Intervenons-nous

Des personnes testées positives au Covid-19 sont désormais abandonnées dans la communauté dans la ville de Bukavu au Sud-Kivu, et cela serait à la base de la hausse des nouvelles contaminations constatée ces derniers jours.

Pour cause, la province ne dispose plus de moyens de prise en charge des malades covid-19. Donc, la prise en charge n’est plus gratuite car il y a eu rupture des médicaments.

D’un constat fait par votre reporter sur le site de prélèvement covid-19 à Labotte dans la commune d’Ibanda, il ressort que toute personne, après avoir fait le test, revient quelques heures plus tard à la Division provinciale de la santé et repars avec son certificat sur lequel sont transcrits ses résultats, peu importe si elle est testée positive ou négative.

Bahati, une des personnes venues pour faire le test et qui a été testé positive, s’étonne de la nouvelle façon des autorités de gérer la pandémie dans la province.

« Je viens d’être testé positif. On m’a juste appelé pour des conseils que je dois me mettre en quarantaine pour protéger ma famille et mon entourage. Ils m’ont aussi donné le numéro d’un médecin qui, selon eux, devra me soigner. Moi,  j’ai un peu des moyens, j’ai décidé d’aller m’isoler dans un hôtel en attendant. Mais ce qui est drôle, un de mes camarades a aussi été testé positif et en quittant le lieu, comme nous sommes asymptomatique, il a commencé à saluer des gens. Ma crainte est: combien de gens vont-ils être contaminés par celui-là et beaucoup d’autres positifs non connus? » déclare-t-il à LaprunelleRDC.info.

Pas assez de moyen pour la prise en charge

Des sources au sein de la Division Provinciale de la Santé confirment l’information, et parlent d’un manque des moyens. Selon elles; il n’y a pas des moyens pour la prise en charge des malades. Selon notre source, la DPS fait ce qui est possible à son niveau espérant que la population prenne conscience.

« Il est vrai que les malades testés positifs sont renvoyés chez eux mais c’est après un moment de counseling. On n’a pas assez de moyens comme à la première vague. Donc, on ne sait pas mettre des gens en quarantaine. Nous les conscientisons sur leur état et le danger qu’ils représentent pour leur famille et pour toute la société, s’ils ne prennent pas conscience. Quand il y avait rupture des médicaments nous leur donnions des ordonnances et pouvions suivre régulièrement leur cas, chaque 48 heures. Mais comme on n’a pas été approvisionné, après le test et le counseling, on donne aussi le médicament pour les testés positifs » précise notre source.

Plus de 500 malades suivis à domicile

Cette situation n’est pas que pour le site de prélèvement de Labotte, mais pour bien d’autres hôpitaux de la ville de Bukavu comme l’Hôpital Provincial Général de Référence.

Un autre malade a expliqué à LaPrunellerdc.info comment il a été testé positif et renvoyé à la maison. Personnel de santé, il a fait de son mieux pour se protéger et se faire soigner jusqu’à sa guérison. Il doute que toutes les personnes aient la même chance.

« Moi je suis médecin, mais ça a été très difficile pour les médicaments qu’il fallait acheter à chaque instant, mais aussi pour les contacts qu’il fallait limiter à tout prix. Je ne pense pas que tout le monde ait la même conscience, car certains vont même au travail en étant malades » dit-il à Laprunellerdc.info.

Contacté, Claude Bahizire, le chargé de communication de la Division provinciale de la santé, confirme que le fait que le gouvernement ne prend plus en charge le traitement de cette maladie, rend la tâche de plus en plus difficile.

Selon lui, cela fait plus de trois mois que la province ne dispose d’aucun sous pour la prise en charge de cette maladie. Alors que le centre de Bwindi avait été mis en place pour ce travail, il avait été fermé faute des moyens.

Le chargé de communication a alors indiqué que la prise en charge devient de plus en plus lourde avec plus de 500 malades à suivre à domicile.

« Plus le nombre augmente, la charge devient lourde. Au départ, il y avait le centre d’isolement de Bwindi, mais qui avait fermé faute des moyens parce que la maison était prise en location et ça coutait cher; même s’il y avait un partenaire qui payait. Pour le moment, les malades sont demandés de se prendre eux-mêmes en charge avec tout le risque que cela comporte. On a aujourd’hui à peu près 500 malades soignés à domicile. Ce n’est pas facile de suivre 500 personnes. On ne sait pas si tout le monde est conscient qu’il ne faut pas contaminer les autres. Combien sont-ils entrain de respecter les mesures barrières. Est-ce que tout le monde est capable de trouver un local où s’isoler, savoir toujours porter correctement son masque et  bien se laver les mains?  » reconnaît-il.

Claude Bahizire pense que l’idéal serait de mettre tous ces gens dans la quarantaine en un endroit où ils pourraient être bien suivis, et que le gouvernement devrait s’investir pour éviter le pire.

Mais en attendant, il appelle la population à prendre conscience que la maladie existe et elle est très dangereuse. Elle ne doit pas penser que toute la responsabilité revient aux autorité, selon lui.

« L’idéal serait de les prendre en charge; ce qui ne se fait plus car la maison de Bwindi avait fermé faute de moyens. Au delà de ça, la population devra aussi prendre conscience. Chacun devrait être secouru une fois malade. Nous avons la responsabilité dans l’arrêt de la chaine de transmission de cette maladie » a-t-il rappelé.

Judith Maroy

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