Intervenons-nous

    Nichée sur les hauteurs du Lac Kivu, la ville de Bukavu fait face à une crise persistante : l’accès à l’eau potable. Malgré l’abondance apparente du lac et des sources naturelles, des milliers de familles vivent sans eau propre, contraintes de recourir à des moyens précaires pour s’approvisionner.

    Des files interminables et des points d’eau improvisés

    Dans de nombreux quartiers, des bidons colorés s’alignent en file indienne, symbole quotidien du manque d’accès à cette ressource vitale. À l’avenue SINELAC, en commune d’Ibanda, comme dans d’autres zones périphériques, les habitants puisent l’eau à même le sol ou dans des sources non sécurisées.

    Lire aussi : Carence d’eau à Muhungu (Bukavu) : le Gouverneur Purusi promet une portion de terre à la Regideso pour l’installation des machines

    « L’eau que nous utilisons provient parfois de marres ou de sources sales. Nous n’avons pas le choix », témoigne une habitante de SINELAC.

    Une corvée exténuante, surtout pour les plus vulnérables

    Chaque jour, des femmes, des enfants et des personnes âgées parcourent plusieurs kilomètres pour atteindre un point d’eau, souvent après des heures d’attente dans des files interminables.

    Outre la fatigue, cette situation expose les populations à des maladies hydriques : infections intestinales, mycoses, maladies de la peau sont fréquentes, notamment chez les enfants.

    « L’eau qu’on trouve est puissante, oui, mais dangereuse. Elle transporte des champignons et parfois des parasites invisibles », confie un habitant inquiet.

    Des factures injustes pour une eau qui n’arrive jamais

    L’incompréhension monte aussi face aux factures envoyées par la REGIDESO, alors que les robinets restent à sec depuis des mois, voire des années.

    « Nous sommes facturés alors qu’il n’y a même pas de tuyaux fonctionnels dans notre avenue. C’est injuste », dénonce une mère de famille.

    Lire aussi : Amélioration de la desserte en eau à Bukavu : La REGIDESO annonce l’extension de la capacité de production de la station de captage de Nguba

    Cette situation alimente la frustration dans une ville où l’eau est devenue un luxe, alors qu’il s’agit d’un droit fondamental garanti par la Constitution.

    La REGIDESO reconnaît ses limites

    Interpellée sur cette crise, la Régie provinciale de distribution d’eau pointe du doigt des infrastructures obsolètes, un réseau vétuste et un déficit de captation des sources.

    « Nous travaillons à l’élargissement de notre réseau, notamment par la captation de nouvelles sources », indique un responsable local.

    Mais les promesses peinent à convaincre des habitants confrontés à des réalités de plus en plus dures.

    L’eau comme symptôme d’une crise plus large

    La pénurie d’eau à Bukavu s’inscrit dans un contexte global de dégradation des conditions de vieInsécurité, pauvreté, déplacements de population, urbanisation incontrôlée : l’ensemble du tissu social est mis à rude épreuve.

    Lire aussi : Bukavu : la REGIDESO a besoin d’un peu plus d’un million et demi de dollars américains pour satisfaire la demande de la ville !

    Dans ce tableau sombre, le manque d’eau potable devient un révélateur cruel de la misère quotidienne de nombreuses familles congolaises.

     Article produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali », une initiative du consortium RATECO et REMEL, avec le soutien de Media4Dialogue de La Benevolencija.

    Share.
    Leave A Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.