Intervenons-nous

L’ouvrage du journaliste camerounais, Charles Onana, intitulé « Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise » fâche à Kigali.

Le premier à en payer le prix et le journaliste congolais de la BBC Jacques Matand Diyambi. Il vient d’être licencié par sa hiérarchie pour « faute grave ». Un acte dénoncé par plusieurs associations des journalistes.

Tout part d’une interview que le journaliste a accordée à Charles Onana en novembre 2019. Une interview dans la quelle l’auteur expose le contenu de son ouvrage. Si Jacques se dit être victime de son combat syndical, la BBC prétend agir suite à une « menace » de plainte du gouvernement rwandais.  

Que contient donc ce livre qui énerverait le gouvernement rwandais jusqu’à pousser la BBC à s’inscrire dans la violation de la liberté d’expression ? « De la vérité » en a croire Charles Onana. Invité de Sputnik France, une agence multimédia internationale, le 11 février, il déclare, « on nous a menti pendant 25 ans ».

Pour Charles, le génocide rwandais n’a jamais été planifié comme le prétend le gouvernement de Kigali. « Le Tribunal international a démontré à travers tous les procès qu’il y a jamais eu de planification. », fait-il savoir.

Il indique que les massacres avaient commencés juste après la mort du président rwandais Hutu, Juvénal Habyarimana. Mais aussi que le gouvernement qui est arrivé après lui n’avait jamais travaillé avec Habyarimana. « Donc il déjà d’entre le jeu un problème », dit-il.

Massacre au Rwanda, les mines de la RDC l’objectif final

« On a laissé tout ça se faire car les gens qui ont mis Kagame au pouvoir devaient être récompensés par les mines de l’est de la RDC. C’est pour ça que la RDC vie aujourd’hui une situation terrible ». Déclare Charles Onana qui fait savoir que l’aide que reçoit le président rwandais a comme objectif, obtenir les mines de coltan et de diamants à l’est du Congo.

La RDC a connu plusieurs guerres dans sa partie orientale depuis 1997. Les rapports de plusieurs organisations internationales dont l’ONU citent le Rwanda comme le pays qui entretient ces guerres. La population congolaise en a payé un prix lourd avec plus de 10 millions des morts et des milliers des femmes violées.

Pour le politologue camerounais, les victimes des ces guerres dépassent l’ensemble de la population rwandaise d’avant 1994. « Des morts congolais que personne ne vaut parler », dit-il. Selon lui parler de ces morts signifie interroger le rôle de Kagame et l’action du Rwanda sur le territoire congolais.

« On ne peut pas comprendre ce qui s’est passé au Rwanda si on ne comprend pas l’interaction entre les mines de coltan et de diamants à l’est de la RDC », indique Charles.

Une forte pression sur le dossier rwandais

Charles Onana fait savoir que le gouvernement rwandais exerce toujours une forte pression sur toute personne qui donne une version contraire à celle voulu par le Rwanda.

Il cite comme exemple l’ancienne procureure canadienne, Louise Harbour. Celle-ci avait fini par dire que Paul Kagame avait exercé des pressions sur le Tribunal International pour que l’empêcher de faire la lumière sur l’attentat de l’avion d’Habyarimana.

Il cite également la procureure Carlo Del Ponte qui s’était retrouvée mis à l’extérieur parce qu’elle avait commencé à regarder ce que faisait le Front Patriotique Rwandais (FPR) du président du Rwanda.

Il se dit également subir des injures de la part des autorités rwandaise qui l’accuse de négationniste. « Moi je met les choses sur table. Les gens qui ne sont pas d’accord devraient apporter suffisamment des preuves d’éléments plus forts que moi. Si on est réduit à m’injurier, je considère que ceux qui m’injurient n’ont pas grand-chose dans les mains », dit-il.

Serait-il le genre des menaces qu’aurait subit la direction de la BBC ? Tout prête à le croire. Ce qui est évident est que le journaliste congolais a touché sur un sujet sensible. Un sujet protégé par les grandes puissances qui sont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Deux pays cités par l’auteur comme ayant joué rôle capital dans le conflit qui secoue cette partie de l’Afrique.

« On a construit une histoire erroné, une histoire fausse pour nous faire entendre un seul son de cloche. Moi je voulais qu’on essaie de voir l’ensemble des éléments qui permettent à chacun de se faire une opinion objective sur ce qui s’est réellement passé », conclut-il.

La rédaction

 

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