Le Cadre de Concertation de la Société Civile du Katanga a dénoncé ce vendredi 24 février 2023, une tentative d’enlèvement de l’archevêque métropolitain de l’archidiocèse de Lubumbashi, Monseigneur Fulgence Muteba.
Dans un communiqué, cette structure fustige l’incursion d’un groupe d’hommes armés, vêtus de l’uniforme de la garde républicaine, qui ont tenté de s’introduire dans l’archevêché à la recherche de Monseigneur Fulgence Muteba, sans donner de raisons.
La Société Civile renseigne que ces militaires ont prétexté qu’ils sont venus recueillir des informations sur une future messe qui serait lue dans la cathédrale, avec la présence du Président de la République. Ceci, alors qu’aucune demande d’organisation d’une telle messe n’a été introduite. Encore que l’archevêque ne gère pas la cathédrale qui est sous la responsabilité de l’Abbé Curé.
La Société Civile demande ainsi à la Présidence de la République de respecter les procédures de l’église catholique pour demander la messe. Mais aussi d’éclairer la population sur cet incident.
Cette information a été confirmée dans un autre communiqué publié ce même vendredi par l’archidiocèse de Lubumbashi, qui parle également d’un « enlèvement raté ».
Ci-dessous le communiqué :
UN ETRANGE ESCADRON ARME A l’ARCHEVECHE DE LUBUMBASHI
Ce vendredi 24 février 2023 vers 9h 20’, un convoi de véhicules des militaires lourdement armés, se déclarant de la Garde républicaine, a stationné en face de l’Archevêché de Lubumbashi. Neuf hommes aguerris ont tenté de s’introduire dans l’enceinte de l’Archevêché avec leurs véhicules. S’étant heurtés à la résistance ferme de l’équipe de gardiennage à l’entrée officielle de la résidence épiscopale, ils ont vite gagné la réception par la petite porte et, sans tarder, ont demandé avec insistance d’accéder au bureau de Monseigneur l’Archevêque, qui était paisiblement au travail. Sans trop attendre, ne sachant où se trouvait exactement l’hôte recherché, ces hommes en armes ont envahi le couloir qui mène au bureau de l’Archevêque.
Prévenu par madame la réceptionniste, un des prêtres qui se trouvait en réunion dans une pièce du palais épiscopal les a conduits juste à côté, au Centre pastoral Monseigneur Jean-Pierre TAFUNGA, pour les distraire, le temps de comprendre ce qui se passait. Cet étrange escadron, manifestement chargé d’une mission obscure, était piloté par un Colonel s’exprimant en langue swahili, escorté par six hommes en uniformes serrant leurs armes de guerre contre leurs poitrines, deux hommes de race blanche parlant uniquement anglais et un interprète congolais commis à la Présidence de la République à Kinshasa. En se rendant au Centre pastoral, bien entendu à contrecœur, le fameux Colonel a revu les gardes commis à la sécurité de l’Archevêché qui lui ont refusé l’entrée. Le visage fermé, il ne s’est pas empêché de laisser éclater sa vive colère et a menacé de tirer sur eux. Après un bref échange au Centre pastoral, ces hommes de troupe ont été priés de contacter le curé de la cathédrale.
A la question de savoir pourquoi ils cherchaient le bureau de Monseigneur l’Archevêque, ces visiteurs indésirables ont prétendu qu’ils faisaient partie de l’équipe d’avance du Président de la République. Ils ont précisé qu’ils seraient venus à l’Archevêché prendre des dispositions sécuritaires en vue d’une manifestation religieuse qui aura lieu à la cathédrale Saints Pierres et Paul de Lubumbashi au cours d’un séjour projeté du Chef de l’Etat dans le Haut-Katanga. De cette curieuse manifestation, ni l’Archevêque, ni le Curé de la cathédrale, ni les services compétents de la Province ou de la ville n’en ont la moindre idée. Les étranges visiteurs se sont alors amenés à la cathédrale. Sans le moindre respect dû à un lieu de culte, ils l’ont inspectée de fond en comble, de la sacristie au jubé, en passant par le chœur et la nef, non sans poser d’innombrables questions gênantes au plan sécuritaire.
UN ENLEVEMENT RATE
La présence impromptue de ces hommes armés à l’Archevêché et à la cathédrale Saints Pierre et Paul suscite beaucoup d’inquiétudes et d’interrogations. Qui a envoyé ces hommes armés à l’Archevêché de Lubumbashi et pour quel motif ? Pourquoi venir à la résidence épiscopale sans respecter les dispositions protocolaires en exigeant d’entrer dans son enceinte ?? Pourquoi ont-ils menacé le service de sécurité de l’Archevêché ? Pourquoi, sans rendez-vous préalable, chercher à accéder à tout prix au bureau de l’Archevêque en portant des armes de guerre ? Pourquoi inspecter un lieu sacré comme la cathédrale en prétextant une manifestation religieuse dont personne ne sait rien ? Logiquement, tout indique qu’il s’agit, ni plus ni moins, d’un enlèvement raté de l’Archevêque ou tout au moins d’une intimidation de mauvais augure qui ne se justifie point.
Aussi, nous condamnons avec la dernière énergie cette tentative d’enlèvement aux lourdes conséquences, qui constitue, sans équivoque, une flagrante violation du domicile et de lieu de culte, au grand mépris de la liberté religieuse. Nous exigeons des explications claires de la part de la hiérarchie de cette escorte funeste pour fixer l’opinion tant nationale qu’internationale. Nous tenons à rappeler que l’Archevêque métropolitain de Lubumbashi est un homme de paix, un acteur intrépide de la réconciliation et de la cohésion nationale, un Pasteur zélé de la cohabitation pacifique et un promoteur patenté du « vivre ensemble ». De toute manière, cet enlèvement manqué ne saurait en aucun cas le détourner de sa mission prophétique et de son ministère épiscopal.
Néanmoins, en cette année électorale où notre pays, la République démocratique du Congo, a tant besoin de paix, nous invitons solennellement tous les fidèles chrétiens de l’Archidiocèse de Lubumbashi et toutes les personnes de bonne volonté à la vigilance. Pour édifier une société paisible, nous demeurons convaincus que nous avons tous intérêt à rechercher ce qui contribue à la paix (Cf. Rm 14, 19).
Fait à Lubumbashi le 24 février 2023
Les membres de la Curie diocésaine