24 avril 1990 – 24 avril 2023, il fait aujourd’hui 33 ans, jour pour jour, depuis que le maréchal Mobutu Sese Seko, annonçait la fin du parti unique au Zaïre. C’est le début d’un long processus de démocratisation. Mobutu décida donc, « seul devant sa conscience », de tenter à nouveau, l’expérience du pluralisme politique, « avec à la base le principe de la liberté pour chaque citoyen, d’adhérer à la formation politique de son choix ».
Avant 1990, chaque Zaïrois était d’office membre du Mouvement populaire de la révolution (MPR), dès la naissance. A la suite de cette annonce, des partis politiques poussent comme des champignons pour concurrencer le parti alors unique, et des manifestations vont plus tard se multiplier pour dénoncer la gabegie et l’économie de prédation au sommet du pouvoir.
Sur le plan politique, ces 33 dernières années auront été été marquées par trois transitions et trois cycles électoraux. La première transition, sous la présidence de Mobutu, a duré sept ans. Cette transition s’est ouverte au moment où s’effondrait le bloc de l’Est sous la pression de la perestroïka et que le vent de la démocratie soufflait sur les pays de l’Afrique sub-saharienne.
Un forum national appelé Conférence nationale souveraine (CNS) a été organisé de 1990 à 1992 réunissant les représentants de toutes les couches de la population congolaise vivant au pays et à l’étranger pour trouver des solutions aux problèmes de développement auxquels le zaïre d’alors était confronté.
En août 1992, la conférence finit par élire l’opposant historique Étienne Tshisekedi au poste de Premier ministre de la transition, mais suite à un long bras de fer entre Mobutu et l’opposition, le Sphinx de Limete sera limogé en janvier 1993.
La CNS a fini par laisser la place au Haut conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT) dont les animateurs étaient issus de la CNS. La première transition a pris fin le 17 mai 1997, lors que Laurent-Désiré Kabila, qui conduit une rébellion depuis l’Est du pays, met fin aux trente-deux ans de règne de Mobutu.
Mais la joie n’aura été que de courte durée, car en août 1998, les anciens alliés de Mzee Kabila, insatisfaits, lancent une nouvelle guerre dans l’Est de la RDC. Mzee Kabila meurt assassiné en janvier 2001, sans avoir eu le temps d’organiser les élections. Et son fils, Joseph Kabila, va ranimer les négociations de paix avec les belligérants.
Un autre forum, le dialogue inter congolais, est organisé en Afrique du Sud. Une nouvelle transition de deux ans est entamée en juin 2003. Joseph Kabila est assisté de quatre vice-présidents dont deux ex-chefs rebelles, un opposant et un allié. Prévue pour s’achever en juin 2005, la transition est prolongée d’une année, pour conduire au premier tour des élections présidentielles et législatives couplées le 30 juillet 2006, mettant fin aux différentes transitions lancées en 1990.
Une autre élection aura lieu 5 ans plus tard, soit le 28 novembre 2011, et Joseph Kabila est réélu face à Etienne Tshisekedi, pour un second mandat. Initialement prévues en décembre 2016, il a fallu attendre décembre 2018 pour avoir l’élection présidentielle couplée aux législatives, et qui mèneront Félix Tshisekedi à la Présidence de la République, à l’issu de ce troisième cycle.
Aujourd’hui, à quelques mois du quatrième cycle électoral, prévu en décembre prochain, la République démocratique du Congo se voit minée par une guerre d’agression lui imposée par le Rwanda, à travers la rébellion du M23. Une guerre qui n’a pas facilité, d’ailleurs, l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs, qui vient de s’achever dans la troisième aire opérationnelle. Selon l’ONU, plus de 1.200.000 personnes ont dû fuir leurs foyers en territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi, à la suite des atrocités des rebelles du M23.
La tenue en décembre des élections, déjà boycottées par la majeure partie de l’opposition pour manque de consensus, devient donc de plus en plus incertaine, même si la Commission électorale, et le Gouvernement, ne cessent de rassurer que tout est mis en œuvre pour qu’elles se tiennent dans les délais. Reste à savoir si les partis l’opposition, qui jusqu’ici ne parlent pas le même langage, parviendront à faire tête aux plus de 400 partis politiques, qui se revendiquent aujourd’hui de l’Union sacrée de la nation.
Museza Cikuru