Alors les affrontements entre les deux factions du groupe armé NDC-Rénové se sont poursuivis depuis la scission, entrainant la mort de civils, des déplacements massifs et des pillages dans les territoires de Walikale, de Masisi et de Rutshuru, le Groupe d’experts de l’ONU dit avoir établi que des officiers des FARDC continuent à leur transférer des armes et des munitions.
Dans un Rapport à mi-parcours transmis au Secrétaire Général de l’ONU le 23 décembre 2020, le Groupe d’Experts note qu’un officier chargé de l’administration et de la logistique de la faction Bwira, ainsi que d’autres dirigeants du NDC-R, ont continué de se déplacer entre la zone d’opérations du NDC-R et Goma, pour se ravitailler en armes et en munitions, avant et après la scission du NDC-R.
«Le 18 février et le 25 juin 2020, Mapenzin officier NDC-R.Bwira, a quitté Goma avec plusieurs boîtes de munitions pour fusils d’assaut de type AK, mitrailleuses PKM et roquettes. Trois sources proches du NDC-R, les dirigeants du CMC/FDP, un ex-combattant de la faction Bwira et des membres de la Société Civile, ont déclaré au Groupe d’experts que, dans la nuit du 8 au 9 juillet 2020, Bwira avait pris des armes et des munitions au poste du bataillon des FARDC à Pinga, en prévision de l’attaque qui devait être menée le lendemain contre une position contrôlée par Guidon. Selon des témoins oculaires, les armes et les munitions fournies étaient souvent transportées dans des véhicules des FARDC.» lit-on dans ce rapport examiné par le Comité du Conseil de Sécurité de l’ONU.
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Selon les Experts de l’ONU, plus de 20 témoignages, dont 3 de première main, recueillis auprès de sources diverses, dont des dirigeants de factions du NDC-R, des dirigeants du CMC/FDP, des officiers des FARDC, la MONUSCO et la Société Civile, ont tous affirmé que le général Innocent Gahizi, qui était jusqu’en juillet 2020 le commandant adjoint des FARDC de la 34e région militaire pour le renseignement et les opérations, avait donné l’ordre aux unités des FARDC basées dans les territoires de Masisi, de Rutshuru et de Walikale, notamment à Kitshanga, Nyabiondo et Pinga, de fournir des armes au NDC-Rénové depuis 2018 .
«Cette pratique s’est poursuivie après la scission du NDC-R, certains membres des FARDC ayant utilisé des combattants de la faction Bwira comme intermédiaires, pour traquer la faction Guidon et lutter contre la coalition CMC/FDP-APCL, dans le territoire de Masisi, et le Front des patriotes pour la paix-Armée du peuple (FPP-AP) dans le sud du territoire de Lubero. Tandis que le colonel Kasuku Dumu, ancien commandant du 3411e régiment des FARDC, fournissait des armes à Guidon avant la scission, le nouveau commandant du régiment, le colonel Charles Sebutama, coopérait étroitement avec la faction Bwira au moment de l’établissement du présent rapport.» dit ce Rapport.
Les Experts de l’ONU notent que le colonel Dumu a cependant nié toute collaboration avec le NDC-Rénové. Les autres officiers des FARDC ont refusé de se prononcer, ou n’ont pas pu être contactés. Ces experts rappellent que le transfert d’armes et de munitions des FARDC à un groupe armé, constitue une violation de l’embargo sur les armes.
Dans ce Rapport, les experts onusiens recommandant au Gouvernement congolais de prendre des mesures d’urgence pour mettre fin au soutien apporté au NDC-R par des membres des FARDC, et renforcer les mesures déjà prises à cet effet, en particulier pour ce qui est du détournement d’armes et de munitions, qui selon eux, représente une menace à long terme pour la paix dans le pays.
Museza Cikuru