Intervenons-nous

Ils ne sont pas une foule mais se sentent visiblement « humiliés ». Eux, c’est une dizaine des manifestants venus rencontrer Zacharie Lwamira, le Président de l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu ce mercredi 31 mars 2021 pour demander la destitution du Gouverneur Ngwabidje.

Devant le Président de l’Assemblée Provinciale et son rapporteur Amani Kamanda Jacques, les manifestants « citoyens vivant au Sud-Kivu et électeurs des députés », disent venir soumettre leur « indignation » et « interpellation ».

Que s’est-il passé entre manifestants pro et anti Ngwabidje

 Dans leur mémorandum, ces manifestants disent avoir été humiliés, la veille, dans les installations de l’Assemblée Provinciale le jour de la rentrée parlementaire, par les « policiers et bandits » qui les ont battus, injuriés publiquement « et comme si cela ne suffisait pas, ils ont déchiré notre calicot, nos habits et nos écriteaux, nos téléphones et notre argent de poche ».

La veille, c’est le jour de l’ouverture solennelle de la session ordinaire de mars à l’Assemblée Provinciale. En effet, avec le climat politique délétère en province, nombreux sont venus demander publiquement aux députés provinciaux de déchoir le Gouverneur Théo Ngwabidje. A leur côté, d’autres venus soutenir le Gouverneur.

« Ces bandits sont du nombre de ceux qui venaient applaudir le Gouverneur de province Théo Ngwabidje, ces policiers brutaux sont ceux du gouvernorat et qui se sont retrouvés à l’Assemblée Provinciale pour assurer la sécurité du Gouverneur », dénoncent-ils.

Les manifestants mettent ainsi le Président de l’Assemblée Provinciale devant ses responsabilités.

« Vous êtes témoins honorable Président de cette barbarie car vous êtes venu résoudre un peu ce problème en remettant le pouvoir de sécuriser aux seuls policiers commis à l’Assemblée provinciale et demander qu’on traite tout le monde de manière égale. S’il n’y avait pas de problème, vous ne serez pas venu. Nous rappelons que nous avons été humiliés en public et notre fierté entamée, ne doit pas passer sous silence ».

Le Gouverneur « n’est plus à la hauteur de sa tâche », il faut le déchoir

 Ce petit groupe des manifestants dit être venu au travers le Président de l’organe délibérant de la province, interpeller tous leurs 44 députés élus et leurs 4 députés cooptés sur le fait que « Monsieur Théo Ngwabidje n’a pas la confiance du peuple dans sa grande majorité ».

Ils estiment par ailleurs qu’il n’est pas à la hauteur de sa tâche et « ne manifeste aucun désir d’apprendre à bien travailler ».

À cause de cette attitude, s’indignent-ils, l’insécurité est devenue monnaie courante dans la ville de Bukavu comme dans les territoires. Ils regrettent également que le vol soit presque légalisé, la spoliation des terrains du domaine public et privé de l’État, la mauvaise gestion de toutes les ressources de la province qui font que la province soit aujourd’hui « invivable ».

« Nous vous interpellons au nom du peuple de voter une motion de défiance contre le Gouverneur monsieur Théo Ngwabidje pour le déchoir avant de le traduire en justice. C’est ça la volonté du peuple que vous représentez et vous le savez, honorable Président », lit-on dans le mémorandum.

Traduire les responsables en justice

Quant à « l’humiliation » qu’ils disent avoir subi, les manifestants demandent d’intenter une action d’en justice contre « les hommes de main du Gouverneur Ngwabidje ainsi que contre les policiers du Gouvernorat qui ont violés le temple de la démocratie qui est l’Assemblée Provinciale et qui ont, en sa présence brutalisé les électeurs.

« Nous n’avons pas assez de patience pour attendre que cette question soit traitée dans les séances plénières, vu l’importance que nous lui accordons. Nous espérons que vous en tant qu’élu du peuple et Président du Bureau de l’Assemblée Provinciale, vous vous mettrez du côté des électeurs et exiger justice et réparation sans délai. Nos téléphones volés ont une valeur de 350$ et l’argent nous ravi est seulement de 75$. Cependant, notre dignité violée n’a pas de prix car extrêmement chère à nos yeux. Nous exigeons remboursement et réparation », concluent-ils.

Savoir établir les responsabilités, répond Lwamira

Zacharie Lwamira qui a réceptionné en personne le mémo de cette frange de la population qui s’est sent laissée rappelle que c’est également grâce à lui que le calme est revenu ce 30 mars.

« Je suis content que celui qui a parlé a rappelé que je suis venu ici hier quand il y avait des bruits à l’enclos de l’hémicycle de l’Assemblée Provinciale et je crois que vous avez senti que vous être représentés valablement parce que j’ai ordonné qu’on laisse tout le monde entrer et suivre l’ouverture solennelle de la session de mars et ils se sont soumis à cet ordre », dit-il d’emblée.

Lire aussi: Sud-Kivu: le Bureau de l’Assemblée provinciale déclare « irrecevables » les pétitions visant le départ de 3 de ses membres

Zacharie déplore aussi le vol et la perte des biens des manifestants. « Nous sommes là pour défendre la cause de notre population ».

Devant des applaudissements des manifestants anti-Ngwabidje, Lwamira appelle à établir tout de même des responsabilités, en quelque sorte d’éviter de généraliser.

« Mais aussi vous devez être des responsables. Il faudra savoir exactement qui ont fait ce geste et qui les a envoyés. Pour le moment je ne peux pas me prononcer sur cela mais nous faisons comme d’habitude. Nous prenons votre mémo et nous allons nous y atteler et vous saurez la suite », promet-il.

Abiud Olinde

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