Accès Humanitaire

Si selon les Nations unies, une nation est définie comme une communauté politique établie sur un territoire défini, et personnifiée par une autorité souveraine, dans une certaine mesure et à travers certaines manifestations, le Rwanda a réussi à installer une nouvelle communauté ou population, venue des pays voisins, dans des espaces vides et inoccupées de l’Est de la République démocratique du Congo.

Car, depuis le 8 juin 1981 où la loi de la nationalité donnée aux immigrés rwandais installés au Zaïre a été abolie par le Comité central du mouvement populaire de la Révolution (MPR), le parti unique qui a remis en cause cette disposition ; le 20 juin 1981, les représentants des populations originaires du Rwanda établies au Zaïre écrivirent au Secrétaire général de l’ONU pour lui informer qu’ils considéraient le Zaïre comme leur « patrie de fait et de droit » et s’opposèrent formellement à la décision abrogeant la loi de 1972.

Et ils demandaient à l’ONU d’imposer au gouvernement Zaïrois un referendum sous son égide et sous celle de l’OUA, portant sur l’autodétermination des populations, pour constituer un « Etat à part qui aurait sollicité sa reconnaissance internationale ».

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Il ne s’agissait pas d’une aventure ou d’une subversion, mais bien d’une mobilisation générale des populations originaires du Rwanda en République du Zaïre, qui sensibilisaient les autorités internationales sur leur légitime cause, quelles que soient les conséquences qui en découleront. En parlant de la « personnification par une autorité souveraine », cela signifie être représenté par une personne qui peut décider de tout pour votre intérêt. En d’autres termes, cela signifie « Action de disposer et d’arranger quelque chose de façon à répondre aux besoins et aux goûts d’une personne ».

La légitime cause des originaires du Rwanda au Zaïre ?

Laissant la parole à l’auteur Pierre Péan qui explique dans son livre intitulé : Carnages _ Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique. © Librairie Arthème Fayard, novembre 2010 au chapitre 15, comment le Rwanda n’a jamais accepté les frontières tracées par les colonisateurs, qui semblerait être « Une arnaque internationale », c’est que ses terres ne sont pas suffisantes pour nourrir une population croissante. Et il y a longtemps que des pasteurs tutsis, mais aussi des paysans hutus, se sont installés, par vagues successives au Congo.

Le Kivu, un enjeu régional dans la guerre du Congo-Kinshasa a été propulsé sur la scène régionale par l’arrivée des réfugiés rwandais dits de 59. Ceux-ci ont utilisé le Kivu en général, comme le Siège de leur gouvernement en exil installé en juillet 1962 en particulier, comme base-arrière de leurs attaques contre le Rwanda, pays d’origine pour la reconquête du pouvoir dans ce qui fut appelé « Opérations Inyenzi » en coordination avec leurs frères installés au Burundi, en Ouganda, en Tanzanie et au Kenya (Bucyalimwe Mararo Stanislas, La guerre dite « Kanyarwanda » au Nord-Kivu/RD Congo. Qu’était-ce ? Mensonges et vérité. Kinshasa, Publications du Panadi, 2013). Leurs réseaux sont restés très actifs dans l’histoire postcoloniale de la RDC (Bucyalimwe Mararo Stanislas Maneuvering for Ethnic Hegemony. A Thorny Issue in the North Kivu Peace Process/DR Congo, 1959-2014. Bruxelles, Editions Scribe, novembre 2014).

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Et les rebellions populaires au Congo en 1964, par le soulèvement populaire en double forme et aux idéologies différentes (1964-1965) et qu’on a appelé respectivement « Rébellion Muléliste » sur la majeure partie du pays (Ludo Martens, Pierre Mulele, la seconde vie de Lumumba, Editions Epo, 1997) et rébellion Simba à l’Est, principalement, et dans la région de Fizi avec Bujumbura (Burundi) comme plaque tournante et dans laquelle les réfugiés rwandais dont un certain Kanambe, furent impliqués (Paul Masson, Dix ans des malheurs au Kivu, 1957-1967. Bruxelles, Max Arnold, 1970 ; Benoit Verhaegen, « Les rébellions populaires au Congo en 1964 », Cahiers d’Études africaines, 26, vol. VII, 1967, pp. 345- 359) ; une partie du Kivu a été cédée aux réfugiés rwandais comme récompense par les rebelles Congolais en 1965 en cas de victoire de renverser Mobutu. « Les rebelles congolais, après plusieurs réclamations de la part des Rwandais, ont, en guise de récompense pour les services que les rebelles tutsis ont déjà rendus et ceux qu’ils rendront, promis à ces rebelles Tutsis, les territoires des Babembe, des Bavira jusqu’au Rutshuru. Tous ces territoires seraient propriétés des Tutsis en cas de victoire et les Tutsis sont d’accord avec cette proposition ; c’est-à-dire que les Tutsis propulsés au Congo obtiendraient en contrepartie de leur aide, une partie du Kivu. La volonté d’annexion d’une partie du Congo par les Rwandais est donc bel bien une vieille histoire, faite de nombreux épisodes.

Le Kivu hérité du fardeau du Rwanda

Que sont devenus les réfugiés Hutu sur le sol congolais ? La vérité, c’est que la communauté internationale et les Nations unies soutiennent ce plan d’installation d’une nouvelle population rwandophone en RDC. Si les réfugiés étaient rentrés dans la paix et la dignité que le secrétaire général des Nations unies ne cessait de répéter, ils allaient récupérer leurs biens et exiger des élections en vertu des dispositions de Genève et l’OUA, un homme, une voix, et les Hutus allaient revenir au pouvoir. Kagame ne voulait pas de cela. L’armée rwandaise ne disposait pas d’une force aérienne, ni avion, ni pilote.

Pourquoi a-t-on bombardé les camps ? Qui a bombardé les camps des réfugiés ? Comment distinguer un Hutu ou Tutsi rwandais de son frère Hutu ou Tutsi congolais ? Dans un pays ou le recensement de la population a cessé depuis des années, comment reconnaitre formellement un refugié Hutu après une vingtaine d’années passées au Congo ? Combien sont-ils à ce jour sur le sol congolais ? Ils sont devenus des Congolais s’il en est ainsi.

Les 300 kilomètres cédés aux frontières par l’Afdl

A part cette partie du Kivu cédée en 1965, à ceci s’ajoute 300 kilomètres aux frontières du Rwanda, Ouganda et Burundi par l’Afdl le 23 octobre 1996. Et l’Afdl se serait engagée en outre, une fois la victoire remportée, à verser « Une rétribution spéciale » à ses alliés (Rwanda, Burundi et Ouganda). Paul Kagame aurait aussi réclamé que l’Afdl une fois au pouvoir, procède au rétablissement de la loi de la nationalité de 1972 abolie en 1981, exigeant que la nationalité Congolaise soit accordée collectivement aux Banyamulenge et aux populations d’origine rwandaise établies au pays avant la date de l’indépendance de la RDC qui avait duré 3 mois (juin – septembre 1960). Et les « accords de LEMERA, de LUSAKA, de Pretoria, de CNDP et de M23 » sont considérées comme le « Ticket gagnant pour une nouvelle guerre de revendication en RDC » au cas où les clauses de ces fameux accords ne sont suivies. Et dans le règlement du conflit en RDC, les accords de paix négociés et conclus avec la médiation de la communauté internationale visaient le découpage de la RDC ou l’attribution du Kivu aux ressortissants rwandais vivant au Congo. La Communauté internationale qui a diligenté les négociations dites inter congolaises s’est assurée que les alliés des pays envahisseurs du Congo occupent de fortes positions dans le gouvernement Congolais.

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La volonté des multinationales qui gèrent via des leaders congolais imposés (de Mobutu à Félix Tshisekedi Tshilombo), des mercenaires de l’impérialisme en peu de mots, la collusion  entre les groupes d’intérêts occidentaux et les leaders congolais sur ordre car imposés au peuple étant le principal trait de l’histoire postcoloniale de la RDC,  la flamme  nationaliste s’étant évaporée après l’assassinat de Patrice-Emery Lumumba, l’inconscience et l’irresponsabilité des politiciens congolaises s’étant installées dans la durée, la RDC a  fini par devenir le « Grand malade de l’Afrique », une proie facile pour  les prédateurs et autres entrepreneurs de l’insécurité ou, mieux, les réseaux mafieux internationaux et régionaux.

« Le Kivu en danger aujourd’hui comme hier », le « Gouvernement Congolais sous la main étrangère (le Jeu diplomatique stimulé par la situation géopolitique au Congo Kinshasa) », « RDC : Etat de siège proclamé au Nord-Kivu et en Ituri, mais à quelle fin ? » et la « Balkanisation est de fait en RDC » sont les titres de mes articles publiés à La Prunelle RDC pour dénoncer et informer l’opinion tant nationale que internationale, la complicité du gouvernement Congolais dans la malheureuse histoire de la Rd Congo aujourd’hui comme hier. La stratégie du chaos implantée en RDC depuis 1960 est le fruit des accords entre individus qui ont signés au nom de la Nation Congolaise. Raison pour laquelle, le peuple congolais a perdu le contrôle de leur pays au profit du Rwanda et l’Ouganda l’épicentre ou la plaque tournante depuis 1986 et 1994. Et c’est ainsi que le Rwanda a « réussi à s’établir stratégiquement au Congo et rassuré de l’incapacité du gouvernement Congolais depuis les années 87 où les USA ont lâché Mobutu ».

L’entrée des soldats ougandais ou rwandais au sol congolais n’est pas nouvelle, ils sont là depuis l’Afdl. Mais, pourquoi cette naïveté de la part des Congolais ? L’Accord gouvernement-CNDP sur le brassage, Kigali, janvier 2007 suivi de l’Opération « Umoja Wetu » et l’Accord gouvernement-CNDP sur le mixage, Goma, 23 mars 2009 ne vous rappelle pas quelque chose ? Ce mixage signifié quoi exactement ?

Comment pourrait-on emporter la victoire si on n’utilisait pas les déterminations de l’ennemi ?

Comme le mieux à la guerre, consiste à attaquer les plans de l’ennemi, ses alliances et ensuite ses troupes ; le gouvernement congolais devrait attirer l’ennemi (gouvernements occidentaux (Etats-Unis, Belgique et Grande Bretagne) par la perspective d’un avantage. Il faudrait le « prendre par surprise », lui offrir ce qu’il convoite plus pour mieux s’emparer de ce qu’il abandonne. « Telle est la règle à suivre quand on doit combattre un ennemi qui s’est installé le premier dans la zone de combat ». Les américains ne veulent pas s’impliquer à visage découvert dans leur « désir de libérer les voies d’accès à des gisements de matières premières considérés comme d’importance stratégique », ils opèrent par des intermédiaires et par une force de réaction rapide africaine « African Crisis Response Force » entrée en concurrence avec le projet français « Recamp ». La formule de « Revolving fund » et du « Goût du profit immédiat ».

Pour cela, au lieu que les américains utilisent les pays voisins ou leurs alliés locaux (Ouganda et Rwanda) pour s’établir stratégiquement en RDC, la pratique courante qui consiste à envoyer dans un pays, ennemi ou ami, un de ses fils, parfois même le prince héritier afin qu’il serve de caution ; les Congolais devraient « User de la stratégie KARAKARA pour sauver la RDC, devenue, au fil des années, « Une République des Inconscients » (Modeste Mutinga, 14 septembre 2010), Une République des « Intellectuels serviles de Kinshasa » (Anicet Mobe, février 2016), « Une République bananière (Freddy Mulongo, 15 mars 2017). Au final, « la crise de la citoyenneté (passe pour) base du sous-développement (Jean-Claude Omodi Ndjate, 22 janvier 2020). Avant de retirer quoi que ce soit …, il faut mettre quelque chose dedans.

De même, la révision de la Constitution Congolaise devrait être une priorité pour le gouvernement Congolais surtout les articles : « 2, 4, 6, 7, 68, 75, 78, 81, 82, 90, 92, 101, 104, 110, 215 et 217 ».

Par Didier Amani SANGARA NTALE

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