À Bukavu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, la crise monétaire atteint un niveau critique. Le taux de change instable, l’exigence sur l’état physique des billets et la rareté de liquidités compliquent lourdement le quotidien des habitants.
Échanger des dollars américains est devenu une épreuve : un billet légèrement déchiré, froissé ou taché peut être systématiquement rejeté, indépendamment de sa valeur. Cette pratique, bien que non réglementée, s’est imposée dans les transactions informelles.
« On peut vous refuser un billet de 100 dollars pour une simple tache. C’est une double peine », dénonce Alfonse Cirhuza, commerçant au marché central de Kadutu.
Le taux de change, quant à lui, varie fortement selon les quartiers et les jours, oscillant entre 2 850 et 3 300 francs congolais pour un dollar. Cette fluctuation, exacerbée par l’insécurité dans la région, rend toute planification financière incertaine pour les commerçants et les consommateurs.
Une crise liée à l’insécurité et au contexte humanitaire
La crise sécuritaire persistante dans le Sud-Kivu perturbe les circuits économiques, fait grimper les prix des biens de première nécessité et fragilise davantage les foyers. Les flux économiques sont désorganisés, et les habitants jonglent entre précarité croissante et monnaie instable.
« Aujourd’hui, même avec 10 dollars, tu peux passer la journée sans rien acheter si le billet est jugé “inacceptable” », témoigne Judith Bisimwa, mère de famille.
Manque de cash et commissions abusives dans les télécoms
Les services de transfert d’argent mobile (M-Pesa, Airtel Money) sont débordés. Les files s’allongent devant les points de retrait, souvent à court de liquidités. Même lorsqu’un retrait est possible, les commissions peuvent atteindre 10 %.
« Vous demandez 100 dollars, on vous remet 90. Et encore, il faut souvent faire plusieurs tentatives pour y arriver », s’insurge un habitant.
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Appel à une régulation urgente
Face à cette situation chaotique, les citoyens appellent les autorités monétaires, les banques et les opérateurs télécoms à instaurer des règles claires sur l’acceptabilité des billets et à améliorer l’approvisionnement en liquidités.
En attendant des solutions structurelles, l’économie informelle continue de régner à Bukavu, imposant ses propres règles et pénalisant les plus vulnérables.
Article réalisé dans le cadre du projet « Habari za Mahali », une initiative du consortium RATECO, REMEL, avec le soutien de Media4Dialogue de LaBénévolencja.