Intervenons-nous

Reporters sans frontières (RSF) a publié ce mercredi 3 mai 2023, son classement annuel de la liberté de la presse dans le monde. Selon ce rapport, c’est en Afrique que la liberté de la presse a le plus reculé en 2022 : RSF pointe les effets de la désinformation et des menaces et intimidations pour les journalistes.

Le Botswana gagne 30 places dans le classement, quand le Sénégal, jusqu’alors « modèle régional », en perd 31. Malgré une situation variable d’une région à l’autre, le tableau se noircit pour les journalistes du continent : dans 4 pays sur 10, ils exercent dans des conditions « difficiles ».

L’ONG pointe des arrestations arbitraires plus nombreuses. Au Burundi par exemple, classé 114ᵉ sur 180, la journaliste Floriane Irangabiye vient d’être condamnée à 10 ans de prison ferme pour atteinte « à la sûreté intérieure de l’État ».

De son côté, le Cameroun a été endeuillé en début d’année par l’assassinat de Martinez Zogo. Cet animateur radio enlevé en pleine rue à Yaoundé puis retrouvé le corps mutilé en janvier.

Quelques progrès sont à noter au Niger, classé à la 61ᵉ place, après l’amendement d’une loi sur la cybercriminalité, jugé menaçant pour les journalistes.

Ce mercredi 3 mai 2023 marque la trentième édition de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. A l’occasion, le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a dressé un bilan alarmant suite à des menaces contre la liberté de la presse dans le monde.

«Au moins 67 professionnels des médias ont été tués en 2022, soit une augmentation sidérante de 50 % par rapport à l’année précédente. Près de trois quarts de femmes journalistes ont subi des violences en ligne, et une sur quatre a été menacée physiquement,» a-t-il indiqué.

Guterres ajoute que la liberté de la presse est le fondement même de la démocratie et de la justice. « Grâce à elle, nous disposons de tous les faits dont nous avons besoin pour façonner notre opinion et dire la vérité aux détenteurs du pouvoir » indique-t-il, fustigeant le fait qu’aux quatre coins du monde, la liberté de la presse est « attaquée ».

« La vérité est menacée par la désinformation et les discours de haine, qui cherchent à brouiller la frontière entre les faits et la fiction, entre la science et le complotisme,» a déclaré Antonio Guterres. Il a également déploré le fait qu’aucun plan d’action n’ait été établi, depuis 10 ans, sur la sécurité des journalistes afin de les protéger et de mettre fin à l’impunité des crimes commis contre eux.

Jean-Luc M.

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