Intervenons-nous

À Ouagadougou, les réunions, concertations, discussions s’enchaînent depuis le coup d’État orchestré lundi 24 janvier 2022. Le Président Roch-Marc Christian Kaboré a été destitué par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henry Sandaogo Damiba. Les militaires ont notamment annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale.

Partis, organisations de la société civile prennent position par rapport à la transition qui débute. Il a été confirmé que l’ex-président Kaboré était en résidence surveillée dans une villa de la capitale, en bonne santé et bien traité selon lui. En revanche, les informations sont plus parcellaires concernant les autres dirigeants arrêtés.

Beaucoup de bruits, beaucoup de rumeurs ont circulé comme souvent dans les heures qui précèdent et suivent un coup d’État. Désormais une certitude : Roch Marc Christian Kaboré est bien le prisonnier des militaires putschistes. Un prisonnier en bonne santé, logé dans de bonnes conditions dans une villa de la capitale, à Ouaga 2000, et qui n’est pas menacé. C’est l’ex-président lui-même qui l’a dit à l’un de ses proches, avec qui il a pu échanger par téléphone.

Il n’aurait pas le désir de sortir du pays. Dimanche soir, il aurait d’ailleurs refusé une proposition française d’exfiltration d’urgence, selon la publication spécialisée Africa intelligence.

Dans la matinée, une source diplomatique affirmait que l’intégrité physique du président burkinabè n’avait jamais été menacée et n’était pas menacée.

« Je souhaite que ce soit ça qui soit garanti dans les prochaines heures », a de son côté déclaré le président Emmanuel Macron au micro de RFI en marge d’un déplacement en France. « Nous veillons collectivement, a-t-il poursuivi, à ce qu’il soit placé en sécurité, lui et sa famille. »

Autre son de cloche à la Cédéao. Dans un communiqué, l’organisation sous-régionale dénonce une démission obtenue « sous la menace, l’intimidation et la pression des militaires après deux jours de mutinerie ».

Lettre de démission authentifiée

Les putschistes du MPSR avaient affirmé mardi que leur coup de force s’était passé « sans effusion de sang et sans aucune violence physique sur les personnes arrêtées, détenues dans un lieu sûr ». Mais les doutes subsistaient après les coups de feu entendus autour de la résidence présidentielle dans la nuit de dimanche à lundi et les images de sièges de voitures maculées de sang qui avaient circulé sur les réseaux sociaux.

Dimanche soir, selon le récit donné par Roch Marc Christian Kaboré, des unités spéciales de la gendarmerie l’ont exfiltré de son domicile pour le protéger des mutins. Ces gendarmes ont assuré cette protection jusqu’en milieu de journée lundi et sa démission.

Une démission officialisée par une lettre manuscrite publiée lundi soir par la radio-télévision publique, et dont un proche du chef de l’État nous a confirmé l’authenticité. Roch Marc Christian Kaboré y évoque « l’intérêt supérieur de la nation », comprendre qu’il a voulu éviter des violences en cédant aux mutins.

D’autres dirigeants arrêtés

On ne sait pas avec précision combien de ministres ont été placés aux arrêts ni à quels endroits ils se trouvent. On sait que le chef du gouvernement, Lassina Zerbo, est aujourd’hui en résidence surveillée, à son domicile. Pour rappel, il venait de s’installer à la primature il y a moins de deux mois, après de longues années à servir comme fonctionnaire international aux Nations unies.

Le ministre de la Défense, le général Barthélémy Simporé, est lui aux arrêts. Il occupait le poste depuis le mois d’octobre dernier et c’est lui qui avait assuré dimanche après-midi que la situation était sous contrôle. Il était chargé des tractations avec les mutins, des discussions qui ont échoué.

Troisième personnalité d’envergure : Alassane Bala Sakandé est aussi détenu. Président de l’Assemblée nationale depuis 2017, il avait pris la tête du MPP, le parti présidentiel, en septembre 2021. Son nom circulait comme candidat à la succession de Roch Marc Christian Kaboré en 2025.

Le général Diendéré toujours en prison

Concernant, les personnalités qui étaient déjà en prison avant le coup d’État, les informations manquent, concernant notamment le général Gilbert Diendéré. Pour ce qui est de l’ancien chef du régiment de sécurité présidentiel (RSP) et bras droit de Blaise Compaoré, la rumeur selon laquelle il a été libéré lundi a été démentie. Selon l’un de ses avocats, il se trouve toujours à la Maca, la prison militaire. Si le nouveau dirigeant du pays, le lieutenant-colonel Damiba, a bien été membre du RSP au tournant des années 2010, il avait quitté le régiment et n’avait pas pris part à la tentative de putsch de 2015 contre la transition.

Pour ce qui est du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana et des huit autres militaires arrêtés le 10 janvier et accusés d’avoir fomenté un coup d’État, là aussi, aucune évolution pour le moment. Sa proximité supposée avec le le nouvel homme fort du pays, auprès duquel il a fait sa formation militaire, n’a pour l’heure pas influé sur son statut de prisonnier.

Avec RFI

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