La MPA en a été l’un des principaux contributeurs. Américains et Congolais estiment que près d’1,5 million de dollars ont pu ainsi transiter, depuis 2020, jusqu’aux hauts plateaux du Sud-Kivu.
Ils ont décortiqué la toile de ces mutualités banyamulenge, la plupart dénommées « Shikama », réparties en RDC (à Kinshasa, Goma, Bukavu, Uvira et Minembwe), dans les pays limitrophes (Rwanda, Ouganda, et Burundi), ainsi qu’au Kenya et en Afrique du Sud.
La MPA a cependant assuré que les fonds récoltés sont exclusivement destinés à de l’assistance humanitaire. Pourtant, Washington et Kinshasa ont acquis la conviction que cette aide s’est accompagnée, depuis 2019, d’un appui financier secret aux Twigwaneho, qui s’est accéléré l’année suivante avec la rébellion de Makanika. Selon eux, les fonds récoltés ont alors permis la montée en puissance des miliciens dans les hauts plateaux.
Des accusations déjà rapportées par le groupe des experts de Nations-Unies en juin 2021
Même si MPA assure que les fonds récoltés sont exclusivement destinés à de l’assistance humanitaire, AI indique qu’au sein de la MPA, cette nouvelle stratégie est impulsée par Alexis Nkurunziza, membre du comité exécutif de l’association, et ex-officier du renseignement au sein du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame, à la fin des années 1990.
Il est suspecté d’avoir facilité le soutien à Makanika qui a réorganisé le contingent des Twigwaneho (dont l’importance est difficile à évaluer, mais qui pourrait compter plus d’un millier de membres), l’a équipé et l’a doté d’un véritable état-major militaire dans la localité congolaise de Bijabo.
Un bouleversement observé par la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), ainsi que le groupe d’experts de l’ONU pour la RDC, qui mentionne sans plus de précisions, dans un rapport daté de juin 2021, l’existence « d’une aide financière importante de certains Banyamulenge vivant à l’intérieur ou à l’extérieur de la RDC ».
Mahoro Peace Association, cette organisation influente au sein de la diaspora banyamulenge aux Etats-Unis est celle qui alerte régulièrement sur les persécutions dont est victime la communauté, exposée, selon elle, à un risque de « génocide ».
Elle se présente comme une ONG constituée dans la foulée du massacre en 2004 de réfugiés banyamulenge à Gatumba, au Burundi; par des éléments des Forces nationales de libération (FNL, un mouvement rebelle hutu burundais). La diaspora va alors se structurer et s’organiser pour répondre à l’urgence et collecter des fonds.
Jean-Luc M.