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Des professionnels de différents médias du Sud-Kivu, réunis au sein de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), prennent part depuis ce lundi 28 mars 2022 à une formation de 3 jours, organisée à Bukavu par la GIZ, sur la sécurité des journalistes et la prévention des violences sexuelles et celles basées sur le genre (VSBG).

La Coopération allemande pour le développement dit avoir constaté plusieurs incidents de sécurité contre les journalistes au Sud-Kivu, depuis l’année dernière jusque début 2020. D’où l’opportunité de cette séance qui devrait permettre aux journalistes de savoir comment ils peuvent se protéger, ainsi que l’implication de la justice et des services de sécurité dans le cadre du respect des différentes lois qui les protègent.

Dans son intervention, Darius Kitoka, président de l’UNPC au Sud-Kivu, a fait savoir que le journaliste est en insécurité, lorsqu’il est placé dans des conditions qui l’empêchent d’exercer son travail. C’est notamment des menaces et intimidations, ou même plus loin, son incarcération.

Pascal Mupenda, Directeur des Programmes au sein de l’organisation Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI), affirme également que la RDC est parmi les pays « mauvais élèves » en matière de sécurité des journalistes. Ceci fait que la RDC soit classée 146ème sur 180 pays [2021] par RSF, sur la liste des pays à haut risque pour les journalistes. En 2021, 116 cas d’atteinte à la liberté de la presse ont été rapportés en RDC.

Au Sud-Kivu particulièrement, Pascal Mupenda rapporte que 25 violations des droits des journalistes ont été enregistrées au courant de cette année, sur 51 documentées dans 3 provinces de l’Est de la RDC, [Sud-Kivu, Nord-Kivu et Ituri], et où 3 journalistes ont été tués en 2021.

Parmi les causes de cette insécurité des journalistes, celui-ci note «des pesanteurs politiques, et le manque de professionnalisme de certains éléments des services de sécurité [FARDC, PNC, ANR…] ».

«Il y a aussi  les dénonciations des acteurs sociaux sur certains dossiers, et qui sont relayées par les médias, l’absence des poursuites/sanctions des auteurs des violations des droits des journalistes, et parfois, le manque de professionnalisme de certains professionnels des médias,» dit-il.

De sa part, M. Abedi, Substitut du Procureur général près la Cour d’appel du Sud-Kivu, a déclaré que les journalistes peuvent être poursuivis s’ils commettent différentes infractions dans le cadre de l’exercice de leur profession, notamment le Code pénal congolais qui parle des imputations dommageables et de l’outrage envers une autorité publique.

Celui-ci appelle les journalistes au respect de leur code d’éthique et de déontologie, et les différentes lois du pays, mais aussi publier leurs différentes informations dans la limite des droits d’autrui, pour éviter d’entrer en conflit avec la loi.

Exposant sur la dépénalisation des délits de presse, Me Adolphe Kilomba, Avocat Conseil de l’UPNC au Sud-Kivu, a appelé les journalistes à plaider pour la modification de la loi de 1996 sur la presse en RDC qui selon lui, contient plusieurs dispositions liberticides de la presse.

Celui-ci appelle les journalistes à être en bons termes avec les autorités pour leur propre sécurité, et à plaider pour le vote d’une loi portant dépénalisation des délits de presse.

«L’UNPC doit également multiplier les formations des journalistes sur la législation congolaise en ce qui concerne la liberté de la presse, afin qu’ils puissent demeurer professionnels. L’État devrait également organiser de plus en plus de formation au profit des magistrats, afin qu’ils puissent faire respecter les droits des journalistes en toute circonstances,» ajoute-t-il.

Avant la fin de la première journée, les représentants des Forces Armées de la RDC et de la Police ont également exposé sur les relations entre la presse et les services de sécurité. Ces derniers ont appelé les journalistes à toujours informer la hiérarchie militaire ou policière, lors qu’il y a dérapages de certains éléments de l’ordre et des forces de sécurité.

Ils ont également encouragé les journalistes à diffuser des nouvelles qui peuvent influencer les décideurs à améliorer les conditions de vie des militaires ou des policiers, au lieu de publier des informations qui peuvent nuire à leur réputation.

«L’armée ne vous interdit pas de publier quoi que ce soit, positif ou négatif sur elle, dans la mesure où vous ne tombez pas dans la démoralisation des troupes. Nous vous appelons également à toujours nous contacter lorsque vous avez des informations qui nous accusent pour avoir notre réaction. Ce n’est pas pour que nous puissions vous interdire de les diffuser, mais juste nous donner l’occasion de nous expliquer sur ces faits qui peuvent ne pas être vrais,» déclare le Colonel Pascal Kulimushi, Directeur de l’Administration au sein des FARDC au Sud-Kivu.

Signalons que cet atelier organisé dans le cadre de la deuxième phase du projet de Promotion de la paix et de la stabilité à l’Est de la RDC (Propaix II), se tient au Centre RIO à Nguba, en commune d’Ibanda. Il servira également de cadre de discussion sur la sensibilisation à la prévention des violences sexuelles et celles basées sur le genre. Au cours de ces 3 jours d’échange, les journalistes seront également informés sur leur rôle dans l’intégration du genre dans les médias.

Museza Cikuru

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