Intervenons-nous

L’agitation est totale dans le camp de Aimé Boji Sangara, Ministre national du Budget sous la menace de la motion de défiance initiée par le député Willy Mishiki. La colère des députés nationaux s’est clairement manifestée au cours de la plénière pour l’examen du projet de loi portant reddition des comptes.

Des députés nationaux ont, lors du débat, exprimé leurs préoccupations concernant les détournements, les dépassements et le paiement en cascade de la dette intérieure. Une enquête devrait être lancée sur l’exécution d’une grande partie du budget en situation d’urgence.

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Christian Mwando a même proposé une motion de défiance à l’encontre d’Aimé Boji, ministre d’État et ministre du Budget, en raison de son « incompétence ».

Il justifie cette demande en soulignant que le ministre du Budget est responsable du contrôle de l’exécution budgétaire par le Gouvernement. Selon lui, il a donc manqué à sa mission.

Les choses ont vite évolué. Un document portant transmission de la motion de défiance contre le Ministre Boji circule sur les réseaux sociaux. Cette fois, c’est le député Willy Mishiki a pris l’initiative. Ceci après des critiques acerbes en pleine plénière contre Boji et l’ancien Ministre des Finances Nicolas Kazadi, lui aussi soupçonné des graves détournements.

Même si les motifs de la motion de défiance ne sont pas encore évoqués, de nombreux députés nationaux soupçonnent Aimé Boji et son ancien collègue Nicolas Kazadi de s’être notamment enrichis à travers le paiement exagéré de la dette publique intérieure et d’autres pratiques qui sont assimilées au détournement.

Une agitation hors pair

Depuis l’annonce du document, les déclarations se multiplient. Le camp Boji organise une forte campagne médiatique pour non seulement vanter son leader mais également lui attribuer une certaine «efficacité » et une « probité morale ».

Facebook, X, whatsapp, médias audio-visuels et tous les canaux de communication sont mis en jeu pour dénoncer une « cabale » contre celui qu’on appelle « ABS ».

Au Sud-Kivu, par exemple, province connue pour des déclarations de soutien ou de désaveu aux motivations parfois pécuniaires, les initiatives se multiplient. Des jeunes se réclamant de telle ou telle autre structure disent apporter le soutien à Boji sans savoir qu’est-ce qu’on lui reproche concrètement à l’heure actuelle.

La dernière déclaration de soutien a été faite ce mercredi 23 octobre par des initiateurs d’un groupe whatsapp dénommé « Elites du Kivu » ; en majorité des jeunes.

La déclaration signée et portant des signatures, des noms des personnes qu’on dit du grand Kivu demande clairement aux députés de la région de se désolidariser de cette initiative de Willy Mishiki. Ils demandent également à ce dernier de retirer son initiative, dénonçant un « acharnement » contre Boji.

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« Au regard de cette situation, les membres Groupe Elites du Kivu, réunis ce mardi 22 octobre 2024 condamnent avec la toute dernière énergie cette campagne de diabolisation et d’acharnement qui laisse transpirer un complot politique savamment monté contre le Ministre d’Etat Aimé Boji Sangara avec comme visée la déchéance sociopolitique de cette personnalité politique dont la légitimité à la base attestée par sa double brillante élection comme Député National et Provincial élu respectivement dans la circonscription électorale de Walungu et dans la ville de Bukavu suscite une jalousie dans le chef de ses adversaires politiques », disent les signataires.

Ceux-ci demandent même au Président de l’Assemblée Nationale d’user de son pouvoir pour clairement une initiative parlement qu’ils qualifient d’ « illicite ».

Des sérieux questionnements

Ces actions ou du moins ces agitations amènent l’opinion à se questionner sur l’obligation de redevabilité des dirigeants congolais. En effet, en tant que Ministre du Budget et membre du gouvernement, le Ministre Boji a l’obligation de dire aux congolais comment les finances publiques ont été gérées au cours de ces années aux commandes de ce ministre clé.

Ces dernières heures, plusieurs questions reviennent dans l’opinion : comment le ministre présenté comme efficace et sans tâche par ses partisans peut-il autant avoir peur de répondre de sa gestion devant la représentation nationale ? En principe, même si la motion de défiance pouvait être alignée à l’ordre du jour à l’Assemblée Nationale, le Ministre Boji disposera d’un temps pour convaincre les 500 élus nationaux qu’il est « clean » et que les finances publiques ont été gérées dans la plus grande transparence et le respect des règles.

Que gagnent les jeunes qui, en longueur des journées multiplient des déclarations, au lieu d’exiger plus d’explications de la part du gouvernement après les graves révélations de la dernière plénière par rapport à la gestion des fonds publics ?

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Pour de nombreux acteurs, il est aberrant de constater que la jeunesse, qui croupit, en grande majorité dans la pauvreté et l’incertitude, choisit de ne pas être exigeante envers ses dirigeants, préférant choisir le manque de transparence à la redevabilité.

Que perdrait la République en recevant les explications du Ministre Boji sur la gestion du budget de l’Etat alors que la grogne sociale s’amplifie dans un contexte où seuls les gouvernants sont gracieusement payés ?

Que reproche-t-on aux parlementaires congolais qui tentent d’élucider les contours de la gouvernance budgétaire durant ces dernières années ?

En tout cas, le débat est vif mais le bon sens rappellerait aux jeunes, aujourd’hui en effervescence que la gestion de la République a des règles et le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ne perdrait rien s’il avait un parlement exigeant capable de l’aider à lutter contre la corruption et les actes de détournement qui gangrènent la vie publique congolaise.

Trésor Wilondja 

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